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Allongé sur le lit, Mathieu fixa le plafond tâché de l'appartement. Malgré la fatigue et l'heure tardive, il n'arrivait pas à dormir. Il tourna la tête vers la droite pour regarder Olivia, endormie. Elle semblait calme, enveloppant sa nudité par un seul draps. Il pouvait percevoir ses formes grâce à la lumière de la lune. Il préféra s'abstenir de la toucher pour ne pas la réveiller. Néanmoins son besoin de bouger fut gagnant et il se leva, enfila un caleçon et attrapa ses cigarettes. Il n'y avait pas de balcon chez elle alors il dut aller dans la cuisine pour ouvrir la fenêtre et fumer. Les bras posés contre le rebord, il profita de l'air frais. Un demi sourire éclaira son visage lorsqu'il remarqua une morsure sur son épaule. Celui-ci s'effaça rapidement à la vue du téléphone d'Olivia en train de charger. Malgré lui et ses bonnes résolutions, il l'attrapa. Elle avait encore des appels manqués.

Le cœur battant, son pouce resta en l'air au dessus de l'écran. Il hésita pendant de longues secondes comme si un non retour l'effrayait pour la première fois. Il murmura une traînée d'injures. Finalement, ses doigts décidèrent à sa place. Il colla le téléphone à son oreille. Il ne fallut que quelques sonneries avant que la personne ne réponde.

« Tiens, Olive, enfin tu rappelles ! »

Mathieu ne prit pas la peine de répondre, il raccrocha de fureur. La voix masculine inconnue le rendit fou. Il claqua le portable contre le plan de travail avant de chercher ses vêtements encore éparpillés de la veille. Le boucan réveilla Olivia dans un sursaut.

« Qu'est-ce que tu fais ? » Elle se leva tout en s'enroulant maladroitement dans les draps. « Mat ? » Elle posa sa main sur son épaule, inquiète, mais il la repoussa. « Où est-ce que tu vas ? »

« C'est mieux que je dise rien. » Son ton était sec mais teinté d'une tristesse qu'Olivia n'avait jamais entendu.

« Mathieu. » Elle bloqua la porte d'entrée. « Parle-moi. »

« J'ai appelé le numéro. »

Olivia baissa le regard. « J'croyais que tu me faisais confiance. »

Il ria jaune, fourrageant ses cheveux tout en faisant les cent pas. Il n'arrivait pas à croire qu'elle parlait de confiance alors que c'était elle qui était en train de le trahir. Olivia, elle, resta immobile, le regardant comme s'il était un lion en cage. Et elle savait qu'il n'allait faire qu'une bouchée d'elle. Pourtant, elle n'avait fait que lui dire la vérité et, s'il avait demandé son portable, elle n'aurait jamais refusé.

« Tu me donnes aucune raison de te faire confiance. » C'était suffisant pour que la brune sente ses larmes monter. « Et puis après, tu vas me dire que c'est pas ce que je crois ? Puis tu vas me demander une seconde chance ? Crois-moi, j'connais déjà ça. J'savais dans quoi je m'engageais mais j'ai voulu y croire. J'ai voulu croire en toi, en nous ! »

« Rappelle le numéro. »

« Pourquoi ? »

« Ce numéro... cette personne m'appelle depuis des mois, depuis la mort de mon frère. Je n'ai jamais rien demandé. » Elle attrapa son téléphone pour lui tendre, le secouant vigoureusement devant son nez. « Alors appelle le ! » Il secoua la tête, refusant de le prendre mais aussi de l'entendre. « Même... même hier soir, en allant à ton émission, j'avais l'impression d'être suivi. J'ai même couru tellement j'avais peur. » Il voulait l'interrompre, ne plus entendre ses excuses mais elle continua. « Tu crois pas que si je voulais te tromper, je le ferai plus discrètement ? Ne sois pas stupide. » Elle le poussa faiblement, ses joues trempées de larmes. « M'abandonne pas, crois moi. Appelle le numéro, prend mon téléphone...fais tout ce que tu veux mais me lâche pas comme ça. »

Elle n'était pas loin de s'effondrer, la peur de voir son ancrage disparaître l'anéantissant au plus profond. Il ferma les yeux au moment où elle s'accrochait à ses bras. Il avait envie de fuir, d'oublier tous ses sentiments bons comme mauvais. Néanmoins, le poids de la brune contre lui, son désespoir le fit douter, douter de lui-même et de ses propres croyances. Olivia lui avait montré maintes et maintes fois ses différences. C'était à lui de changer.

« J'aurai pas dû regarder ton téléphone. » Il souffla. « Mais je m'inquiète...j'ai peur que... »

« J'ferai jamais ça. » Elle embrassa sa mâchoire, trop petite pour joindre ses lèvres. « Je t'aime, Mathieu. »

Il ne put s'empêcher de penser que Claire avait eu les mêmes mots. Néanmoins, Olivia ne le laissa pas réfléchir plus longtemps. Elle déverrouilla son téléphone sous ses yeux et bloqua le numéro. Puis, elle supprima tout son historique d'appels, ne laissant aucune trace de cet inconnu. Mathieu sentit sa cage thoracique trembler dans des soubresauts.

« Tout est effacé. Il ne pourra plus m'appeler. »

Il hocha la tête, soudainement incapable de sortir un son. Olivia l'accompagna jusqu'au lit et le poussa pour le forcer à s'asseoir, il tomba comme une masse contre le matelas. Les avants bras contre ses cuisses, il préféra regarder le sol plutôt que la petite brune emmanchée dans un draps transparent. Elle déposa doucement ses mains autour de sa tête blonde.

« Ne te ferme pas. » Elle leva sa tête pour embrasser son front, ses paupières fermées puis ses lèvres. Les flashbacks semblaient ne pas vouloir s'arrêter. Il revoyait Claire se justifier, crier, pleurer tandis que son cœur se brisait pour son premier amour. « J'ferai jamais rien consciemment pour te blesser. Encore moins te tromper. » Ses doigts glissèrent contre ses cernes pour essuyer les quelques larmes qui s'étaient échappées. Elle lui retira son t-shirt. Il resta lasse comme si chaque cellules de son corps étaient devenus insoutenables. « Allez, bébé. Fais-moi confiance. » Elle embrassa ses épaules, restant longuement sur la morsure qu'elle avait faite il y a encore quelques heures.

« Je finis toujours déçu. » Il se laissa tomber en arrière et se cacha le visage de ses bras.

« Pas cette fois. » Olivia prit place à ses côtés, assise en tailleur, ses doigts dessinèrent des arabesques sur son torse. « Nous deux, c'est différent. » Elle monta sur lui, manquant de chuter avec le draps. Elle ne sut en tirer un rire du blond qui pourtant aurait adoré cette scène en autre occasion. « Allez, montre-toi. » Elle attrapa ses bras pour dévoiler un visage prit de douleur. « T'es beaucoup trop beau pour cette mine renfrognée. »

« Dis pas de la merde. » Il se pinça les lèvres pour retenir son sourire de se montrer. Elle leva les yeux au ciel tout en enfonçant ses index contres ses fossettes. « T'es relou. »

Elle se pencha contre lui et pouffa dans son oreille, une main retenant le linge et l'autre contre sa gorge. « T'es pas trop en position pour être désagréable. » Ce fut à son tour de ricaner tandis qu'elle attaquait son cou de morsure. D'un seul mouvement, elle se retrouva sous lui.

« T'as pas intérêt à me faire des suçons, j'ai une tonne d'interviews. » Elle mordit sa lèvre pour se retenir de rire. « J'ai déjà des traces de ton côté cannibale. » Elle frappa son épaule, lâchant le draps une seconde, ce qui fut suffisant pour Mathieu pour l'ouvrir complètement. Il souriait pleinement pendant qu'elle rougissait. « La prochaine fois qu'on se dispute, hésite pas à rester nue. »

« Promets-moi qu'on se disputera plus à ce sujet. » Il reprit instantanément son sérieux. « J'te fais confiance, alors fais de même. J'ai jamais voulu être harcelée d'appel par un inconnu. »

« Mais c'est réglé, de toute manière. »

Elle hocha la tête, non convaincue, mais ne voulant pas partir sur une nouvelle dispute. Et comme pour clôturer cette discussion sans fin, il l'embrassa langoureusement puis ne perdit pas de temps pour attaquer sa poitrine de baisers avides. Imprégné par son parfum et sa peau, il n'entendit pas le portable d'Olivia sonner.

Ce n'était pas un appel mais un message.

Joue pas à ça Olive sinon la prochaine balle sera dans ta tête...ou celle de ton mec

T'as 24h pour donner signe de vie

Malivia [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant