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Olivia attrapa sa veste avant de filer à l'extérieur. Le temps était maussade, tout comme son humeur. Et si elle n'avait pas eu à sortir, elle serait restée dans son lit toute la journée. La tête enfouie dans sa veste, elle n'eut à peine le temps de verrouiller sa porte, qu'une ombre se dressait derrière elle. Elle regretta sa chaude couette.

« Depuis le temps qu'on devait se voir, je te croise enfin. » Elle se retourna lentement. « Enfin, je t'ai suffisamment surveillée pour savoir quand t'allais sortir. » Sam pouffa nonchalamment. « Allez, viens, on nous attend. »

Elle recula, se plaquant contre sa porte d'entrée, les bras derrière elle au cas où il tentait de l'attraper. Néanmoins, il n'eut besoin d'insister, son arme autour de sa ceinture fut suffisante. Olivia le suivit, un pas derrière lui, regardant les passants d'un air suppliant mais personne ne faisait attention à eux, comme s'ils étaient invisibles ou dans une autre dimension. Il l'accompagna dans une de ces ruelles que les citoyens évitaient. Devant une porte en acier, la brune eut envie de rire tant la situation était absurde. Tout devait être terminé, son frère avait payé sa dette par sa vie. Pourtant, elle se trouvait une arme dans le dos dans le couloir de sa propre mort.

« Pourquoi tu fais ça, Sam ? » Elle avançait à petit pas pour ralentir la fin. « T'as tiré sur mon frère. Il s'est vidé de son sang devant mes yeux. Tu m'as dit qu'on vous devait plus rien. » La brune laissa quelques larmes couler discrètement sur ses joues à ce souvenir.

« J'étais juste le messager. » Sam relâcha son arme qui s'éloigna de la brune. « J'ai jamais tué et je compte pas le faire. Et je t'ai dit de partir, de profiter de ta vie mais t'es restée Olivia. Si je ne t'emmenais pas ici, c'est moi qui aurait une balle dans la tête. »

« J'pouvais pas partir. Mathieu.. »

« ..tais-toi, on arrive. »

Elle n'eut le temps de rétorquer ou de négocier qu'il la poussait. Un homme était en train de compter des billets, assis sur un sofa qui avait vécu beaucoup trop d'années. Il la regarda brièvement avant de continuer son travail.

« C'est Olivia. » Sam l'interpella pour mettre fin à cet atmosphère insoutenable.

« Je sais. » Il continua sur une deuxième liasse et Olivia eut envie d'exploser. Toutefois les armes posées à ses côtés la retenaient. « La fameuse petite sœur du plus grand dealer toxico que j'ai jamais connu. » Son rire était diabolique. Elle était sûre qu'elle en serait réveillée pendant des jours. « Un imbécile qui devient dealer et qui consomme sa vente. » Finalement, il posa l'argent pour la regarder et lui planter un dernier couteau. « Il n'a rien fait pour se défendre. Il était tellement défoncé. Une honte... »

« Qu'est-ce que vous me voulez ? »

« Tu choisis mal ton entourage Olivia... Polak... » Son sourire malicieux la fit trembler. « Il travaillait pour moi avant de décider de faire de la musette. Et après tout ce qu'on a fait pour lui, il s'est barré du jour au lendemain. » Il s'approcha lentement tout en déambulant comme un animal devant sa proie. « Il nous a jamais remercié après tout ce qu'on lui a offert et là...te voilà...enfin quelqu'un qui tient à lui... » L'homme passa son pouce contre la mâchoire de la brune. Elle ferma les yeux instinctivement.

« On vous doit rien. » Sa voix était tremblante, presque inexistante.

« C'est là où tu te trompes. » Son ton devenait incisif, sa main ferme contre sa mâchoire. « Polak a fait beaucoup de bêtises dans sa jeunesse. J'ai de quoi briser tous ses rêves. Et toi, t'es bien trop amoureuse de lui pour ne pas le protéger, pas vrai ? » Une larme d'Olivia s'échoua sur les doigts du gérant, il avait réussi. Il s'aventura dans son cou. « Le prix de sa liberté...de sa vie...Combien ça vaut pour toi ? »

« Me touchez pas. » Elle essaya de se reculer mais ce ne fut pas de son goût, il serra sa prise.

