Chapitre 5 : J+1, Le réveil de l'étranger

90 4 0
                                    

J'étais épuisée. J'avais encore très peu dormi, cette nuit. Je ne pouvais l'expliquer; moi qui dormait sans aucune difficulté. Il y avait certainement quelque chose qui me taraudait l'esprit mais impossible d'en connaître l'origine.

Je n'avais pas entendu qu'une personne frappait à la porte. Je me leva en sursaut et m'empressa d'aller ouvrir.

Surprise de me voir encore en tenue de nuit, Nell me dit:
_ "Tout va bien, Mely?"

_ "Oui, ça va!" Lui répondis-je sans grande conviction.

_ "Tu n'en donne pas l'impression."

_ "Ne t'inquiète pas! J'ai peu dormi cette nuit, encore."

Elle baissa la tête en signe de compassion.

_ "Tu ne m'invites pas à entrer!" Afin de changer de conversation.

_ "Je vais être franche Nell. Hier soir, on m'a amené une personne malade, hautement contagieuse. Je ne veux pas que tu sois contaminée et que tu le transmettes à ta famille. Je m'en voudrais si cela venait à se produire."

A mes mots, elle fit deux pas en arrière afin de mettre plus d'espace entre nous.

_ "Il est extrêmement malade donc je n'aurais pas de temps à te consacrer."

_ "Je comprends fort bien. Dis-moi ce que tu veux que je fasse aujourd'hui."

_ "Il y a les animaux dont il faut s'occuper. Si tu as un peu de temps, ce matin, il faudrait préparer les semis pour les prochaines plantations. Ce sont les deux choses les plus importantes à faire. Reviens me voir après ta pause déjeuner, peut-être que je te demanderais de me rendre quelques menus services."

_ "Très bien, j'y vais de ce pas!"

_ "Je te remercie du fond du cœur, Nell! Je suis vraiment désolée de ne pouvoir vous aider, toi et ton mari."

_ "Ne le sois pas, Mely. Le plus important c'est que cette personne soit bien soignée et qu'elle reste en vie. Ça, c'est le plus important! Je sais très bien à quel point tu te dévoues pour aider ton prochain et faire le bien autour toi."

_ "Je te remercie pour ta compréhension et tes gentilles paroles."

_ "Je vous préparerai une surprise pour le déjeuner. Passes me voir vers 12h00 Mais surtout ne t'approches pas trop prés de la maison."

Comment lui dire qu'elle ne devait absolument pas entrevoir la personne que j'hébergeais. Elle ne devait rien savoir.

_ "C'est entendu! A tout à l'heure!"

_ "Bon courage à vous!"

_ "Merci, à plus tard Mely!"

Je referma la porte.
J'étais peinée d'avoir menti à mon amie. Je n'aimais pas ça. Je me sentais mal car je n'avais pas été honnête avec elle.
A travers la fenêtre, je la regardais se diriger vers l'enclos des chevaux.

Je me rendis dans la chambre de mon patient. Je m'approcha du lit et lui toucha la joue. Il était brûlant de fièvre. Ses cheveux lui collaient au visage.

_ "Maudit elfe, c'est à cause de vous que j'ai dû mentir à un être qui m'est cher. Vous avez plutôt intérêt à survivre à vos blessures ou je vous promet de vous achever de mes propres mains et de vous enterrer sous la maison!" Le menaçais-je inutilement.

Je me rendis dans la cuisine. Je prépara un récipient d'eau à température ambiante et des compresses puis je retourna près de lui. Je devais, impérativement, faire baisser sa fièvre. J'entrouvris les fenêtres pour créer un courant d'air.
Il commençait à délirer, à s'agiter. Je n'avais plus d'autre choix. D'un seul geste, je le découvris entièrement. J'avais oublié qu'il était nu comme un vers. Je n'osais pas le regarder dans sa globalité. Je pris une grande serviette que j'humidifia et je la posa sur le bas de son corps. Je devais attendre que cette première méthode douce agisse avant de passer à la vitesse supérieure. Je devais patienter. Je pris l'initiative de lui faire la lecture.

POURQUOI NE VOIT-IL PAS MON COEUR SAIGNER ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant