Quatre ans et six mois. [KatsuDeku]

.19h01.

Musiques d'inspiration : 

Breakeven - The script
Riptide - Reprise par Nathan Evans
Somewhere only we know - Keane

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Les blessés de l'âme ne veulent ni haïr ni se soumettre : il veulent juste s'en sortir.
(Je me souviens ... - Boris Cyrulnik.) 

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_ Deku. Faut que j'te parle d'un truc.

Les ongles plantés dans les accoudoirs et la respiration pénible, perturbée par un nœud douloureux en plein milieu du diaphragme, Katsuki voit ses bras trembler dangereusement à mesure qu'il laisse le silence planer. 
A la recherche de ses mots, mais surtout de son courage, il lève lentement le visage vers le plafond, fixant son attention sur la peinture claire comme si les réponses pouvaient y apparaitre. 
La nausée qui le saisit insidieusement vient lui retourner l'estomac, et les muscles de son cou se tendent alors qu'il s'efforce d'avaler sa salive sans s'étouffer avec.

Son propre souffle résonne dans ses oreilles, l'empêchant véritablement de se concentrer, et les pulsations cardiaques qu'il ressent jusqu'au bout de ses doigts agitent l'angoisse sous tous les pores de sa peau. 
Des souvenirs, des images lui reviennent par vagues mais, s'il parvient à se les figurer, mettre des mots et des formules dessus lui parait plus difficile que jamais. 
Verbaliser ses actes, et tenter de les justifier quand bien même il n'a aucune excuse pour son comportement, ressemble aujourd'hui à des aveux criminels, et sa voix se terre tout au fond de sa gorge. 

Il craignait les souvenirs de Deku, mais finalement, devoir les exposer lui même s'avère encore pire, et ses pensées s'emmêlent tellement qu'il commence doucement à s'y perdre lui même. 
Il ne sait pas par où commencer et, même en se concentrant autant qu'il le peut, les conseils d'Eijiro se perdent dans la masse d'idées confuses. 

_ Katchan ? Tout va bien ? 

Fermant les yeux, comme si ça suffisait à le faire disparaitre momentanément, il souffle lentement l'air de ses poumons, comprimé d'anxiété et d'angoisse, avant de mordre l'intérieur de ses joues jusqu'à pouvoir sentir la douleur se répandre à toute sa mâchoire. 
Puis, alors que ses pensées ne sont absolument pas ordonnées, et qu'il n'a toujours aucune idée de ce qu'il va dire en premier, il rabaisse son visage en rouvrant ses paupières, trouvant rapidement le regard inquiet et curieux de Deku. 

Dans son lit, Izuku gesticule un peu des épaules, semblant chercher à ajuster sa posture pour se montrer plus attentif, et incline la tête sur le côté en plissant légèrement le front. 

_ Tu as dit que tu voulais me parler de quelque chose. 

Bougeant dans son fauteuil, Katsuki ne sait plus s'il doit se lever ou rester assis, quel ton de voix il ferait mieux d'adopter, ni même comment articuler les mots. 
Rectifiant plusieurs fois la position de ses jambes, puis celle de ses bras, il perd progressivement le contrôle de sa patience et de ses émotions, finissant par courber le dos en avant en soupirant bruyamment. 
Sentant son cœur battre dans sa gorge, il serre les dents à s'en plier une molaire, avant de plonger ses deux mains dans ses cheveux. 

S'il avait su qu'il serait, plus tard, si pénible d'assumer ce qu'il a été par le passé, il aurait sans doute réfléchi à deux fois avant d'agir comme il l'a fait. 

Enfin, conscient du temps qui continue de s'écouler et de l'atmosphère qui s'alourdit dangereusement, il prend une large inspiration tout en se redressant, plaquant ses épaules contre le dossier de son fauteuil. 
Le regard d'abord fuyant, cherchant pendant quelques secondes la force d'aller affronter celui d'Izuku, il se pince les lèvres en lisant l'affolement dans ses yeux.