« Shshsh... J'suis pas sûr que tu sois en mesure de me dire quoi que ce soit ma belle. » Il la relâcha malgré tout et elle se réfugia près de Sam qui semblait trouver le sol très intéressant. « Il te donnera un téléphone. Je te contacterai. »

Sam attrapa son bras et la força à sortir au plus vite. Ses enjambées étaient si grandes que la brune n'arrivait qu'à le suivre en trottinant. Il s'arrêta au milieu de la rue pour lui donner un portable. Il avait l'air retourné et Olivia ne sut en déchiffrer la raison. Après tout, c'était lui qui l'avait amenée ici. Il sembla murmurer quelques excuses avant de l'abandonner là, dans une rue bondée de Paris comme si les dernières minutes n'étaient qu'un mauvais rêve.

Néanmoins le poids du téléphone dans sa main la ramena à l'horreur de la réalité. Elle se mit à courir de toutes ses forces jusqu'à son appartement, se rallongeant par des rues pour éviter d'être suivie mais surtout parce qu'elle était incapable de réfléchir à un itinéraire cohérent. Elle s'assura d'être seule pour enfin ouvrir sa porte et la verrouiller derrière elle à toute vitesse.

Elle s'écroula sans plus attendre, frappant de toutes ses forces le mur tout en criant tout l'effroi qu'elle avait contenu. Elle n'avait qu'une envie, détruire le portable, le brûler, le lancer. Toutefois, le sourire de Mathieu lors de la soirée de sortie de son album ne quittait pas sa tête. Elle ne pouvait pas briser son avenir ou sa vie. Elle éclata dans un sanglot tout en se recroquevillant sur le sol, la jugulaire de son petit ami soudainement en sang devant ses yeux.

Un toquet contre sa porte la fit sursauter. Elle se leva subitement, son cœur battant la chamade. Elle essuya ses larmes tout en courant dans l'appartement à la recherche d'une cachette pour le téléphone. Elle le jeta dans une boîte à chaussure, frotta une dernière fois son visage de ses manches avant d'ouvrir la porte.

« Salut bébé. » Elle n'eut besoin de camoufler son visage bouffi car il se précipita pour l'enlacer. Elle prolongea l'étreinte. « Ça a été ta journée ? » Il murmurait contre ses cheveux, ne voulant rompre cette atmosphère apaisante.

« Oui et toi ? » Il s'éloigna un peu pour plonger son regard dans le sien.

« T'as les yeux défoncés. »

« Je dormais encore, j'suis claquée. » Elle haussa les épaules puis embrassa ses lèvres pour faire diversion.

« Tu veux qu'on annule ce soir ? » Il déposa ses affaires sur le petit meuble tandis qu'Olivia partait dans la salle de bain. Il se précipita pour la rejoindre.

« T'es dingue, non ? » Lorsqu'elle retira sa veste, il se moqua de leur discussion ou du monde extérieur. L'idée même de fêter les chiffres de son album sous les draps était bien plus plaisante qu'une soirée festive. Il s'appuya contre le lavabo, les bras croisés tout en la scrutant narquoisement retirer son jeans. « T'as fait des chiffres de fou. Ça se fête. » En sous vêtements devant lui, il trouvait que la salle de bain était plutôt idéale. Il haussa les épaules. « Me regarde pas. »

Il pouffa au moment où elle lui envoyait son majeur. Elle monta dans la baignoire puis tira sur le rideau. Le blond vit voler des sous-vêtements au dessus de la tringle. Il ne sut retenir un gloussement d'excitation. Il retira sa propre tenue, trébuchant en retirant son pantalon tant il voulait arriver vite sous l'eau. Il passa sa tête pour la regarder.

« Salut. »

« Mathieu ! »

« J'dois prendre ma douche aussi. » Il fit mine de sentir son aisselle et grimaça. « Je pus à mort. Et la douche commune, c'est un peu devenu notre truc. »

« T'es chiant. » Il haussa les sourcils, mimant une mine étonnée mais qui trahissait seulement son amusement. « C'est bien parce que t'es sexy et que t'as raison, tu sens mauvais. » Elle pouffa alors qu'il ne pouvait cacher sa surprise. Il avait pris une douche chez lui, avant de venir.

« J'sens super bon ! » Elle hocha la tête grandement, moqueuse, tout en riant et il claqua malicieusement sa main contre ses fesses avant d'attaquer sa bouche de ses lèvres.

Malivia [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant