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Musiques d'inspiration :

All I Want - Kodaline

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J'aime maladroitement peut-être, mais tellement sincèrement
(Anonyme.) 

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Dans le bureau, un ange est passé, il s'est éternisé quelques secondes, flottant au dessus de leurs têtes en répandant un silence tout a fait gênant, et l'ambiance s'est rapidement alourdie. 
La porte refermée, les gonds grinçant presque encore du départ d'Izuku, plus aucun mouvement ne vient froisser l'air, à part peut-être un ou deux clignements de cils prostrés. 
Et encore .. 

Quelque peu sidéré, Katsuki ouvre la bouche sans rien dire, puis la referme juste après, cherchant maladroitement des mots qu'il ne connait pas, perdu sur sa langue sèche et pâteuse à la fois. 
Il ne l'a pas retenu, quand il l'a vu se lever, à vrai dire, il n'a surtout pas su quoi faire face à sa réaction, et le désarroi qu'il distinguait sur son visage le bouleversait un peu trop fort pour qu'il puisse réfléchir. 
Le bilan du médecin tournant encore dans sa tête, il soupire silencieusement en serrant la mâchoire, et son souffle s'entrave dans sa propre poitrine, trébuchant sur son sternum et s'emmêlant dans ses côtes pour s'échapper hasardeusement sous sa peau. 

Il sait qu'il ne peut pas vraiment y faire quelque chose, mais il ressent tout à coup cette culpabilité insidieuse et mordante, le sentiment d'avoir menti à Deku, de lui avoir promis des objectifs inatteignables, une guérison utopique qu'il ne pourra jamais honorer. 
La mission qu'il s'est donné à lui-même apparait subitement irréalisable et, bien plus que les regrets ou la frustration, c'est bien cette culpabilité qui le grignote de l'intérieur. 
Parce que, pour avoir vécu avec Izuku ces dernières semaines, pour l'avoir vu pleurer, trembler, tomber, il sait combien il souffre de sa condition, et à quel point ce compte rendu a pu le percuter de plein fouet. 

En réalité, Katsuki ne craint aucunement le fait de vivre à ses côtés même s'il reste un peu cassé, parfois bancale, ça ne lui fait pas peur du tout, ça ne le rend presque même pas triste. 
Pour être tout à fait honnête, c'est pour Deku qu'il s'inquiète, uniquement pour lui, pour ce qu'il peut ressentir, le poids de la honte qu'il s'impose à lui-même, cette idée stupide selon laquelle il ne vaut plus rien. 
Il ne peut que l'imaginer, sa douleur, mais il est certain de l'effet dévastateur qu'elle a sur lui, à quel point elle le blesse et le brutalise. 

Alors, crispant son dos contre sa chaise, il prend une profonde inspiration en tournant son regard vers Inko, la voyant peu ou prou aussi désemparée que lui, avant de s'éclaircir la voix. 

_ On devrait p't-être aller l'chercher ? 

Parce que Deku ne peut pas aller bien loin, sans les clés de la voiture et avec sa béquille, il ne fuira sûrement pas au-delà de l'hôpital, mais le laisser errer dans les couloirs, son désarroi dans le ventre et potentiellement quelques larmes au visage, le rend tout à fait anxieux. 
Face à lui, Inko demeure immobile un petit instant, le regard tâché d'un affolement à peine dissimulé, et un tremblement nerveux agite tout à coup ses mains quand elle hoche la tête en avalant sa salive. 

_ Sans doute, mais je suis certaine qu'il refusera de revenir ici. Et .. Le docteur a sûrement encore des choses à nous dire. 

Rien que Katsuki ait besoin d'entendre pour prendre une décision, certainement. 
Tout du moins, rien qui ne lui paraisse plus important que d'aller encercler Izuku entre ses bras pour s'assurer qu'il ne pleure pas trop fort, pour le réconforter aussi. 

Quatre ans et six mois. [KatsuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant