Malivia [PLK]

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« On prend une cuite ? »

Maeva gigotait les bouteilles devant les yeux d'Olivia qui se camouflait dans un plaid. Elle hocha seulement la tête et son amie servit une rangée de shooters. C'était pas leur première soirée à boire pour oublier. Et, même si ce n'était pas la solution de rêve, vomir ses tripes avaient au moins permis à la brune de ressentir une autre douleur que son deuil.

« T'as des nouvelles de lui ? » Elle secoua la tête. « Il parait qu'il passe son temps au studio ou en séminaire. Norvan ne l'a pas vu depuis des semaines...ce qui l'arrange parce qu'il n'a pas besoin de lui mentir sur ta localisation. » Elle lui fit un clin d'œil mais elle resta de marbre.

« Tu veux bien faire un truc pour moi ? » Elle se pinça les lèvres, prête à regretter. « Tu veux me couper les cheveux ? »

« Quoi ? Non hors de question ! Tes cheveux sont trop beaux ! Tu vas pas les couper pour un connard décoloré ? »

« J'le fais pas pour lui. » Olivia prit son cinquième shooter et Maeva lui retira la bouteille, un air dur sur le visage. Certes, c'était thérapeutique, mais un coma éthylique était un peu trop extrême.« Quand Alessio...Quand je suis arrivée, Alessio était au sol, il y avait du sang partout. Il avait encore les yeux ouverts et je croyais qu'il respirait encore. J'me suis penchée pour sentir son souffle. » Elle ferma les yeux, se retrouvant dans l'instant penché sur le corps de son grand frère. « C'est fou comment des cheveux peuvent absorber du sang. »

« Ok, ok, c'est bon. » Elle souffla, attrapant des élastiques et une paire de ciseaux scolaire. « Tu fais chier putain, si je te rate, tant pis pour toi. On prendra la tondeuse à No. »

Cette fois, le rire de la brune fut sincère. Maeva s'installa derrière elle sur le canapé. Du bout des doigts, elle fit trois tresses. De sa main tremblante, elle attrapa la première. Olivia ferma les yeux, la sensation de légèreté lorsqu'elle commença fut si immense que sa cage thoracique se développa dans un soubresaut. Elle reprenait enfin son souffle depuis la disparition de son frère. Maeva lui tendit la première mèche et elle joua avec. Ils étaient si long et si doux. Pourtant aucun regret ne traversa son esprit, seul la paix faisait battre son cœur. Les deux autres tresses suivirent rapidement. Les pointes de ses cheveux glissèrent sur ses épaules lorsqu'elle se leva pour se trouver en face du miroir.

« Merci Maeva, c'est parfait. »

« Il faut qu'on réajuste un peu mais tu es superbe. » Olivia s'approcha de sa nouvelle amie pour l'enlacer mais son visage se déforma dans une grimace au moment où son téléphone sonna. «Oh putain c'est Lisko. »

« Réponds ! » Olivia s'inquiéta immédiatement, la peur qu'il soit arrivé quelque chose à Mathieu traversa son esprit.

« T'es sûre ? »

Elle hocha la tête, prête à prendre son portable et à répondre à sa place s'il le fallait.  Maeva accepta l'appel et fut forcée par la brune de mettre le haut parleur. Le cœur battant la chamade, elle se colla à son amie pour soutien. Il ne lui fallut qu'un mot pour comprendre que ce n'était pas Lisko mais Mathieu qui appelait. Elle serra les poings pour retenir ses doigts de trembler.

« Pourquoi t'appelles ? » Elle perdait déjà patience, Olivia pouvait le sentir.

« Comment va Olivia ? Dis-moi juste...dis-moi juste comment elle va. J'veux rien de plus. J'sais qu'elle veut pas m'entendre ou me voir mais j'ai besoin de savoir. »

Olivia leva le pouce pour lui dire qu'elle allait bien. Maeva haussa les sourcils, couper ses cheveux subitement n'avait rien d'un comportement équilibré. Néanmoins, elle céda. « Elle va bien. Tout va bien. »

« Dis-lui que j'suis désolé. J'ai pas assuré. J'aurai dû... » Elle l'entendit souffler contre le microphone. « J'aurai dû être là. »

« T'aurai dû, exact. T'as carrément merdé. »

« Elle est là ? » Un éclair de panique traversa les yeux de la brune.

« Polak... »

« Dis-moi juste qu'elle est avec toi, que tu prendras s... »

Olivia avait raccroché. Les mains tremblantes, elle jeta le téléphone sur le canapé, loin d'elles. Elle attrapa la bouteille de vodka pour y boire directement.

« Quel connard putain ! »

« Arrête, Mae, dis pas n'importe quoi. Il voulait juste prendre de mes nouvelles. » Elle secoua la tête, s'énervant elle-même de le défendre, quoi qu'il arrive. « Il avait l'air tellement triste. »

« Il va bien, c'est bon t'inquiète. »

L'entrée de Norvan empêcha la brune de rétorquer plus. Il embrassa le front de sa petite amie si amoureusement qu'Olivia préféra regarder le bout de ses chaussettes. Elle n'avait pas remarqué qu'elles étaient dépareillées depuis ce matin. Il abandonna finalement ses tendresses pour la regarder, du moins, évaluer sa coupe de cheveux.

« Je rêve où toute à l'heure t'avais encore ta tignasse ? »

« Elle m'a demandée de lui couper. On va retoucher un peu et ça sera parfait ! » Il allait faire un commentaire déplacé mais Maeva lui fit les gros yeux. Il était hors de question qu'il la mette mal à l'aise. « Ça lui va bien, hein ? » Il hocha seulement la tête et Olivia aurait aimé pouvoir disparaître. « T'as besoin d'un truc bébé ? »

« Euh ouais... J'aimerais inviter les gars à la maison... et du coup Polak... j'aimerais qu'il vienne mais j'veux pas que ça te gêne Olivia. »

« T'es chez toi, tu invites qui tu veux. »

« Ouais mais j'veux que tu te sentes chez toi ici aussi. » A ses mots Maeva embrassa sa joue. Ils étaient si attachants. C'est tout ce dont elle rêvait, elle aussi. Une vie riche d'amour et de tendresse.

« Vous avez suffisamment fait d'effort pour moi. C'est bon, aucun soucis. Ça ne me gêne pas. »

Il hocha la tête, souriant comme un enfant tandis que Maeva se moquait gentiment de lui. Cela faisait deux mois qu'elle vivait enfermée chez eux. Et ce soir là, elle réalisa qu'il était temps de vivre seule et de reprendre sa vie loin d'ici, de tous ses souvenirs douloureux, de tous ses drames. Il était temps de tourner la page.

Elle attrapa son téléphone pour rechercher des appartement sur internet. Elle hésita un instant sur la ville... Où allait elle partir ?

« Tu fais quoi ? »

« J'ai envie de commencer à vivre. »