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Mathieu avait passé son après-midi collé les fesses contre le capot de Moctar, fumant cigarettes sur cigarettes. Toutefois, il avait beau scruté le quartier aucun homme ne ressemblait à la brune qu'il avait rencontré l'autre jour. Il avait essayé d'enquêter auprès de ses anciens collègues mais ses recherches étaient restées infructueuses, n'ayant même pas un début de prénom pour l'aider.

Le blond lâcha un juron alors qu'il se débattait avec la roulette de son briquet. Prêt à demander à un gars un feu, il leva la tête pour tomber sur une voiture se garant maladroitement à côté de lui. Il ne put retenir ses yeux de lever au ciel mais se retint de se moquer lorsqu'il vit la jeune femme sortir en trombe.


« C'est une blague. » Il se murmura à lui-même mais Moctar, suivant son ami, le questionna du regard. « C'est la meuf qui s'est pris la tête avec Claire. »

Olivia fonça en direction d'une bande de jeunes, les poings serrés. « Qu'est-ce qu'elle fout ? » Ils se levèrent pour observer la scène. « Me dit pas qu'elle va vers eux, elle va se faire démonter. »


Sans réfléchir, Mathieu la suivit à grandes enjambées et alors qu'elle s'apprêtait à parler, il attrapa son bras pour l'embarquer derrière le bâtiment. Olivia essaya de lutter mais son emprise et les regards pesants la firent céder. Néanmoins, lorsqu'ils furent que deux, elle se libéra, le regard noir fusillant le jeune homme.


« Tu déconnes là ? »

« C'est à moi que tu dis ça ? » Il ria jaune tandis que ses doigts fourrageaient ses cheveux d'agacement. « T'aurais pu te faire déglinguer la tronche ! C'est quoi ton problème ? » Il la pointa de son index, les dents serrés. « Et comment tu connais Claire hein ? Tu fous quoi ici ? »

Olivia tenta d'affronter son regard noir mais ce fut de courte durée. Elle put sentir son cœur s'emballer. « Je cherche mon frère, Alessio. Je ne veux pas qu'il traîne... » Elle grimaça. «Ici. Je suis juste là pour ma famille. »

« Et Claire ? »

« Ta petite amie lui a donné les contacts. »


Mathieu voulut corriger la brune mais ils furent interrompu par un groupe d'hommes passant. Affolé qu'elle soit aperçue, il s'approcha d'elle subitement pour la plaquer contre le mur, une main sur sa bouche pour ne pas qu'elle crie tandis que l'autre empêchait sa tête de cogner contre le crépit. Il ferma les yeux fortement pendant qu'elle les gardait grand ouvert de surprise, fixant son torse se projeter contre elle à chaque inspiration. Le temps sembla s'arrêter un instant avant qu'il ne la relâche.


« Désolé. » Il recula d'un pas seulement et Olivia manqua d'air, les joues rougies, démêlant ses cheveux longs encore bloqués dans la barbe du blond « Tu peux pas être vu ici. »

« Pourquoi ? »

« S'ils font le lien entre toi et ton frère, ils vont l'utiliser contre lui, contre toi. » Il secoua la tête. « Rentre chez toi. Ne prend pas plus de risque pour rien. Tu sais pas dans quoi tu vas tomber. »

« J'peux pas. » Elle se mordit la lèvre, tentant de garder ses émotions à l'intérieur. « Mais merci. »


Elle lui fit un demi-sourire avant de le contourner pour retourner à sa voiture. Il ne put s'empêcher de la raccompagner jusqu'à celle-ci pour s'assurer qu'elle ne ferait pas un arrêt sur le terrain. Néanmoins, tandis qu'elle attrapait la poignée de sa voiture, elle fut retenue encore une fois.


« Tu fais quoi ici toi ? » Mathieu s'approcha par derrière, ressentant la tension émaner des deux. La brune releva les yeux pour tomber sur son frère, une mine enragée placardée sur son visage, le poing contre la carrosserie.

« Je venais te chercher. »

Alessio était prêt à lui crier dessus, l'injurier de sa bêtise mais le blond s'interposa entre eux en ouvrant la portière. « Rentre dans ta voiture. »

Toutefois, ce ne fut pas du goût du jeune homme qui s'approcha de lui. « Et t'es qui pour lui donner des ordres ? »

« Je te déconseille de foutre le bordel ici, t'es personne. » Malgré son calme, le regard de Mathieu fut suffisant. Alessio souffla, l'insultant au passage avant de partir.


Olivia espéra qu'il partirait aussi pour la laisser pleurer sur le retour. Mais il retenait encore la portière de la voiture. Il la jaugea un instant tandis qu'elle prétendait régler son GPS sur son téléphone, attendant qu'il daigne s'éloigner. Il hésita un instant à l'aider, sachant que les retombées pourraient être plus importantes que ce qu'il ne pouvait endurer maintenant. Toutefois, lorsqu'il la vit se pincer les lèvres, retenant un sanglot dans sa cage thoracique, il ne put qu'attraper son portable et y ajouter son numéro.


« Si t'as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi. »

« Merci. » Elle sourit timidement, fixant ses mains. « Mais ça ira. »

« Comme tu veux. » Il haussa les épaules nonchalamment. « Mais tu l'auras au moins. » Il lui redonna son téléphone et la laissa s'éloigner.


Le cœur lourd, il rejoignit Moctar, toujours assis sur le capot de sa voiture. Mathieu sortit de sa sacoche de quoi effriter, un mal de tête apparaissait et il avait besoin de l'apaiser avant qu'il ne puisse plus réfléchir. Son ami l'ignora un instant, un air inquiet flottant dans ses pupilles. Lorsque des cris se firent entendre à l'autre bout du terrain, le blond manqua de faire tomber sa consommation, les maudissant.


« C'est quoi ce bordel encore ? »

« Ton nouveau pote va s'en prendre une. » Moctar haussa les épaules, plus étonné par ce genre de scènes. « Il a quitté son poste et a foutu le Dawa avec sa sœur. »


Étrangement, Mathieu sentit son ventre se tordre tandis que le rassemblement s'agitait de plus en plus. Il n'avait jamais été sensible à la violence, l'ayant connu depuis jeune. Il avait été un acteur principale de celle-ci. Pourtant, pendant que ses anciens collègues s'attroupaient autour d'Alessio, il n'arrivait à voir que les yeux larmoyants de la jeune brune.


« Il va prendre cher putain. »


Mathieu serra les poings, tentant de retenir son envie d'intervenir. Il préféra fixer son joint roulant entre ses doigts alors que Moctar ne pouvait quitter des yeux l'accrochage. Toutefois, lorsqu'il entendit un bruit sourd, son sursaut le força à regarder. Il put alors voir le crâne d'Alessio s'enfoncer contre le bitume au moment où la foule se dispersait.


« Ça a été rapide ! »

« Ferme-la Moctar sérieux. »


Mathieu jeta sa roulé avant de rejoindre le plus calmement possible Alessio, toujours au sol. Il l'examina de loin, ne voulant pas attirer plus l'attention. La moitié de son visage était en sang et il ne put retenir une grimace de dégoût. Il avait toujours préféré être le persécuteur plutôt que le témoin.


« Lève-toi. » Sa voix fut plus faible que prévu et il dut racler sa gorge. « Alessio, lève-toi. Je te ramène chez toi. »

Malivia [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant