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Lorsque Mathieu ouvrit les yeux, il tomba sur Olivia, appuyée sur table basse, au sol, recroquevillée dans un plaid. Elle le regardait de ses propres traits épuisés et contrariés, leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre. Il se frotta le visage d'une main, chassant l'émotion de la nuit.

« Tu m'aimes encore ? » La voix de la brune n'était qu'un murmure mais elle toucha Mathieu comme un coup de poing.

« Bien sur que je t'aime encore. »

« Tu travailles aujourd'hui ? » Il acquiesça malgré lui. « Quelle heure ? » Il se releva pour regarder sa montre avant de s'effondrer devant l'heure affichée. Il était crevé, démoralisé et en retard. « Vas y avant de te faire engueuler par Antoine. »

Il se leva pour enfiler son sweater et ses chaussures. « Tu viendrais avec moi ? » Elle haussa les épaules et il embrassa doucement sa joue. « Viens avec moi. »

Pour seule réponse, elle se précipita dans la chambre pour enfiler une tenue confortable. Elle attacha ses cheveux dans un chignon décoiffé avant de le rejoindre en trottinant dans l'entrée. Ils filèrent en vitesse dans les rues parisiennes, Mathieu les deux mains sur le volant et Olivia scotchée à son portable, racontant toute sa soirée à sa meilleure amie.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

« J'écris à Mae...sur ce qu'il s'est passé entre nous...comment je me sens. »

« Et comment tu te sens ? » Elle essuya son écran de téléphone à la recherche d'une quelconque distraction.

« Mal. » Elle ria à contre cœur, tentant de dédramatiser son mal être. « J'suis effrayée de te perdre. »

Il ignora son désespoir et se gara. Malgré son silence, il l'attendit tandis qu'elle descendait maladroitement de la voiture. Il la guida à l'intérieur, complètement à son aise alors qu'elle semblait marcher sur des œufs.

Un homme les accompagna dans une salle. Olivia prit place sur une chaise en arrière et Mathieu, lui, s'installa autour de la table pour une énième émission radio. Les questions défilèrent. La tête du blond n'était pas sur le plateau et ses bafouillages en furent la preuve. Il rougissait et transpirait, son sourire ne faisant figure que pour s'excuser de ses difficultés à s'exprimer. A la fin, il salua rapidement tout le monde pour se faufiler dans les loges.

Lorsque Olivia le rejoignit, il se soutenait contre une table. Son t-shirt collait à sa peau et ses tempes étaient trempées. Elle ne l'avait jamais vu dans cette torpeur.

« Mat. » Elle ferma la porte le plus lentement possible comme si un seul claquement allait l'effrayer. « Qu'est-ce qu'il se passe ? »

« Rien. » Il souffla, serrant ses poings. « Il faut que j'appelle Flav pour m'excuser. »

« Tu peux faire ça dans quelques minutes, d'accord ? » Elle s'approcha, posa sa main tendrement contre son dos moite. « Regarde moi. »

Il ne l'écouta pas, les yeux fermés, il continuait d'enfoncer ses ongles dans ses paumes. « C'est trop de pression. » Il secouait la tête, le souffle court. « Tout ça. J'dois tout gérer et j'en peux plus. »

« Laisse-moi être ton oasis, alors. » Elle appuya son front contre son biceps.

« Ne promets pas encore une fois un truc que tu peux pas tenir. »

« Bébé. » Elle passa sous son bras pour se trouver contre son torse. Elle l'enlaça tandis qu'il luttait pour ne pas y répondre. « S'il te plaît, est-ce que tu veux bien réfléchir à tout ce qu'on a vécu, tout ce qu'on a fait l'un pour l'autre. C'est pour une raison. Tout est arrivé pour une raison. » Elle grimpa sur la table pour être à sa hauteur et essuya ses tempes. Elle s'attarda sur sa mâchoire contractée et ses lèvres plissées. « Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. » Elle susurrait à son oreille inlassablement. « Laisse-moi t'emmener quelque part. »

Il secoua négativement la tête, tentant à la fois de refuser et de chasser ses émotions. « J'ai plein de trucs à faire. J'dois aller au studio régler quelques trucs. »

Elle attrapa son visage en coupe et il ne put que se noyer dans son regard. « Dans cet état là ? » Il haussa les épaules tout en s'effondrant contre elle. « Allez. » Ses lèvres papillonnèrent contre ses tempes. « J'veux te montrer quelque chose. »

Finalement, il accepta et Olivia n'attendit pas qu'il hésite encore une fois pour se précipiter vers la voiture. Il refusa de la laisser conduire et elle dut donner des directions tandis qu'il râlait dès qu'elle tardait un peu, hésitant tant elle n'avait plus fait ce chemin depuis des années. Elle frappa son bras frénétiquement pour qu'il se gare. Il coupa le contact tout en regardant les environs, confus. Ils s'étaient arrêtés dans un quartier pavillonnaire. Le genre de maisons avec jardin dont Mathieu avait rêvé pendant toute son enfance. Olivia s'était redressée, un air froncé sur son visage pendant qu'elle retenait ses souvenirs.

« On est où ? »

« Il a repeint les volets. » Elle pointait des doigts une petite édifice ornée de fleurs. Elle avait eu l'habitude de les planter tous les ans tandis qu'on lui disait être la plus belle d'entre elles. « Mon père vit encore ici. C'est là où j'ai grandi. » La nostalgie laissa place à l'excitation en voyant à travers la fenêtre ses anciens rideaux. « Regarde c'était ma chambre là ! »

Une voiture se gara dans l'allée de la maison. Un homme âgé en sorti, un sac de courses dans une main et ses clés dans l'autre. Olivia se baissa, livide comme si elle venait de voir un fantôme. Mathieu resta immobile, le regardant ouvrir sa porte pour être accueilli par la solitude. Il referma la porte derrière lui et la brune se redressa.

« J'ai jamais montré mon ancienne maison avant. » Elle se pinça les lèvres. « J'suis déjà venue ici, plusieurs fois, toute seule. J'ai hésité à frapper. »

« Qu'est-ce qui te retient ? » Elle haussa les épaules. « T'as rien à perdre. »

« Ça serait trahir mon frère, tu crois pas ? »

« Et lui, t'as trahie pendant des années. » Il joua avec ses pointes brunes. « Tu devrais au moins y réfléchir. »

Elle acquiesça tout en se pinçant les lèvres pour retenir ses propres sanglots. Elle inspira lentement pour faire fuir le nœud au fond de sa gorge. Elle arriva enfin à reprendre ses esprits malgré le silence pesant dans l'habitacle. Elle se retourna vers Mathieu qui semblait obnubilé par la poussière de son tableau de bord. Il était cerné, presque livide. La culpabilité rongea son cœur tandis qu'il fermait les yeux pour fuir un instant.

« Mathieu ? » Un raclement de gorge lui montra qu'il l'écoutait. « Ça va ? »

« J'dois aller bosser. »

« Mathieu, s'il te plaît. » Il démarra la voiture. « Mais attends... »

«...Plus tard, Liv. »

Elle balbutia quelques mots avant de se refermer sur elle-même, serrant de toutes ses forces sa veste contre elle. Il déposa Olivia devant chez elle sans attendre qu'elle n'arrive à la porte. Elle s'enferma dans son appartement avant d'éclater en sanglot, s'effondrant sur le sol.

Mathieu se dirigea vers la salle de boxe. Le besoin de se défouler devant si immense que des larmes de frustration et de rage coulaient sur ses joues.

Malivia [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant