Chapitre 1: Le début de la fin

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Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais inconsciente; mais j'étais restée allongée bien trop longtemps à mon goût.

J'avais tellement contemplé le plafond que j'avais l'impression que mes yeux saignaient. Ce plafond était magnifiquement décoré d'une fresque représentant des elfes lors d'une scène bucolique. Je ne saurais dire ce que cela représentait exactement. Était-ce la représentation d'un moment de leur histoire? Ou était-ce sortie tout droit de l'imaginaire de l'artiste?
A vrai dire, je n'en avais que faire. Cela faisait trop de temps que je moisissais sur ce lit.
Je m'assis sur le bord de la literie et quitta ce luxueux confort. La chambre était très grande et savamment décorée.
Je finis par atteindre la porte et je l'ouvris. Quelle ne fut pas ma surprise de m'apercevoir que la porte n'était pas verrouillée!
Avaient-ils confiance en moi? Étaient-ils si sûrs d'eux? J'étais présente en ces lieux contre ma volonté et toute fuite était envisageable. Il n'y avait aucun soldat pour garder la porte de ma chambre.
Pauvres fous, tous autant qu'ils étaient! C'était vraiment mal me juger, moi attendre sagement que quelqu'un décide de ce qu'il allait bien pouvoir faire de mon cas! Je gloussais intérieurement.

Les couloirs grouillaient de monde. Tout avait été sculpté dans de la roche. Cela aurait pu être froid, humide, sombre et lugubre comme la grotte d'un troll; bien au contraire tout était chaleureux. L'atmosphère était sain. Les coursives étaient très bien éclairées. Il n'y avait aucune zone d'ombre. Tous ces chandeliers et flambeaux conféraient au lieu une ambiance feutrée.

Je passais inaperçue, bien que certains me lancèrent des regards dont j'ignorais la signification.
Étais-je une intruse? Non, pas une intruse! J'aurais été arrêtée par les gardes. Alors qui étais-je pour eux? Une personne inoffensive, de cela j'en étais certaine.
Afin de passer incognito, je tentais de paraître décontractée et j'adoptais la même attitude que les elfines que je pouvais croiser.

Je cherchais encore et encore. Je recherchais, en vain, ce que mon corps réclamait le plus. Ma peine était immense. Je devais absolument quitter ces lieux et retourner auprès de mes proches. Je devais retrouver ma vie d'avant.
Avant! Était-ce possible que je puisse retrouver mon ancienne vie? Depuis ce jour fatidique où ma vie a cessé d'être ce qu'elle a été, c'est-à-dire une petite vie tranquille. Suite à ce terrible événement, elle a dévié de sa route. J'ai subi le revers de la médaille. N'avais-je pas le droit, moi aussi, au bonheur.
J'étais morte intérieurement. J'étais un corps sans âme, vide de toute essence, une coquille vide.

J'entendais au loin de l'agitation. Des elfes qui accéléraient le pas et d'autres qui couraient. Je cherchais à les éviter; alors j'empreintais le chemin opposé d'où provenaient les bruits. Je ne devais pas paraître affolée. Je devais continuer de garder mon calme, faire semblant d'avoir l'air sereine car le premier elfe ayant des soupçons n'hésiterait pas à me stopper et à me présenter au roi.

Ma pérégrination me conduisit sur un promontoire. Il se trouva pas tout à fait au sommet de la montagne et il était tourné face à l'Ouest.
Le panorama y était à couper le souffle. Je m'approcha du bord. Il y avait un énorme précipice. Le vent fouetta mon visage sans ménagement et marqua mes joues au fer rouge. Sous mes pieds, coulait une rivière dont on pouvait apercevoir le fond du lit, tant son eau était transparente. Elle bouillonnait tellement qu'à sa surface il s'était formé une écume épaisse. Le bruit de la cascade était impressionnant et il m'assourdissait. J'avais une vue imprenable sur toute la forêt environnante. Ce bois était verdoyant et il devait certainement regorger de vie.
Il était tard dans la journée car le Soleil se couchait à l'horizon. Cela me donna une indication temporelle. je pus vraisemblablement retrouver un des repères que j'avais perdu.
J'ai pu déduire que, dans peu de temps, il allait faire nuit. Je devais rapidement prendre une décision et agir.
Je voulus m'asseoir afin de tenter une descente à mains nues mais je fus interrompue.

_ "Que fais-tu ici? Ne t'a-t-on pas attribué des corvées à effectuer?" Une voix gronda dans mon dos.

Une voix que je connaissais. Je fus surprise et mon pied dérapa du bord. Je manquais de tomber au bas de la falaise. J'avais réussi à m'accrocher à la paroi rocheuse.

_ "Ne bouge surtout pas! Tu risques de tomber. Attrape ma main!" Dit-il tout en tendant son bras dans ma direction.

_ "Ne t'approche pas!" Le menaçais-je.

_ "Peux-tu me dire ce que tu as l'intention de faire?" Dit-il d'une voix menaçante.

_ "En as-tu vraiment quelque chose à faire?"

_ "N'ai-je pas l'air de m'inquiéter pour toi? Crois-tu, vraiment, que je suis indifférent à ta souffrance?" Me lança-t-il sur un ton froid.

_ "Tout ce qui t'importe est de m'asservir; faire de moi un de tes sujets. Je ne suis pas une elfe!" Criais-je afin d'être sûre qu'il m'entendent.

_ "Je sais mieux que quiconque que tu n'es pas une elfe. Que vas-tu t'imaginer?"

_ "Imaginer! Je ne suis pas folle." Dis-je avec beaucoup de colère.
"Qu'as-tu l'intention de faire de moi?souhaites-tu me faire captive afin de me garder en cage comme un animal sauvage et de me faire parader devant ton peuple et tes amis comme bon te semble!"

_ "Quand tout cela sera fini, je t'apprendrai à te taire! Tu as la langue trop bien pendue pour une personne qui se trouve en fâcheuse posture."

_ "Voici les menaces, maintenant! Crois-tu pouvoir m'intimider?"

Mes larmes sont mirent à glisser le long de mes joues. J'avais peu de chance d'échapper aux griffes de ce tyran. Quel choix s'imposait à moi? Comment en étais-je arrivée là?
Tout s'était précipité lorsque je fis sa rencontre. Il était arrivé dans ma vie comme un cheveu sur la soupe. J'avais dit à Radagast que je ne voulais pas l'accueillir chez moi, qu'il allait être une source de problème et que ce n'était pas une bonne idée. Pourquoi ne m'a-t-il pas écouté? Maudit sorcier....

_ "Ces elfes se promènent toujours avec
des problèmes collés à leurs semelles.
Ça n'a pas loupé! Partout où les elfes passent, tranquillité et sérénité trépassent. J'en ai assez d'avoir raison. Personne ne m'écoute!" Me dis-je mentalement.

J'étais groguie, assommée par la tristesse. Ma tête était trop lourde pour mon cou et mes épaules. J'étais désemparée, anéantie. J'étais loin de chez moi. Comment allais-je rejoindre mon domicile, mon doux chez moi?
Ce roi imbus de lui-même et caractériel, allait-il me laisser partir?

J'étais dans une impasse. Mes mouvements et mes choix étaient limités mais ce qui était certain c'était que plus jamais je ne serai prisonnière.

POURQUOI NE VOIT-IL PAS MON COEUR SAIGNER ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant