Cela fait 24h que je ne suis pas sortie de la maison d'ami pour ne pas avoir à croiser Roman. Bien qu'il m'ai annoncé son départ, il est malheureusement toujours là et depuis que j'ai eu accès à ce bureau dans le manoir, j'ai du mal à cacher ma déception en ce qui le concerne !
Assise dans mon lit, je me décide à prendre mon téléphone pour appeler Léonard afin de le prévenir de mon départ imminent de l'île de Jersey. À peine ai-je composé son numéro qu'il me répond déjà, comme-ci il était accroché à son portable.
— Bianca ! Dit-il d'une voix étrangement fatigué.
— Qu'est-ce-qu'il se passe Léo, tu n'as pas dormi de la nuit ? Aurais-tu fait quelques folies de ton corps, certes âgé mais très bien conservé ? Dis-je amusée à l'idée de l'imaginer faire une nuit blanche.
— Non... c'est juste que j'ai beaucoup de boulot ces jours-ci. Comment se passe ton séjour à Jersey ? Tu as réussi à trouver l'inspiration ? Demande-t-il anxieux.
— Oui ! En ce qui concerne l'inspiration ce voyage ici a été une véritable réussite, par contre je n'arrive plus trop à me concentrer, je crois que j'ai un peu le mal du continent. Je pense que je vais retourner à Paris plus tôt que prévu. Je poursuivrai l'écriture chez moi. Dis-je sincèrement.
— Tu devrais rester jusqu'à la fin de ton séjour, car nous ne serons pas remboursé pour les jours que tu ne feras pas là-bas. Dit-il pour m'inciter à ne pas partir trop précipitamment.
— Si c'est juste une question d'argent, je peux rembourser les frais qu'un départ avancé va engendrer...
— Non ! Dit-il en me coupant. Ce n'est pas ça... si tu as trouvé l'inspiration, c'est que ça te fais du bien d'être éloignée. Rester encore un peu, rien ne presse et puis, ce n'est pas comme-ci quelqu'un t'attendais à Paris.
— Merci de me rappeler que je n'ai personne dans ma vie, c'est très délicat de ta part. Dis-je faussement heurtée par sa remarque.
— Non, ce n'est pas ce que je voulais dire... je suis désolé... je ne voulais pas te vexer... c'est juste que... si ça te fait du bien d'être là, profites-en. Ajoute-t-il en essayant de se rattraper.
— Justement. Je ne me sens pas très à l'aise là où je suis. L'air marin à ses limites! Je suis une citadine, ce que j'aime c'est le bruit et l'action.
— Que s'est-il passé pour que tu ai envie de revenir aussi vite ? Tu avais pourtant l'air emballée par l'idée de t'exiler ?
— Rien... mentais-je. C'est juste que je préfère être chez moi. J'aime avoir certains repères et une routine, de toute façon ma décision est prise! Je t'ai juste appelé pour te prévenir et savoir si tu voulais qu'on dîne ensemble à mon retour pour que l'on discute de mon nouveau livre.
— Euh... oui bien sûr... écoute, je vais devoir te laisser car j'ai un rendez-vous urgent mais je te tiendrai au courant ?
— D'accord. On se tient au courant.
— D'ici là, laisse toi encore un jour pour réfléchir, veux-tu ? À bientôt Bianca. Dit-il avant de raccrocher.
Une sensation étrange s'est dégagé de cette échange avec Léonard. Il semblait mal à l'aise, fatigué et surtout sur la défensive. Je suppose qu'il doit être submergé par les soucis lié à la gestion de la maison d'édition, pensai-je... Je ne m'attarde pas plus longtemps sur ce coup de fil et prends mon ordinateur pour chercher un billet de train pour mon retour. Il a beau vouloir m'encourager à réfléchir, ma décision est prise depuis longtemps. Je ne resterai pas une journée de plus ici, si c'est pour croiser Roman tout le temps.
Malheureusement, je n'ai pas le temps de poursuivre ma recherche que la sonnerie de l'entrée retentit.
À contre coeur, je sors du lit et descends ouvrir. Je sais déjà à qui je vais faire face, mais je décide ne pas me dérober. Je n'ai pas peur de Roman, il me met juste mal à l'aise, c'est tout. Lorsqu'il apparait devant moi, il a retrouvé ses traits de séducteur, mais avec un pointe de fébrilité cette fois-ci.
— Je sais que tu ne veux plus que je t'importune... Commence-t-il, mais je pense qu'il faut qu'on ai une petite discussion. Dit-il calmement.
— À quel sujet ?
— Au sujet du fait que tu sois rentré chez moi sans y avoir été invité par exemple. Dit-il toujours aussi calme.
Non, non, non... il sait ce que j'ai fait. Je suis pétrifiée par la honte et je ne sais pas si je dois vivement nier ou assumer mon acte. Finalement, j'opte pour la seconde proposition.
— Oui, c'est vrai je suis rentré chez toi alors que tu n'y étais pas. Dis-je sans me démonter.
— Pourquoi faire ?
— Je voulais te parler mais tu n'étais pas là. Mentais-je.
— Ah bon ? C'est pour cela que tu es monté à l'étage et que tu t'es mise à fouiller ?
— Je n'ai pas fouillé ! Constatant ton absence, j'ai voulu me rendre à la bibliothèque que tu m'avais montré car, elle m'a beaucoup plus mais je ne savais plus où elle se trouvait, alors j'ai ouvert plusieurs portes... d'ailleurs comment as-tu su que j'étais entré chez toi ?
— J'ai des caméras de surveillance. Dit-il rapidement. Tu as dit que tu voulais me parler mais quand tu m'a vu, tu t'es caché et ensuite tu t'es enfuit.
— C'est parce-que j'étais rentré chez toi sans y être invité et je me trouvais dans une posture un peu délicate. Je me suis dit que ce ne serait pas approprié de faire irruption comme ça.
— Maintenant que je suis là, tu peux me parler. Que voulais-tu me dire ? Demande-t-il intéressé.
— Justement, je voulais savoir si je pouvais avoir accès à ta bibliothèque. Comme tu m'as annoncé ton départ, je me suis dit que ce serait endroit idéal pour poursuivre l'écriture de mon livre. Inventais-je comme excuse de dernière minute.
Je suis presque étonnée par la rapidité avec laquelle j'ai trouvé un mensonge à lui sortir, mais je suis malgré tout septique sur le fait que ce soit crédible.
— Tu veux avoir accès à la bibliothèque ? C'est tout ? Dit-il déçu.
— Oui, c'est tout, mais je peux comprendre que tu ne veuilles pas...
— Si ! Si tu veux écrire à la bibliothèque, je n'y vois aucune objection. Dit-il ravie.
— De toute façon, ce ne sera plus nécessaire. J'ai décidé de retourner à Paris, je vais poursuivre l'écriture de mon livre chez moi.
Son visage change immédiatement d'humeur et il m'observe à présent d'un air réprobateur.
— Pourquoi ? Si je te promets de ne pas venir t'embêter, tu auras accès à la bibliothèque autant de temps que tu le voudras.
— Tu m'a dit que tu partais mais tu es encore là... je ne peux pas te faire confiance.
— Écoute, si tu veux écrire dans cette bibliothèque je te laisserai faire, ne pars pas à cause de moi. Dit-il en se radoucissant. Tu peux y aller dès aujourd'hui, maintenant même ? Dit-il enthousiaste.
Quant à mon départ, il a juste été repoussé car j'avais quelque chose à réglé avant.
Je suis prise au piège de mon propre mensonge et je ne sais pas comment m'en sortir. Il m'observe attentivement, attendant ma réponse.
— D'accord, je... je m'habille et j'irai travailler à la bibliothèque. Dis-je faussement détendue.
Un large sourire s'exquise sur ses lèvres et je comprends que je viens de lui donner l'ascendant une nouvelle fois. Seulement cette fois-ci, il ne sait pas que moi aussi je bluff. Tu veux jouer Eden ? Et bien on va jouer !
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The Shadow Writer
Mystery / ThrillerBianca Lasso est une écrivaine fantôme. Ce qui consiste à écrire des livres pour d'autres auteurs sans pouvoir les signer de son nom. Fatiguée de ne pas être reconnue à sa juste valeur, elle met son éditeur face à ses responsabilités et lui impose u...