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Olivia courrait à s'arracher les poumons, ne regardant pas une seule fois derrière elle. Sa gorge lui brûlait et ses genoux tentaient de la faire tomber mais elle continua jusqu'à ce qu'un sanglot s'échappe de sa bouche dans un cri meurtri. Les mains sur les cuisses, elle essaya de reprendre son souffle entre deux soubresauts. Le poids de son sac à dos pesait sur ses épaules tout comme cette soirée.

Une voiture arrivant à toute vitesse la fit reprendre contenance, elle se redressa et essuya ses larmes. Elle souffla tandis qu'elle s'arrêtait à ses côtés. Prête à refaire une course, elle resta pourtant immobile à la vue du chauffeur qui sortait de son véhicule.


« Olivia ? » Mathieu se précipita vers elle, l'attrapant par les épaules pour l'interpeller. « Qu'est-ce que tu fais là toute seule ? »


Il n'eut besoin de réponse lorsqu'elle releva son visage. Malgré son mascara dégoulinant, il put voir l'hématome sur sa pommette et le sang sur ses lèvres. Il échappa un juron avant de lui prendre la main pour l'installer sur le siège passager. Elle se laissa guider sans un mot. La pensée que le blond était toujours là au bon moment manqua de faire battre son cœur à la chamade mais elle préféra se concentrer sur la douleur lancinante envahissant son corps.


« Tu m'amènes où ? »

« Chez toi. » La stupeur d'Olivia put se lire dans ses yeux et Mathieu fit demi-tour. « Non, à l'hôtel. »


Elle hocha la tête et resta silencieuse. Il ne fallut pas plus que quelques minutes pour qu'ils arrivent. Il attrapa son sac et posa sa main dans le bas de son dos pour la guider. Inconsciemment, elle se rapprocha de lui jusqu'à manquer de marcher sur ses pas. Elle esquissa un sourire timide tandis qu'il lui ouvrait la porte de la réception. Elle ne s'éloigna pas de lui pendant qu'il demandait une chambre et le suivit de près quand il monta dans l'ascenseur.

Finalement, il ouvrit la porte sur une chambre vétuste. Tout était en moquette et Olivia ne put se retenir de grimacer en imaginant les microbes vivant à l'intérieur.


« C'est pas top mais tu seras mieux ici. » Il haussa les épaules tout en jetant ses clés de voiture sur le bar. Elle ne prit pas la peine de sourire à sa blague. « Tu peux aller te doucher, si tu veux. »

« Merci. »


Mathieu préféra regarder le sol jusqu'à ce qu'elle ferme la salle de bain. Puis, il prit la bouteille de vodka du minibar et un verre avant de se laisser tomber sur l'unique fauteuil miteux. Le silence lui fut si inconfortable qu'il appela un de ses amis. Peut-être que quelqu'un avait des informations ou même un coupable sur lequel il pourrait déverser sa colère. A l'époque, jamais il n'aurait frappé la sœur d'un gars, même pour des millions.


« Ouais allo ? Ça va Polak ? »

« T'es au quartier ? »

Lisko fronça les sourcils. Il était au studio et le blond devait pourtant le savoir. Ils avaient prévu de se retrouver ce soir pour travailler ensemble. « Nan, au studio, là où on avait prévu de se voir ? »

Mathieu n'eut aucune réaction malgré le ton piquant de son ami. « T'as entendu un truc sur Olivia ? »

« T'es encore sur son dos ? »

« Laisse tomber. »


Il raccrocha sans en dire plus. S'il avait été seul, il n'aurait pas hésité à envoyer son téléphone contre le mur. Toutefois, la brune entrouvrit la porte de la salle de bain. Sa timidité embarrassa Mathieu qui termina son verre d'une gorgée. La brûlure dans sa gorge ne fut pas suffisant pour calmer ses émotions.


« Tout va bien ? » Elle s'était assise sur le bord d'un lit et il put voir un hématome sur sa cuisse. Elle n'eut le choix de tirer sur son short pour qu'il le quitte des yeux. « Mathieu, tout va bien ? »

« C'est plutôt à moi de te demander ça. »

« Ça va. »


Mathieu n'avait pas l'habitude d'Olivia, de sa force et son indépendance. Tout ce qu'il vit était une ingratitude certaine. Tandis que lui, l'avait aidé depuis le début, elle ne voulait rien lui dire, manquant de sincérité. Agacé, il attrapa ses affaires avant de se diriger vers la porte.


« Tu vas où ? »

« Qu'est-ce que ça peut te foutre ? » Il tenta d'ouvrir la porte mais elle lui attrapa la main. Il ne put que fixer ses doigts entrelacés, perdant toute contenance.

« Ne va pas là-bas, reste ici. » Les joues rougissant, elle baissa sa tête. « Me laisse pas seule, s'il te plaît. »

Doucement, il prit son menton pour relever son visage. Son regard s'attarda sur sa joue bleutée et sa lèvre coupée. « Celui qui t'a fait ça, il va le regretter. »


Elle hocha seulement la tête, les larmes aux yeux la faisant fuir ce contact. Elle s'allongea sur un des lits simples et Mathieu prit place sur le second. La soirée d'Olivia refit surface sous ses paupières tandis que des sanglots étouffés secouaient son ventre. Lui, pianotait aveuglement sur son téléphone, espérant qu'elle finirait par se calmer ou qu'il trouve les mots pour l'aider. Au bout de plusieurs minutes, ce fut elle qui rompit le silence gênant.


« N'en parle à personne. » Elle ouvrit enfin les yeux pour le regarder mais il préférait encore ne pas affronter ses émotions. « Ni même à mon frère. » Il haussa les épaules, surpris qu'elle ne veuille pas en parler à son frère mais se décida à respecter son choix. « T'es toujours là au bon moment. »

« Où tu te mets toujours dans des histoires ? » Elle fit la moue. « C'est pour rire. »

« T'es pas très drôle. » Il haussa une énième fois les épaules et elle leva les yeux au ciel. « Tu partais où ? »

« Je partais rejoindre un pote au studio quand je t'ai vu détaller dans la rue. » Il fit un effort insurmontable pour ne chercher une causalité à leur rencontre, ni au pourquoi il s'était arrêté. « Tu devrais le dire à ton frère. Tout ça c'est sa faute. T'aurais pu tomber sur n'importe qui. »

« Il essaye juste de nous aider. » Il souffla, essayant au mieux de garder son calme. « On a dû partir de la maison. Mon père nous a mis dehors et on avait besoin d'argent pour ne pas vivre dans la rue. Il a fait plein de petits boulots mais c'était jamais suffisant. » Mathieu secoua la tête, désapprobateur. « Ne le juge pas, si tu as de si bon contact avec ces gars-là, c'est que tu travaillais avec eux, nan ? »

« C'est différent. »

« Pourquoi ? Tu l'as fait pour l'argent ? Lui aussi. »

« Ok, c'est bon, j'ai rien dit. » Il se frotta la barbe vigoureusement pour calmer sa frustration et se retenir d'argumenter en sa faveur. Il n'appréciait pas Alessio et ça n'allait pas changer.

« Tu emmènes toutes tes conquêtes dans cet hôtel ? »

« Personne ne vient ici avec moi, c'est là où je me barre quand tout me saoule. »

« Je suis une privilégiée alors. » Elle tenta de le taquiner mais il se ferma jusqu'au lendemain.






Aimez-vous l'histoire ? J'ai déjà plusieurs chapitres en attente..xx

Malivia [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant