Quatre ans et six mois. [KatsuDeku]

.19h46.

Musiques d'inspiration : 

All I Want - Kodaline

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L'amour a des dents, et ses morsures ne guérissent jamais.
(Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank - Stephen King.)

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Le poids du silence perché sur ses épaules, comme une paquetage bien trop lourd dans le dos, Katsuki avale nerveusement sa salive en passant entre les portes automatiques de l'hôpital, quittant le hall du bâtiment après des heures passées enfermé à l'intérieur. 
Abandonnant la climatisation et les échos feutrés du lino sous les semelles, il rejoint la chaleur encore étouffante d'une soirée d'été, l'air épais entrant dans ses poumons comme s'il aspirait de l'eau. 
L'odeur des pots d'échappement, celle du caoutchouc chauffé contre l'asphalte aussi, envahit son environnement quand il pose un pied sur la première marche en béton qui borde l'établissement, et l'oxygène trop lourd crispe sa poitrine. 

Le bruissement des pneus en fond sonore, des éclats de conversations intelligibles au loin, bercent ses oreilles sans vraiment les atteindre, lui rappelant que le monde tourne encore malgré tout. 
Le désarroi au visage, une expression de malaise placardée sur les joues, il claque sa langue à son palais en pivotant sur lui-même, les deux pieds sur la dernière marche, pour regarder en arrière. 

La bouche pâteuse, il entrouvre ses lèvres pour chercher des mots, puis les referme en capitulant, choisissant de garder le silence en suivant du regard les déplacements d'Izuku. 
Une main accrochée à la rampe, l'autre solidement en appui sur sa béquille, ce dernier baisse la tête pour surveiller ses propres pas le long de l'escalier, ses cheveux en bataille sur son front, et un pansement dans le creux du coude, témoignant de la perfusion que le médecin vient juste de débrancher pour le laisser partir. 
Sans parler, presque comme s'il voulait dissimuler sa présence, il s'applique à descendre les marches sans s'entraver sur lui-même, les bras légèrement tremblants et les jambes incertaines. 

Dehors, le soleil commence à peine à ouvrir son lit pour se préparer à disparaitre un peu plus tard, mais ses rayons s'étendent encore sur l'horizon, éclairant le bas des immeubles et les capots des voitures. 
La lumière orangée se reflétant sur les vitrines des enseignes, le décor entier se couvre d'une ambiance douce, à l'opposé total de l'atmosphère qui règne entre les deux garçons, et qui vibre de malaise à travers les escaliers en béton de l'hôpital. 
Sans communiquer l'un avec l'autre, ils se suivent jusque sur le parking, les mots en suspens au dessus d'eux sans qu'ils n'en prononcent aucun.
En fait, Deku ne lui a presque pas décroché un mot depuis son malaise, s'enfermant dans un mutisme quasi complet face à lui.  

_ Katchan, attend moi. 

S'arrêtant entre deux voitures, Katsuki se mord l'intérieur des joues en se retournant une nouvelle fois, voyant Deku le suivre de loin et tenter de le rejoindre à son rythme. 
Perdu dans ses idées, il n'a pas remarqué qu'il le semait au milieu du parking, et il détourne le regard de honte en affaissant ses épaules, plongeant ses mains dans ses poches en pinçant ses lèvres. 

Semblant déjà à bout de souffle, piétinant sur sa béquille en serrant les dents, Deku se concentre uniquement sur ses pas à mesure qu'il se rapproche de lui, sentant peut-être qu'il pourrait tomber d'un instant à l'autre, et sa respiration bruyante trahit l'effort qu'il ne pourra bientôt plus fournir. 

_ Attend moi là Deku, j'vais chercher la voiture .. 

Le voir patiner comme ça, il ne tiendra pas une minute de plus. 
Alors, claquant sa langue à son palais, il s'éloigne lentement de quelques pas, cherchant son véhicule du regard au milieu des autres bagnoles. 
Ses clés dans une main, le menton relevé pour distinguer les capots les uns des autres, il soupire lentement l'air de ses poumons en espérant rester calme.