.Mercredi 28 mai.

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Musiques d'inspiration : 

It comes back to you - Coldplay
Everybody's changing - Keane

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On ne sait jamais rien de ce qui se noue entre les êtres, eux-mêmes souvent l'ignorent. 
(Falaises - Olivier Adam.)

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_ C'est normal ? 

Prostré à un mètre cinquante du lit médicalisé, Katsuki n'ose même plus bouger, fixant du regard les yeux ouverts mais inertes de Deku.
Sa façon de rester immobile et insensible à ce qu'il se passe dans la pièce, et de cligner des paupières sans autre forme de réaction le rend un tantinet flippant, à vrai dire.
Et les bruits permanents de ses appareillages, ceux que Katsuki ne remarquait même plus, donnent soudain des airs très macabres à cette chambre. 

Entre lui et Inko, un silence pesant s'installe alors qu'elle triture maintenant nerveusement ses mains, semblant chercher un moyen de désamorcer le malaise sans pour autant y parvenir vraiment. 
Puis, en gesticulant un peu sur ses jambes, s'agitant plus par gêne que pas réelle nécessité, elle revient finalement s'assoir près de son fils, prenant sa main amorphe dans la sienne. 
Jetant un bref coup d'oeil à Katsuki, toujours figé comme un plot de chantier, elle se racle la gorge avant de tenter d'ouvrir une discussion. 

_ Tu peux t'approcher si tu veux. Moi aussi ça m'a fait bizarre quand je suis arrivée cette nuit, je comprend ta réaction. Et pour répondre à ta question .. Oui c'est normal, apparemment. 

Chamboulé, et les appuis un peu fébriles, il amorce un premier pas vers l'avant, puis s'arrête immédiatement, prenant à nouveau le temps d'observer de loin ce qu'il voit. 
C'est fou, si Deku n'avait pas les yeux ouverts, il le penserait exactement dans le même état qu'hier. 
Parce qu'il demeure inconscient malgré cet étrange éveil de ses paupières, il donne encore plus l'impression d'être mort comme ça, alors que Katsuki s'attendait à un peu plus de réactivité. 

A vrai dire, sans penser bêtement qu'Izuku serait prêt à faire un cent mètres haies dans deux jours, il croyait tout de même qu'il aurait l'air un minimum plus réveillé que ça. 
Là, il garde la même position qu'avant, semi allongé et en appui sur le matelas et l'oreiller de son lit médicalisé, ses bras restent le long de son corps, et la ventilation artificielle continue d'aider sa poitrine à se soulever. 

_ Le docteur m'a dit, quand je suis arrivée cette nuit, qu'il resterait comme ça encore un petit moment. Il ne peut pas dire exactement combien de temps, mais il faut juste attendre.

Lentement, comme si la rouille envahissait sa nuque, Katsuki tourne son visage vers Inko, cligne trois fois des yeux en la dévisageant, puis pince ses lèvres en baissant la tête. 

Bordel, il ne s'attendait vraiment pas à ça. 

La désillusion le frappe si fort que ses mains en tremblent, et un deuxième nœud s'ajoute au premier dans son estomac, tordant maintenant son ventre d'une violente sensation d'inconfort. 
Sa gorge le démange tout à coup, l'obligeant à s'éclaircir la voix à plusieurs reprises et, alors qu'il se sent maintenant complètement désemparé, il soupire en faisant vibrer sa poitrine avant d'aller chercher la chaise pliante rangée sous la fenêtre. 

Il lui semble que ses chevilles pèsent trois tonnes chacune, raides comme des piliers en béton, pendant qu'il s'avance enfin près du lit, prenant place en face d'Inko. 
S'enfonçant dans le dossier en plastique, il regarde encore le visage complètement neutre de Deku, sans oser essayer de s'approcher davantage. 
Il a pourtant déjà effleuré sa peau plusieurs fois, en remettant ses mèches en place par exemple, ou lorsqu'il prenait ses mains dans les siennes pour entretenir ses ongles. 
Mais aujourd'hui, il a la drôle d'impression qu'il ne doit pas le toucher, un peu comme une peur infondée mais incontrôlable. 

Quatre ans et six mois. [KatsuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant