.14h26.

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Musiques d'inspiration : 

Follow you - Imagine Dragons
Wrecked - Imagine Dragons
Waves - Dean Lewis

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Je ne sais pas où va mon chemin, mais je marche mieux quand ma main serre la tienne.
(Poésies nouvelles - Alfred de Musset)

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Depuis qu'il s'est réveillé de son très long sommeil, alors que l'on pourrait penser qu'il a déjà plus qu'assez dormi, le moindre rebondissement vaguement éprouvant suffit à lui alourdir le crâne d'une fatigue invincible. 

Les stimulations de l'extérieur, le trop plein de couleurs et de mouvements, les petits changements qui entravent ses habitudes, pèsent systématiquement à sa nuque comme l'enclume irrésistible de la léthargie. 
L'agitation pompe son énergie et, son cerveau semblant avoir besoin de beaucoup plus de temps que la normale pour se réadapter à chaque nouveauté, croulant sous le chamboulement récent de son quotidien, Izuku se sent monstrueusement lessivé à l'heure qu'il est. 

Epuisé, il a demandé à Katsuki de bien vouloir l'aider à s'allonger sur son lit et, seul dans la chambre depuis une dizaine de minutes, il fixe le plafond d'un oeil prêt à se fermer d'une seconde à l'autre. 
Sous sa couverture confortable et rassurante, remontée jusqu'en dessous de son menton, il apprécie sincèrement le calme environnant de la pièce presque plongée dans le noir. 
Les volets fermés, ne laissant filtrer que quelques rayons insubordonnés de soleil, le léger éclairage discret berce son corps d'une douceur sécurisante. 

Dans la chaleur réconfortante de son lit, son esprit fatigué fait malgré tout le point sur cette première partie de journée, agitée de nouveautés, de déconvenues, et d'un fou rire auquel il ne s'attendait pas. 
La respiration apaisée, et les bras détendus, il gigote presque imperceptiblement ses jambes sous le draps, fier d'elles alors qu'elles lui ont permis de se tenir debout ce matin. 

Malgré leur faible force, et son incapacité actuelle à s'en servir de manière autonome, il n'en demeure pas moins heureux des progrès qu'il fait, voyant ses muscles progressivement lui obéir. 
Il reste parfaitement conscient de la fragilité de son corps, de son impuissance, et le sentiment d'insuffisance continue de lui pincer la gorge régulièrement.
Mais Izuku préfère finalement, autant qu'il le peut, ne regarder que le positif quand il fait le point. 

D'après Katchan, il a toujours été comme ça. 

A vrai dire, ça lui fait toujours drôle de se dire que Katchan garde plus de souvenir de lui que lui-même, un peu comme s'il ne pouvait plus voir sa vie et sa propre mémoire qu'à travers lui et ses récits. 
La sensation s'avère étrange à chaque fois qu'il y pense mais, en dépit de tout le désarroi que ça peut lui apporter, c'est souvent la gratitude qui prend le dessus sur le reste. 

Ses souvenirs à lui persistent à se montrer flous, recouverts d'un voile plus ou moins opaque de fumée blanche, comme s'il ne pouvait que les observer depuis les coulisses, ébloui par l'éclairage réfléchissant de la scène sur laquelle il ne peut pas encore monter. 
Il a eu une vie, il sait qu'elle est quelque part par là, pas si loin que ça et, même s'il n'en a qu'un accès réduit, ça suffit la plupart du temps à le consoler. 

A force de persévérance, il finira sans doute par la retrouver totalement, cette vie. 

En attendant, il peut compter sur ce soutien si particulier que Katchan lui offre, sa présence familière et rassurante, et sa bienveillance également.
Aussi malhabile soit-elle par moment. 
Izuku ne lui en veut pas pour ses quelques faux pas, ses hésitations et les petits instants de flou qui en découlent. 
Il serait d'extrême mauvaise foi s'il ne voyait pas les efforts qu'il fourni, quand il serre les dents pour allonger sa patience, quand il pince ses lèvres pour peser ses mots avant de parler, ou quand il soupire doucement pour mesurer ses gestes avant d'agir. 

Quatre ans et six mois. [KatsuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant