Malivia [PLK]

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« Donc ? »

« Ma puce. » Elle fronça les sourcils et il se rattrapa. « Olivia, je suis désolé pour ce que j'ai fait. Je n'aurai pas dû lui demander de partir. A l'époque, j'étais désespéré. Je pensais qu'un ultimatum le ferait changer. » Il secoua la tête tout en séchant ses larmes. « Mais j'aurai dû l'aider, l'accompagner. »

« Papa... »

« Maintenant, il n'est plus là. Il ne saura jamais que je l'aime et que je suis fier de lui. Après tout, il t'a protégée pendant que je n'étais pas là. »

« Il a... Il avait ses propres responsabilités. Tout n'est pas de ta faute. »

Il attrapa le cadre pour le regarder à son tour, son pouce caressant le visage d'Alessio. Ils restèrent un instant silencieux, se complaisant dans ce moment de calme et de retrouvailles. Olivia examina son ancienne chambre qui n'avait pas changé. Les posters décollés et les rideaux poussiéreux montraient l'absence de vie.

« J'aime beaucoup ton petit ami. »

« Moi aussi. » Elle souriait tendrement en pensant au blond l'attendant dans le salon. « Moi aussi. »

« On va peut être aller voir ce jeune homme avant qu'il pense qu'on parle de lui. »

Elle pouffa, retrouvant l'humour de son père. Ils se dirigèrent tout deux dans la grande pièce pour le retrouver, tout en discutant. Mathieu se détacha de son téléphone pour les regarder. Il se leva subitement pour rejoindre Olivia tout en évaluant la situation. Il susurra à son oreille pour s'assurer de son bien être et pour seule réponse, elle acquiesça.

« Merci pour l'invitation papa. On va devoir rentrer. » Elle s'approcha de lui et embrassa sa joue. Le blond resta à ses côtés comme si sa main était devenue engluée à son dos. « On se revoit bientôt. »

Mathieu serra sa main. « A bientôt. Ravi de vous avoir rencontrer. »

« Moi aussi. »

Ils se dirigèrent en silence jusqu'à la voiture. Le trajet se fit dans la même atmosphère comme si les dernières heures avaient été trop intenses pour les digérer dans un brouhaha ou dans l'affection. Lorsqu'ils arrivèrent à l'appartement, Mathieu brisa le mutisme.

« Ça va ? »

« Il t'aime bien. »

« C'est un plus. » Il retira sa veste pour s'asseoir sur le canapé. Elle le rejoignit et il attrapa ses pieds pour l'attirer près de lui. « Mais je m'en fiche un peu. J'veux savoir comment tu te sens. »

« Je vais bien. » Il leva les yeux au ciel. « Mais si je t'assure ! T'es chiant ! » Elle lui tira la langue avant de s'approcher pour se coller contre son torse. « C'était dur, au début, j'avais envie de lui en vouloir, de le détester. Mais je crois qu'il se déteste bien plus. Alors, je vais le laisser tranquille. » Elle souffla un instant, s'imprégnant des tendresses que Mathieu s'attardait à faire sur son bras. « Et toi, qu'est-ce que t'en penses ? »

« Tu sais comment j'suis quand il s'agit de famille. » Il entrelaça leurs doigts, rêvant soudainement de couvrir son annulaire d'une bague. « J'suis pas très objectif,c'est le truc le plus important pour moi. Et même si je lui en veux pour tout ce qu'il a fait, il reste ton daron. Il a gardé ta chambre telle quelle comme si il t'attendait. » Il embrassa ses cheveux et elle ferma les yeux. « Il m'a même fait un interrogatoire en bonne et due forme. »

« Tu déconnes ? » Elle pouffa tandis qu'il acquiesçait. « J'aurai aimé voir ça. »

« J'me suis bien défendu. J'ai dit que j'étais dingue de toi... » Son ton moqueur restait honnête et Olivia ne put que rougir. « Et que peu importe ce que je faisais dans la vie ou mes origines, personne ne sera mieux placée que moi pour t'aimer. »

« Ça me parait juste. »

« Bien sûr que ça l'est ! » Il ria, faisant vibrer sa poitrine contre l'oreille d'Olivia. « Personne me surpasse ! »

« Non, effectivement. »

Ils furent songeurs de longues minutes, appréciant la présence de l'un et de l'autre. Seules leurs mains jouaient entre elles, signe de leur présence physique mais de leur conscience brouillée. Un semblant de clôture flottait dans l'air. Il n'y avait plus d'histoire de drogues, de trafic, de meurtre. Mathieu avait réussi son album, confirmant sa carrière. Il avait su pardonner aux femmes et avait donné une nouvelle fois sa confiance. Olivia avait commencé son deuil grâce à sa force créée par les drames de sa vie et la réconciliation avec son père. Pour la première fois depuis leur rencontre, le calme plein les envahissait. Et pour une fois, rien ne semblait pouvoir les perturber.

« J'pourrai rester toute ma vie comme ça. »

« On repart dans les îles ? »

« Si seulement. » Elle s'allongea un peu plus contre lui, rêvant des palmiers et de l'océan à perte de vue. « Mais un jour, je nous achèterai une villa au bord de la mer. »

« T'es dingue. »

Il haussa les épaules comme si cette idée était accessible. « Ça a toujours été mon rêve. Une maison avec du terrain et de l'herbe à perte de vue pour que les gosses puissent jouer....avec une vue splendide pour ma femme. »

« Et pour toi alors ? » Il se mit à réfléchir, le regard dans le vide et les doigts frottant vigoureusement sa barbe. « Qu'est-ce que tu veux toi ? »

« J'en sais rien, ça, ça me suffit. »

« C'est quoi ton rêve ? »

« Bah, j'en sais rien, Liv. »

Elle se redressa subitement, manquant de l'émasculé par sa brutalité. « Va falloir qu'on y travaille mon cher. »

« J'voulais gagner de l'argent pour ma famille, maintenant nous aussi mais c'est tout ce que j'veux. » Il se pinça les lèvres, hésitant. « Enfin, non... j'aimerais construire ma propre famille, être un bon daron, tu vois ? »

« C'est un bon projet, ça. »

Il acquiesça, dubitatif. Olivia grimpa sur ses genoux pour coller son front à lui. Il ferma les yeux pour ne pas affronter son regard et montrer son émotion. Elle prit en coupe son visage, profitant de ses mots pour pousser ses déclarations.

« Pourquoi tu te caches ? »

Il haussa les épaules nonchalamment. « Je me cache de rien du tout. C'est juste un projet comme ça. Tout le monde à ce projet là, de toute manière, c'est pas ouf. »

« Moi je trouve que c'est un super projet. » Elle embrassa sa joue cramoisie. « Et j'veux bien t'aider. »