.16h32.

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Musiques d'inspiration : 

Lose my mind ( acoustic ) - Dean Lewis
Moving on - Kodaline

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J'ai la tête un peu fêlée, elle était pas assez dure. 
(Quadratures - Alter Karer.)

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Les yeux grands ouverts sur son environnement sombre et étriqué, Izuku avale sa salive en limitant les mouvements de son corps, obéissant sagement aux consignes du médecin pour ne pas perturber le déroulement de son examen. 
Malgré le casque d'isolation sonore, les signaux bruyants et répétitifs de l'IRM atteignent ses tympans, noyant ses oreilles et ses pensées d'informations indéchiffrables. 
Allongé sur le dos dans la grosse machine depuis un peu plus de deux minutes, il fixe le caisson métallique de l'intérieur, une sensation d'oppression dans la poitrine et une angoisse sourde au fond du ventre. 

A l'étroit, limité dans ses gestes et se sentant manquer d'air à chaque nouvelle inspiration, il resserre la prise de sa main sur le petit boitier d'appel, se préparant à presser le bouton d'urgence à tout moment. 
Autour de lui, l'appareillage émet des sons parfois soudains, d'autres fois très aiguës, et il lui faut régulièrement retenir son souffle pour s'empêcher de sursauter à chaque nouvelle agression bruyante. 

La journée d'examen, bien que touchant à sa fin, l'a déjà plus que lessivé, alors qu'il a passé des heures et des heures à se faire balloter d'un service à un autre, reluquer sous tous les angles, manipuler à plusieurs reprises, interroger sur tout et n'importe quoi, et sa capacité à encaisser les émotions s'effrite un peu plus à chaque nouvelle seconde. 
Depuis ce matin, il a enchaîné les médecins, les infirmiers, les kinés, et la fatigue qui s'accumule sur ses épaules le rend progressivement à fleur de peau, hypersensible à tous les stimuli qui le brutalisent. 

Il voudrait pouvoir rentrer à la maison au plus vite, s'enrouler tout au fond d'une couverture et dormir pour les trente six prochaines heures, de préférence entre les bras de Katchan pour y recharger totalement ses batteries. 
Il se blottirait quelque part entre son menton et sa clavicule, en cherchant cette petite zone de confort qu'il affectionne tout particulièrement quand sa joue s'écrase contre son épaule, et fermerait les yeux en inspirant son odeur. 
La respiration de Katsuki bercerait son sommeil, comme dans un landau, et il s'échapperait dans un rêve apaisant et rassurant.  

Couché dans l'IRM anxiogène, il souffle doucement l'air de ses poumons en fermant ses paupières, s'imaginant auprès de Katchan en espérant que les images qu'ils se dessine à son esprit lui permettront de faire passer cet instant plus rapidement. 
Serrant très légèrement la mâchoire pour ne pas fausser les images, il se retient de froncer les sourcils en repensant au baiser échangé de ce matin, revoyant en boucle le moment exact où Katchan à mis sa bouche sur ses lèvres. 

Il ne saurait pas dire si l'instant a duré une seconde ou la moitié d'une vie, alors que le temps semblait ne plus exister, s'évaporer autour d'eux et disparaitre comme un nuage de fumée. 
Sur sa peau, la sensation du contact demeure encore présente, et le pétillement de sa poitrine se ravive instantanément au simple fait d'y repenser, de le revivre dans son esprit. 
Un crépitement surgit en dessous de son cœur, réveille les vibrations entre ses côtes sur son passage, et sa respiration se fait plus lente, moins tendue, bercée par le souvenir de ses lèvres touchant les siennes. 
Et les mains de Katsuki, pressées sur ses hanches. 

Alors qu'il se tenait debout près de la table basse, il jure qu'il se serait immédiatement écroulé une seconde fois sur lui même si Katchan ne le maintenait pas contre lui. 
La nuque raide et les jambes plus flasques que jamais, à deux doigts de le laisser tomber, il en a perdu la notion de sa propre personne l'espace de quelques secondes. 
Un court instant, il ne percevait plus rien d'autre que le corps de Katsuki, rien d'autre que Katsuki, alors qu'il s'oubliait lui-même contre sa bouche en fermant les yeux. 
Puis, pour le garder encore un peu plus longtemps près de lui, il a refermé ses bras à son cou. 

Quatre ans et six mois. [KatsuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant