The Shadow Writer

Vingt-neuf

Alex

La réunion avec mon équipe technique vient de se terminer et nous nous sommes mis d'accord pour commencer les repérages la semaine prochaine. Ethan a déjà contacté les agences d'artistes pour préparer les castings et j'ai entamé quelques story-board pour imaginer la mise en scène. Il faut que je m'occupe l'esprit à m'en abrutir, afin de ne pas penser à Bianca. Ma visite surprise ne s'étant pas passé comme je l'espérais, j'ai préféré prendre mes distances et me replier sur mon travail pour lui laisser de l'espace. J'ai été profondément contrarié qu'elle puisse ne serais-ce qu'imaginer que je serai prêt à la jeter en pâture auprès des médias, uniquement pour obtenir ses droits d'exploitation. Je n'arrête pas de repenser à ce que j'ai bien pu faire pour la pousser à réfléchir ainsi. À part la peur... je ne vois pas d'autre explication à son soudain revirement d'humeur. Elle est si méfiante... et moi qui croyais qu'elle avait fendu l'armure avec moi. Je me rends compte que pendant tout ce temps, elle était sur le qui vive, attendant une erreur de ma part qui justifierait sa réticence à s'ouvrir à moi. J'étais persuadé que nous avions passés un cap elle et moi. Lequel ? Je ne sais pas et puis de toute façon, ce n'est plus d'actualité maintenant, car très clairement elle ne me fait pas assez confiance pour croire en ma bonne foi.

Je crève d'envie de l'appeler mais je n'ose pas, de peur d'être à nouveau rejeté et puis, je ne crois pas que ce soit une bonne idée de nous mettre à découvert ainsi, aussi près du but. Il faut que nous restions vigilant vis à vis de Roman qui à cause sa fébrilité, redouble de malveillance pour avoir ce qu'il veut.

Je range mes affaires considérant que ma journée est terminé. J'ai besoin d'un peu de repos pour pouvoir réfléchir sereinement à tout ce qui est en train de m'arriver. Pour être honnête, si je pouvais tout balancer et allé la retrouver... je crois que je le ferai. Depuis qu'elle est entrée dans ma vie, il n'y a plus que cet amour que nous partageons qui compte. J'arrive à être complètement moi-même lorsqu'elle est là. Depuis le décès de ma grand-mère, je ne m'étais jamais autorisé à être aussi proche de quelqu'un. J'ai eu quelques histoires mais elles n'ont jamais été très concluantes et encore moins aussi passionnelles. Quand je suis avec Bianca, il n'y a plus de barrière. Elle et moi formons un tout, du moins c'est ce que je pensais... Me serais-je à ce point tromper sur ce que nous avons vécu elle et moi ?

Je n'ai pas le temps de trouver de réponse, qu'Ethan entre en trombe dans le bureau et allume rapidement l'écran de télévision.

— Il faut que tu vois ça Alex ! Dit-il paniqué.

— Qu'est-ce-qu'il y a ?

Il appuie sur la télécommande et s'arrête sur une chaine d'informations en continu. Une femme d'une trentaine d'année parle de l'affaire Roman Eden avant que la caméra ne fasse un gros plan sur son invité : Bianca !

— Monte le son. Demandais-je à Ethan interloqué.

Il s'exécute et nous regardons avec attention ce qui est en train de se jouer devant nous. La journaliste est assise sur un siège et en face d'elle, Bianca. Le regard droit et déterminée répond à toutes ses questions.

— Tout d'abord, merci d'être venu jusque dans nos studios pour répondre à nos questions. Commence la journaliste. Vous n'êtes pas sans savoir que depuis quelques jours le nom de Roman Eden fait la Une de nombreux journaux, notamment au sujet d'une maison d'édition qui utiliserait le travail d'écrivains féminins pour valoriser des auteurs masculins. Pouvez-vous nous éclairer sur ce sujet ?

— Oui... euh... en réalité, j'ai participé à ce procédé. Pas de façon délibéré au début.

— Comment ça? Expliquez-vous ?

— Cela faisait plusieurs années que je cherchais à me faire publier et un jour j'ai reçu un appel de Cassandre Édition. Après un rapide entretien, on m'a proposé de publier mon histoire mais à la condition que je la donne à un autre auteur, car comme je n'étais pas connu, ils voulaient tester mes écrits sur le public. Sur le moment, je ne me suis pas méfiée car pour être honnête, je ne connaissais rien au monde de l'édition. On m'a fait comprendre que ce procédé était répandu et qu'il n'y avait rien à craindre.