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Quelques jours après...

Mathieu tournait en rond dans le lit auprès d'Olivia. Elle avait fini par s'endormir, épuisée par ses sanglots. Lui, était incapable de fermer les paupières plus de quelques secondes sans voir le cercueil s'enfoncer dans un trou sans fin tandis que la brune s'effondrait en même temps. Il avait tenu bon, serrant la mâchoire pour retenir son menton de trembler d'horreur. Sauf que là, la nuit tombante et le silence plein le rendaient fou.

Toutefois, il regretta rapidement son mal-être solitaire quand Olivia, pourtant endormie, commença à pleurer et serrer si fort les draps que ses poings devenaient blancs. Mathieu ne sut voir que les mains d'Alessio croisées sur son torse rigide.


« Hey, Olivia. » Du bout des doigts, il libéra son visage de ses cheveux. « Liv, réveille-toi. » Il la secoua fermement, ne supportant plus ses cris. Elle ouvrit les yeux si grands qu'il peut y voir toute la frayeur. « Tout va bien. Regarde-moi tout va bien. »


Il la serra dans ses bras et cette fois, malgré la mâchoire fermée, il ne put retenir ses propres larmes de tremper ses cheveux bruns. La culpabilité rongeant son cœur.


Le lendemain, Mathieu se retrouvait dans son lit mais cette fois, il était immobile, fixant la brune de peur qu'il ne soit pas prêt à apaiser ses cauchemars. Ses paupières étaient gonflées d'avoir pleuré toute la journée mais pourtant, il la trouvait toujours aussi belle. Néanmoins, son admiration fut de courte durée. Ses sourcils se froncèrent tandis qu'elle cherchait sa main. Il attrapa la sienne, entrelaçant leur doigts tout en embrassant inlassablement son visage. Ce ne fut pas suffisant, Olivia se réveilla en sursaut.

Cette fois, Mathieu resta impassible, ses pensées tourbillonnant tellement dans sa tête qu'il ne remarqua pas son apaisement dès lors qu'il l'avait enlacée.


La nuit suivante, le blond avait tout fait pour ne pas la rejoindre. Il ne supportait plus cette situation, les pleurs et la tristesse de la brune mais surtout son incapacité à arranger les choses. Il savait que ça allait arriver. C'était toujours comme ça quand on ne payait pas ses dettes. Pourtant, il s'était juste enfui, ne prenant pas en compte la destruction massive qui se préparait.

Alors, il pianotait sur son ordinateur tandis qu'Olivia dormait dans la mezzanine. Au moment où elle s'agita, il ferma les yeux, espérant rêver, espérant qu'elle se calme sans sa présence. Toutefois, rien n'y faisait, ses larmes se transformèrent en sanglots si douloureux que le ventre de Mathieu se contracta. Il lui fallut plusieurs minutes pour se lever et la rejoindre.


La semaine fut éprouvante l'un pour l'autre, tant bien que le blond n'avait pas fermé les yeux depuis plusieurs jours et qu'Olivia ne sortait plus du lit. Il sortit sur la terrasse, sa chambre devenant la pièce à bannir. Il s'alluma une roulée, espérant qu'elle lui emmènerait un peu d'apaisement. Néanmoins, le calme ne dura pas, la porte s'ouvrant sur son père.


« Salut. » Mathieu hocha seulement la tête, espérant qu'il comprendrait son besoin de solitude. C'était mal connaître son paternel qui s'alluma une cigarette tout en se penchant pour voir le quartier. « Ça va ? »

« Ouais, ça va.»

« Elle est qui, pour toi, cette fille ? » Il resta silencieux, n'ayant lui-même plus la réponse. « Tu s... »

« M'en veux pas, mais j'ai aucune envie d'avoir cette conversation avec toi. »

« Il va falloir qu'on l'ait puisqu'elle habite sous mon toit. »

« Sous ton toit ? » Mathieu ricana, réajustant ses cheveux pour calmer sa frustration. « Je paye le loyer, c'est plutôt toi qui... » Il souffla, ne terminant pas sa phrase. « Elle a besoin de moi, ok ? »

« Écoute, elle doit partir. Ta grand-mère a besoin d'un endroit calme. » Il avait touché sa corde sensible. « Elle part demain. Compris ? » Il voulut lui répondre qu'il fallait plus de temps mais Olivia sortit, les joues noyées de larmes, emmitouflée dans un pull de Mathieu. Son père attrapa la porte pour rentrer. « Demain. »


Mathieu l'ignora et attrapa la main de la brune pour la guider sur ses genoux. Elle s'y installa sans hésitation, se nichant dans le creux de son cou. Il caressa tendrement ses cheveux et elle reprit suffisamment constance pour s'éloigner et le regarder. Elle embrassa ses lèvres si lentement qu'il sentit ses émotions le submerger. Il était incapable d'y répondre.


« Mat ? » Seul un murmure sortit de sa bouche. « J'suis désolée...d'être aussi...j'sais pas ce que je ferai sans...»

«...t'inquiète. C'est bon. »

« Tu viens dormir ? » Elle retraça ses traits fatigués. « T'as l'air épuisé. »

« Non, j'ai des trucs à faire, ça va. »


Olivia put sentir la tension émaner du blond mais préféra l'ignorer, ne se sentant pas prête à faire face à une dispute. Elle embrassa sa joue puis l'abandonna à ses pensées.


La soirée suivante, Mathieu insista pour aller au studio avec elle. Il avait parlé d'une soirée et l'occasion de s'aérer. En réalité, il n'avait pas eu le courage de la renvoyer chez elle. Alors, tandis qu'il voulait se retrouver seul, il avait invité ses amis pour se rejoindre et boire quelques verres.

Olivia avait fait l'effort de se doucher et de s'habiller de ses propres vêtements. Elle était pleine d'espoir d'une nuit légère avec lui mais la quantité d'alcool qu'il ingurgitait lui semblait beaucoup trop importante. Elle voulut lui demander si tout allait bien mais cette question était devenue tabou donc elle resta en arrière, assise à ses côtés, silencieuse.


« Salut ! Olivia c'est ça ? » Une jeune femme s'installa à ses côtés, ivre, elle la chahuta. « Je suis navrée pour ton frère. C'est vraiment une histoire horrible... oh j'suis la copine de Norvan, Maeva. »

« Enchantée. » Son sourire était timide mais sincère. Toutefois, son besoin de confort la fit s'approcher de Mathieu. Elle essaya de glisser sa main dans son dos pour l'interpeller mais dès qu'il sentit sa main, il se leva pour sortir. Olivia ne put retenir un juron de s'échapper.

« Tout va bien entre vous ? »

« Apparemment non. » Elle se pinça les lèvres tout en haussant les épaules. « Il agit bizarrement depuis quelques jours. » Maeva lui tendit un shooter et elles burent à deux. « Une fois, il m'a dit qu'il ne supportait plus tous ces drames. Et voilà que je ne le mets pas seulement spectateur mais...»

«...C'est pas ta faute. » Elle se leva subitement, une mine enjouée et malicieuse. « Viens, tu vas aller le voir et faire un grand numéro. Il va forcément céder, il parle tout le temps de toi aux gars ! »


Olivia attrapa sa main et elles parcoururent à grandes enjambées la soirée à la recherche du concerné. Elles le trouvèrent seul, assis sur le muret, fumant une énième cigarette. Maeva ne lui laissa pas le temps d'hésiter et la poussa à l'extérieur avant de refermer la porte. Le claquement interpella Mathieu. Il la détailla jusqu'à ce qu'elle s'approche mais tout ce qu'il eut, était le sentiment de fin. Il ne fit aucun mouvement vers elle et malgré l'alcool dans le sang, elle ne sut se rapprocher de lui.


« Tu sais que j'suis pas très sociable. » Il fronça les sourcils, ne comprenant pas très bien où elle voulait en venir. « Et j'suis... j'sais pas comment t'empêcher de te fermer. J'vois que tu t'éloignes et j'peux comprendre mais.. »

«...Tu peux pas rester chez moi. » Elle se leva et il n'eut le courage de la retenir. Elle se pinça les lèvres et fit quelques pas en arrière pour s'éloigner.

« Merci pour tout. T'es vraiment quelqu'un de bien, Mathieu. Le plus adorable, drôle, talentueux. » Elle prit de nouveau de la distance. « T'es sûrement la meilleure chose qui me soit arrivée. »

Il se leva à son tour au moment où elle se retournait pour rentrer. « Attends... »

«... Cette fois, c'est à moi de partir, c'est rien. »

Malivia [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant