chapitre 33: Fin et début de toute souffrance

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Des jours et des nuits durant, la fièvre s'était emparée de son corps tout entier faisant apparaître un corps suintant de sueur. Sa peau luisait à la moindre lueur, humidifiant les draps.

Pendant ce temps, le roi était resté à ses côtés. Il alternait de longs va-et-vient dans sa chambre avec d'inquiétantes périodes où il restait assis les yeux fixés sur sa patiente alitée sans battre des cils. Il attendait patiemment son réveil, qui n'arrivait pas.
Thranduil prit soin de Mely. Il avait suivi la médication préconisée par Inuil. Le temps s'écoula lentement. Le roi des elfes était rongé par l'inquiétude, submergé par la crainte et les remords.

Ses obligations le rappelèrent dans la salle du trône. Récemment installé au pouvoir, le jeune roi ne pouvait s'absenter plus longtemps.
Il écouta son conseiller discourir pendant des minutes entières sans sourciller. Il donnait l'air d'être attentif et intéressé à la liste de choses à faire. Tout était purement factice et rien ne l'intéressait ormis l'état de santé de la jeune femme.
Puis, il y eut d'interminables audiences. Il s'évertuait d'être à l'écoute de tous. Lorsqu'il crût sa journée finie, il devait encore répondre aux divers courriers.

Les yeux de Mely s'agitèrent sous leurs paupières. Les sourcils se froncèrent. Son visage afficha quelques grimaces. Puis, elle tenta de mouvoir son corps ankylosé par un sommeil involontaire. Elle passa une main sur son front qui descendit jusqu'à sa joue. Elle remua ses orteils et tenta de fléchir les genoux.
Elle ne se souvenait pas combien de temps elle était restée dans ce lit. La seule chose dont elle se souvenait était un vague souvenir d'elle pleurant devant un angelot de marbre.
Elle avait la sensation que son sang avait cessé de circuler dans ses veines. Elle resta allongée juste le temps qu'il fallait pour que son corps puisse se mobiliser à nouveau.
Elle ne prêta pas attention au plafond dans un premier temps, mais plus les minutes passèrent et plus son regard s'évertuait à scruter les moindres détails du plafond.
Une peinture ornait tout le plafond de la pièce. Ce tableau gigantesque était pittoresque de couleurs pastels.
La jeune femme savait très exactement où elle se trouvait. Elle savait fort bien à qui appartenait cette chambre.

La chose la plus curieuse c'était qu'elle n'y avait jamais prêté attention auparavant. Cette immense peinture trouvait son équivalence dans le spectaculaire mobilier. C'était la deuxième fois qu'elle s'attardait à examiner chaque meuble. Tout n'était que luxe et confort.

L'humaine se redressa tant bien que mal, à l'aide de ses coudes et de ses avant-bras. Elle devait prendre du temps car, à chaque mouvement elle était prise de vertige; certainement la conséquence d'avoir voulu mettre fin à ses jours.

Elle ne savait pas combien de temps elle était restée inconsciente; mais elle était restée allongée bien trop longtemps, à son goût.
Elle posa ses pieds au sol et se leva. Ses pas furent hésitants, au début. Puis la marche lui revint très rapidement. Elle atteignit la porte et l'ouvrit.
Lorsque la porte porte s'entrebâilla, quelle ne fût pas sa surprise?
Elle était persuadée que Thranduil l'aurait enfermée à double tour. Il était certain qu'elle ne souhaitait pas rester dans ce palais de roches.
Ses idées d'évasion étaient vite abandonnées, elle n'aurait pas eu le temps de mettre un pied dehors qu'il la stopperait. Cet endroit était extrêmement bien gardé. Lorsqu'elle eut le loisir de parcourir les couloirs, elle pouvait observer les sentinelles faire leurs rondes. Il ne se passa pas une demie journée sans qu'elle n'eût à croiser les soldats.
Personne ne garda la porte.

Il était hors de question qu'elle patiente sagement.
Les couloirs grouillaient de monde.
Elle passa inaperçue. Elle n'était pas une étrangère en ces lieux.

Elle essaya de prendre une allure décontractée. Cette attitude qu'elle arborait ces derniers jours.

Sa peine était indescriptible. Ses tortionnaires lui avaient arrachée une partie de son âme, de son être. Elle portait son deuil tel un fardeau, un poids dont elle ne pourrait se débarrasser.
Elle a été privé d'une vie paisible et sans histoire.

POURQUOI NE VOIT-IL PAS MON COEUR SAIGNER ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant