chapitre 19: l'accouchement

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Plusieurs semaines s'étaient écoulées
depuis la visite du mage brun.
Dès que j'apercevais un petit volatile, je voyais en lui le pourvoyeur de nouvelles. Je pouvais facilement l'imaginer m'espionner puis voler à tire d'ailes jusqu'à Radagast afin de lui chantonner ce qu'il sait et ce qu'il a vu.

La tante de Laïa m'avait offert une large ceinture en cuir souple noire. Elle avait pour rôle de m'aider à soutenir mon ventre ainsi je n'avais plus la sensation qu'il traînait au sol et mon dos la remercia.

La période des vendanges toucha presque à son terme. Il restait encore quelques rangs à cueillir. Nous devions nous hâter pour éviter la perte des fruits et la perte gustative des derniers grains.
Tous se trouvaient dans les vignes. J'avais même demandé à la fille de Nell de bien vouloir aller les aider afin que le travail soit réalisé au plus vite. Afin qu'elle puisse y aller sans remords, l'esprit tranquille, je lui avais promis que je resterai tranquille sans faire le moindre effort.

Depuis mon réveil, je ne me sentais pas très bien, un peu vaseuse rien d'alarmant à première vue. J'avais préféré taire ces symptômes. Je ne leur ai rien dit pour ne pas déclencher un vent de panique inutile car ils étaient affairés dans les champs de vignes; et Laïa était plus utile auprès de ses parents à les aider que près de moi.

Au cours de la matinée, une violente douleur traversa mon ventre. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. J'alla m'asseoir pour tenter de me calmer. La peur s'empara de moi.
La douleur était passée, je pus reprendre mon souffle. Il y avait des périodes de douleur suivies de périodes de calme. Mon Ventre se tendait . J'avais l'impression qu'il était devenu dur comme de la roche.
Je réussis à quitter mon siège tant bien que mal. Je m'approcha de l'entrée pour vérifier s'ils étaient en route. Je ne vis personne. Soudain j'avais l'impression d'être en train d'uriner sur moi sans en avoir l'envie. Une grosse flaque d'un liquide tiède tomba au sol, mouillant mes chaussures et mes pieds aussi que mes sous-vêtements.
Je réalisa que la venue au monde de mon bébé était imminente. Je cria aussi fort que je pouvais.

Personne ne l'entendit et personne ne vint à sa rescousse. En gardant son calme, Mely savait très bien qu'elle avait encore du temps avant le début du travail.
La futur maman mit un peu d'eau dans une bassine et prépara du linge propre. Elle savait accoucher les femmes mais saura-t-elle mettre au monde son enfant?

J'étais dans l'impossible de vérifier la dilatation de mon col alors je m'étais mise à faire le tour de la maison pour accélérer l'accouchement. Je sentais le bébé se présenter devant la porte de sortie. J'installa des draps au sol et je me mis à quatre pattes. Dès que je sentais une nouvelle contraction, je poussais très fort.
J'essayais de me rassurer en me disant que tout allait bien se passer. Je poussais une nouvelle fois. Je plaça mes doigt au niveau de l'orifice de sortie et je pus sentir sa petite tête. Je poussa encore une fois, je lâcha un énorme cri tel les cris de guerre ou d'encouragement des tribus primitives.
Il n'y avait rien de difficile, je connaissais la procédure.

Je criais si puissamment qu'elles m'entendirent enfin. Nell et sa fille coururent jusqu'à la maison.
J'étais toujours à genoux, accrochée au pied de mon lit.
Nell s'arrêta dans sa course et stoppa sa fille lorsqu'elle vit l'énorme flaque qui s'était répandue par terre.

Et lâcha avec stupéfaction:
_ "Par tous les Dieux!"
Pour s'assurer que Mely était toujours en vie, elle cria plusieurs fois le prénom de son amie.
"Mely!"

_ "Nell, je suis là..." Cria-t-elle à son tour.
"...dans la chambre!"

Elles se précipitèrent jusqu'au chevet de la future mère. Nell s'arrêta de stupeur quand elle me vit accroupie tentant d'expulser le bébé. "

POURQUOI NE VOIT-IL PAS MON COEUR SAIGNER ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant