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Musiques d'inspiration : 

Perfume - Mehro 
Sleep on the floor - The lumineers
Always - Isak Danielson

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Je t'aime de là où je te vois
(John Joos.)

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Un tout petit peu avant de les effleurer, il les avait imaginé, ses lèvres. 
Il les voyait frêles, souples, un peu comme un nuage de barbe à papa, presque capables de se dissoudre au contact trop rêche de sa bouche à lui. 
Douces comme un mirage, un peu chétives, fragiles sans doute. 

Et fraîches aussi.
Sans vraiment savoir pourquoi, il croyait les trouver froides sous son baiser. 
Qu'elles resteraient immobiles, attentives et patientes, une caresse artificielle. 
Il voyait cet instant comme une invitation à sens unique, une folie passagère sans véritable suite, un petit morceau d'intimité volé.
Presque un outrage ou un acte de vandalisme. 
Katsuki pensait, quelque part, que sa peau trop sèche d'avoir pleuré des litres de regrets ne pouvait pas mériter la délicatesse des lèvres d'Izuku, ou alors rien qu'une seconde, le temps d'un clignement de cil tout au plus, un cliquetis de la trotteuse sur l'horloge de la cuisine. 

Tout près de la table basse, au milieu du salon vide et silencieux, encore creux de la journée à peine entamée, la course des minutes, pourtant, vient de s'interrompre. 
Le carrelage, ramollit par les éclaboussures de tendresse qui viennent s'étaler entre les joints, disparait comme la surface instable des sables mouvants, avalant l'instant pour le retenir, le figer.
Et, entre les bras de Katsuki, refermés sur les courbes délicates du bassin d'Izuku, l'étreinte s'adoucit et se resserre en même temps, imprimant la trace de ses mains contre ses reins comme on marque son territoire. 

Ses yeux fermés, à l'instar de sa respiration coupée, il profite de l'arrêt momentané de la ligne du temps pour garder sa bouche posée sur la sienne, écrasant doucement ses lèvres pour mieux les ressentir. 
Elles ne lui paraissent pas si fraîches, finalement. 
A vrai dire, elles chauffent sa peau, comme une coulée de lave tiède dans ses veines, et un frémissement traverse ses os, vibre sous sa poitrine et agite la perception de ses sens. 
Un peu comme s'il se réveillait, ou s'il s'ouvrait à une nouvelle forme d'existence, qu'il découvrait la sensation franche d'être un peu plus vivant. 

Contre sa nuque, les poignets de Deku se referment lentement, s'accrochant à son cou en nouant ses mains entre elles pour maintenir sa propre prise, et l'échange devient réciproque. 
Il ne s'y attendait pas, il ne savait pas qu'il répondrait, qu'il plaquerait davantage sa bouche à la sienne, ni que ses lèvres bougeraient légèrement sur les siennes. 
Il ne croyait pas qu'il percevrait l'étreinte de ses bras contre ses clavicules au delà du clignement de cil, que son buste viendrait se calquer à son torse, ni qu'il lèverai ainsi le menton pour donner plus de profondeur à ce baiser. 

Pourtant, et alors qu'il s'agrippe à ses hanches en pressant ses doigts dans sa peau pour en capter chaque grain, il perçoit le tressautement léger de ses abdominaux, un tressaillement semblable à une supplication, le désir de le garder ainsi contre lui pour encore la moitié d'un millénaire. 
Elles ne sont pas si frêles non plus, ses lèvres, elles ne se dissolvent pas, il peut les sentir de plus en plus fort, et même que leur goût se répand doucement à la commissure des siennes. 
Elles portent avec elles les saveurs salées des larmes échouées là, mélangées avec un soupçon de parfum acidulé et quelques notes de douceur. 

Il ne s'était pas trompé sur un point, elles sont douces. 

Douces comme un battement d'amour.

Quatre ans et six mois. [KatsuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant