Treize

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Léonard m'a envoyé un message ce matin pour me rappeler le rendez-vous qu'il a planifié pour moi avec ce réalisateur, mais pour être honnête, je l'avais presque oublié ! Certainement à cause de la venue inopinée de Roman chez moi la nuit dernière.

C'est donc la volonté de mettre fin rapidement cette entrevue que je marche dans la rue, en direction de l'hôtel où je dois rencontrer ce fameux réalisateur.

En ce moment, je n'ai vraiment pas la tête à entendre les élucubrations d'un type que je ne connais pas, mais qui croit tout savoir sur un livre que j'ai écrit et qui voudra m'imposer sa vision sur ce qu'il a crut comprendre. Je pense que je vais refuser cette offre, c'est trop risqué. Je ne veux pas ouvrir un second front de conflit avec Roman, sachant que le premier n'est toujours pas réglé.

En pénétrant dans le hall d'un des plus beaux palaces de la capitale, je demande Alex Halston à l'accueil. On me dit qu'il m'attend déjà au bar et je suis guidée jusqu'à sa lui. Alors que je m'attends à croiser un abrutis prétentieux d'Hollywood, je sursaute presque, quand je suis dirigé vers un homme d'une trentaine d'années, les cheveux châtains foncé à l'allure moderne et séduisante. Il se lève immédiatement quand il me voit arriver, démontrant une certaine courtoisie naturelle. Le regard franc, il se dégage de lui une certaine amabilité et ses yeux d'un bleu puissant ne se dérobent pas sous les miens. Il a l'air tout aussi surpris en me voyant, peut-être s'était-il lui aussi fait une idée préconçue de son interlocutrice... Je profite de ce moment de flottement pour être la première à me présenter.

— Bonjour. Bianca Lasso. Dis-je d'un ton que j'aurai voulu moins directe. J'espère ne pas être en retard ? Demandais-je un peu gênée.

— Alex Halston. Je suis ravie de vous rencontrer... Dit-il troublé. Et vous êtes parfaitement à l'heure. Asseyez-vous, je vous en prie. Dit-il en me montrant le siège devant lui. Vous voulez boire quelque chose ?

— Un thé glacé.

Il fait signe au barman et commande le thé pour moi. J'en profite pour le scanner un instant. Il est d'une taille raisonnable mais d'une stature imposante. Ses muscles collent presque au tissu de son pull foncé. Ses cheveux sont coupés jusqu'aux oreilles et sont nonchalamment peignés. Sa barbe légère lui confère une certaine maturité mais je le soupçonne d'être beaucoup plus jeune qu'il n'y parait et puis ses yeux... je n'arrive pas à m'en défaire.

— Léonard Ponti m'a énormément parlé de vous. Il m'a dit que si j'avais l'ambition de faire le film parfait, je ne pourrai pas me passer de vos talents. Dit-il pour enclencher la conversation.

— Il vous a vraiment dit ça ? Dis-je sur la réserve.

— Oui. Il m'a dit que vous aviez été déterminante dans la rédaction de Stone Heart et que vos corrections ont apportés du sens supplémentaire à l'histoire. Sans vouloir offenser qui que ce soit, j'ai rencontré Anton Baltik et le courant n'est pas vraiment passé... J'ai eu du mal à croire qu'il était l'auteur d'une oeuvre aussi dense, surtout qu'il semblait ne pas savoir comment la mettre en image. Souvent dans mon métier, on doit ralentir les ardeurs des auteurs qui participe à l'écriture de leur propre histoire. Ils sont très protecteurs vis à vis de leurs oeuvres mais lui... il avait l'air enclin à tous les compromis. Tout ce qui l'intéressait, c'était le montant du contrat et la date de la première pour qu'il s'y rende. Dit-il avec une pointe de mépris.

Alors que mon verre m'est servie. Je l'observe et décide de voir si il maitrise autant le sujet qu'il semble le montrer.

— Pourquoi avez-vous décidé d'adapter Stone Heart ? C'est une histoire compliquée à retranscrire sur grand écran. Vous auriez pu choisir autre chose ?

The Shadow WriterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant