.19h22.

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Musiques d'inspiration : 

Welcome to wonderland - Anson Seabra
Underneath your clothes - Shakira

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Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. Si on est un tant soit peu sensible, on est écorché partout et tout le temps. 
(Je ne renie rien - François Sagan.) 

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Soufflant par le nez contre les cheveux emmêlés, Katsuki se pince les lèvres un instant, puis ferme les yeux quelques secondes. 
Faisant le point sur ses pensées, et le mélange chaotique de ses émotions encore perturbées, il passe une première fois sa brosse entre deux mèches d'un geste un peu pâteux, rouvrant ses paupières pour voir ce qu'il fait. 

Deku veut parler de tout, et Katsuki veut bien lui parler de tout en soi, mais il ne sait absolument pas par où commencer, partant du principe qu'il n'a aucune idée de l'état de la mémoire d'Izuku. 

Il devrait sans doute démarrer au début, mais même comme ça, il peine à situer un début. 
Et puisque Deku ne lui dit jamais rien concernant ses souvenirs, faute de réussir à verbaliser le bazar d'informations floues de son cerveau, tout lui parait extraordinairement compliqué. 

Alors, soupirant une nouvelle fois, autant pour la forme que pour transmettre son inconfort, il s'attaque à un nœud immense, s'efforçant de ne pas trop tirer dessus. 

_ Faut qu'tu m'aides un peu Deku. J'sais pas quoi t'dire là comme ça .. 

_ Je crois me souvenir que .. 

Débutant une phrase qu'il interrompt finalement, Izuku prend tout compte fait le temps de rassembler ses paroles avant de parler vraiment. 
Bougeant un peu des épaules, pressant un peu plus le bas de son dos contre le genou de Katsuki, il reste alors silencieux pendant près d'une minute. 

Même sans voir son visage, Katsuki devine d'ici les rouages qui se dessinent à l'intérieur de ses yeux, son cerveau tournant à plein régime et ses sourcils se froncer en quasi permanence. 
Il l'imagine papillonner des cils, promener son regard un peu partout autour de lui à la recherche de mots et d'images un minimum clairs, et tenter de mettre un peu d'ordre à ses idées en vrac. 

Lui laissant le temps de faire le tri sans parler, craignant de le déconcentrer à la moindre parole, Katsuki se contente d'attendre, profitant peut-être un peu de ce répit avant de devoir se lancer dans un récit. 
Passant juste la brosse un peu partout dans les cheveux, cassant les boucles en y plantant les picots, il reste en même temps attentif à sa propre respiration, pour ne pas la laisser s'emballer. 

Tout ça le stresse, pour dire la vérité. 

Il sait que la conversation pourrait avoir vite fait de lui échapper en fonction de ce que lui demandera Deku, et Katsuki va devoir faire preuve d'un tact qu'il n'a pas vraiment. 
Mais il sait aussi, et surtout, qu'il ne pourra pas éternellement fuir la discussion, ni interdire à Izuku de se poser des questions, de vouloir se souvenir, même de ce qui fait mal, même de ce qui fait peur. 

Et c'est drôle parce que, parfois, Katsuki paierait cher pour oublier certaines images.
S'il le pouvait, il effacerait de sa mémoire les moments trop pénibles, l'odeur du sang, les cadavres démembrés, les éclaboussures poisseuses sur sa peau, et les funérailles bien trop précoces de certains de ses anciens camarades. 

Mais, Izuku, à qui les souvenirs font défaut, semble tenir à vouloir tout retrouver, même le pire. 
Sans doute est-ce le prix à payer pour avoir tout le reste, le meilleur et les bons moments. 

Quatre ans et six mois. [KatsuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant