chapitre 11: Une jalousie naissante

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Notre première nuit avait laissé une empreinte indélébile ancrée au plus profond de mon être.
J'espérais tant qu'elle puisse m'en accorder une autre, nos mœurs auraient été libérées de tous tabous et de bienséance. L'idée de laisser mon corps s'enivrer de l'autre était délectable.

Les jours suivants s'étaient écoulés à un rythme effréné. J'ai pu observer le rôle de chacun au sein de ce microcosme.
Mon constat me laissa bouche bée.

Mely était éreintée. Je supportais très mal de la voir trimer toute la journée. C'était un vrai calvaire.
L'entretien d'une exploitation agricole, même de si petite envergure, ne me paraissait pas adapter pour une femme.
Je n'avais pas de parti pris pour un sexe ou un autre. Au sein de mon royaume, certains postes étaient octroyés au plus apte et au plus méritant sans distinction de sexe ou de genre. Je savais Mely capable de beaucoup de chose au détriment de sa santé.
Ces deux femmes étaient courageuses et pleines de ténacité.
Cela me faisait énormément de peine de les voir besogner comme cela pendant que le seul homme de la ferme avait le siège collé à la charrue. Je ne l'avais pas réellement vu travailler autant que ces dames.
Il fallait du changement. Je préfèrais voir une femme prendre soin d'elle, chérir sa progéniture et son époux, s'occuper de son foyer.
J'aimais, aussi, les voir prendre du temps pour elle et s'épanouir dans d'autres activités.
Je n'appréciais pas les voir recouvertes de poussière, de boue; le tout arrosé de sueur.

La paume de ses petites mains étaient rugueuses. Elles étaient très abîmées par les travaux dans les champs. je haïssais la sensation qu'elles pouvaient provoquer sur ma peau.

Ce n'était plus possible!

Il me fallait avoir une conversation avec la propriétaire des lieux et ses employés.
Je m'étais autoproclamé garant de la bonne santé de Mely. Elle avait su prendre soin de moi. Je me devais d'en faire de même.

Elles ne devraient pas avoir à travailler si dure.
Était-elle prête à l'entendre?

Nos routes se croisèrent devant l'entrée de la cuisine aux pieds des escaliers.

_ "Comment te portes-tu, ce matin?"

_ "Je suis éreintée."

_ "Est-ce de ma faute?

_ "Pas uniquement! Un rien pertube mes nuits et je mets en temps fou à récupérer."

_ "Repose-toi. Je me charge de tout."

_ "Je ne peux pas...."

_ "Je sais comment fonctionne la ferme, Mely. Je me charge de Nell et de son mari ainsi que de la répartition des tâches. Fais-moi confiance!"

_ "Très bien, je te laisse tout gérer."

Elle ne savait pas que mon ouïe était infaillible. J'avais senti la présence de son amie. Elle était toute proche.
J'attrapa, au vol, son bras avant qu'elle ne s'éloigne trop loin de moi. Je l'obligea à faire demi-tour et je l'embrassa.
Elle consentit à mon baiser. Je voulais, absolument, lui prouver mon affection avant qu'une tierce personne vienne nous déranger.
Ma belle perdit l'équilibre sous mon assaut.

_ "Tes réflexes sont trop ralentis. Tu es dans l'incapacité d'éviter les dangers. Tu tiens à peine sur tes jambes.
Bois ton café et, par la suite, profite pour te recoucher!"
Avant que son amie frappe à la porte, je lui susurra à l'oreille.
"Si nous travaillons suffisamment vite, je viendrais te rejoindre dans ton lit."

Elle rougit à ma proposition.

_ "Je t'assure, je vais bien! Prends ton temps!"

Tentait-elle de me dissuader?

POURQUOI NE VOIT-IL PAS MON COEUR SAIGNER ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant