Cela faisait quelques jours qu'il était né. Il m'avait laissé apercevoir ses magnifiques prunelles. Il avait les yeux bleus. Ils étaient d'un bleu plus foncé que ceux de son père.
Existait-il dans l'arbre généalogique de Thranduil des yeux bleus de différentes teintes?Il pleurait peu. L'enfant était calme peut-être trop calme. Était-ce normal? Je ne saurais le dire. Les enfants que je côtoyais auparavant étaient loin de lui ressembler.
Avait-il hérité de ce trait de caractère du côté de son père?
Je ne connaissais pas les sombres façades de son paternel mais je priais qu'il ne les lui avait pas transmises.Nell ne cessait de répéter qu'il était grand pour un enfant de son âge. J'avais beaucoup de mal à m'en rendre compte.
A plusieurs reprises, elle me demanda si je lui avais donné un nom. Je ne souhaitais pas lui donner le premier prénom qui me passerait par la tête. Je tenais à y réfléchir encore un peu, à tête reposée.J'aimais l'avoir contre ma peau, sentir la chaleur de son petit corps contre le mien. Ce que j'aimais le plus était de le voir prendre le sein. Cela avait pour effet de me détendre, j'avais l'impression d'avoir abusé de plantes euphorisantes. Je privilégiais ce mode d'allaitement. C'était celui qui me convenait le mieux.
J'avais employé Laïa comme nourrice. Je ne pouvais plus me permettre de rester éloignée plus longtemps des travaux de la ferme.
Les dernières récoltes des légumes de saison, avant l'hiver, allaient débuter.
J'occupais mes matinées à concocter mes repas pour le soir et le lendemain midi ainsi je me rendais disponible pour faire tout le reste. Je n'avais pas à me précipiter. Je pouvais prendre mon temps.
Nell m'enseigna que le secret d'un bon allaitement résidait dans une bonne alimentation, des repas copieux et variés.Je ne pouvais cacher mon envie de vivre depuis que je l'avais mis au monde. C'était comme un renouveau, un nouveau départ. Je me sentais infaillible, imbattable, prête à tout surmonter.
J'avais des idées plein la tête. Elles étaient accompagnées de tout l'entrain et l'énergie du monde, pour les mettre en oeuvre. Personne ne pouvait m'arrêter. J'avais en moi ce sentiment de toute-puissance.
J'avais enfin une véritable raison de vivre. Je me sentais aimée et je l'aimais de tout mon être. Je l'aimais plus que ma vie. Je pouvais tout sacrifier pour lui, pour le rendre heureux.
Était-ce cela l'amour d'une mère? Était-ce cela l'amour inconditionnel?J'avais décidé de me rendre dans le cellier, dans le but de constater l'avancement de la cuvée de cette année. Une grosse partie de la récolte avait été passée au pressoir mais j'attendais la dernière cueillette. J'aimais sentir les grains de raisin éclatés sous le poids de mes pieds. C'était très satisfaisant!
Je me préparais à inspecter les fûts quand j'entendis du bruit provenant du fond du bâtiment. L'intrus ne m'avait pas entendu pénétrer dans les lieux.
J'avais décidé d'en avoir le cœur net. Qui pouvait se trouver là en ce début d après-midi?
Tous devaient être dans les champs. Par souci de sécurité, je saisis un bâton en bois.
J'arrivais au fond de la salle, quand je vis un individu charger un plein panier de mes meilleures bouteilles. Je l'observais un instant. Il en remplissait un deuxième et alla le cacher avec l'autre panier à l'extérieur.
J'arrivais silencieusement dans son dos et le surpris en flagrant délit._ "Horlan! Que faites-vous?" L'interrogeais-je.
Il sursauta et répondit.
_ "Rien, madame!"_ "Qu'avez-vous déposé dehors? Je vous ai vu!"
_ "Des choses inutiles, bonnes pour la poubelle, madame."
_ "Puis-je voir?"
Il parut gêné.
_ "Y a-t-il un problème?" Lui posais-je la question, sentant sa gêne.
_ "Non, madame."
J'inspecta les alentours toujours munie de mon bâton en bois.
J'allais stopper l'inspection quand je vis deux paniers reposant dans l'herbe. Je m'en approcha et constata le larcin._ "Vous me voliez des bouteilles! Pourquoi ne pas me l'avoir demandé, je vous les aurais données." J'étais énervée car je détestais le vol.
Il ne sût quoi dire.
_ "Vous n'avez rien à dire pour votre défense?"
_ "Je ne vous doit aucune explication. Je prends ce qui me plaît." Dit-il avec véhémence.
_ "Puisque c'est ainsi, je vais vous demander de quitter ma propriété immédiatement." Lui ordonnais-je.
Il tenta de s'approcher. Me sentant menacée, je brandit mon arme.
Il fit un pas en arrière comprenant que je ne me laisserais pas intimider sur mes terres._ "Qu'aviez-vous l'intention de faire?"
_ "Un jour viendra où vous devrez expier vous péchés."
_ "Mes péchés? Et qu'ai-je donc à me faire pardonner?"
_ "Vous avez fricotée avec l'ennemi et votre bébé, il est de lui?"
_ "Cela ne vous regarde pas. Ce n'est pas votre problème!"
Il persista à me lancer les pires insultes. Verte de rage, je lui assenis plusieurs coups de bâton.
_ "N'est pas née la personne qui pourra m'insulter sans aucunes ripostes de ma part!"
Il s'en alla la queue entre les jambes. Au passage, il me promis de revenir et de venger son honneur de mâle bafoué.
Je venais de licencier Horlan comme un malpropre.
Je n'avais pas besoin de lui et je n'ai jamais eu besoin de lui. Comment faisais-je auparavant?
Nous étions que trois et c'était amplement suffisant.
J'expliquerais tout à Nell et Alfred.Intentionnellement, je venais de me faire un ennemi.
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POURQUOI NE VOIT-IL PAS MON COEUR SAIGNER ?
FanfictionL'arrivée du prince Thranduil, un elfe sindar aussi charismatique qu'autoritaire, va bouleverser le quotidien bien rodé de Mely mais une ombre plane au-dessus de leurs têtes. Ils devront traverser maintes épreuves. Sauront-ils garder la tête hors de...