Trente et un

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Cela fait maintenant trois jours que je dors à peine, depuis que j'ai reçue cette convocation de la part des avocats de Roman. Je me prépare à la confrontation pour l'audience qui aura lieu dans quelques heures. J'essaie de me calmer et de ne pas tomber dans une angoisse exagérée, mais je n'y arrive pas ! Depuis l' interview que j'ai donné, je ne cesse d'être sollicitée par d'autres journalistes, mais je refuse systématiquement toutes les propositions, estimant que mon grand déballage était déjà bien suffisant. Je savais qu'en agissant ainsi, j'allais m'attirer les foudres de Roman, mais je n'en pouvais plus de cet épée de Damocles qui planait au-dessus de moi. Surtout après qu'il se soit introduit dans ma chambre à Stockholm, il m'a promis de s'en prendre à Léonard et Henry et je ne pouvait pas laisser faire ça. Il fallait que je fasse quelque chose pour l'en empêcher et il fallait que je le fasse vite! Ces deux hommes n'ont fait que m'aider et je ne pouvais pas les laisser entre les mains de cet homme prêt à tout pour les faire taire.

Malgré tout mes efforts, le nom de Léonard Ponti est apparu dans la presse. Les journalistes ont menés leur enquête et ont constatés qu'il a été le gérant des Éditions Cassandre durant le temps qu'à duré cette supercherie. Il m'a appelé pour me dire qu'il avait eu un échange très désagréable avec un éditorialiste français, qui le sommait de s'expliquer sur ses manœuvres. Il a dû prendre un avocat au cas où... en même temps, même-ci je lui ai pardonné, il ne faudrait pas oublier le rôle majeur qu'il a eu dans toute cette histoires et que peut-être, ce qui est en train de lui arriver est une forme de retour de karma. Quoi qu'il en soit, j'ai décidé de ne pas l'abandonner. Il fait parti de ma vie et je lui doit ma nouvelle carrière... Quant à Henry, il se porte comme un charme! Il n'a pas l'air d'avoir peur des menaces qui pèse sur lui outre mesure. Je pense qu'il avait déjà évalué les risques avant d'accepter de prendre en photo des documents compromettants. Il ne travaille plus pour Roman, il en a profité pour prendre sa retraite, s'évitant de ce faite, de chercher du travail sur une île où la famille Eden fait la pluie et le beau temps.

Quand j'y repense, je n'ai pas fait ça toute seule en réalité. J'ai été aidée, soutenue et accompagnée. Quand j'étais assise dans ce fauteuil avec ces caméras pointées sur moi, j'étais pétrifiée! Étant resté si longtemps en retrait comme on me l'avais demandée, me retrouver sous les feux des projecteurs de façon si soudaine... cela m'a déstabilisée. J'ai d'ailleurs découvert que la célébrité ne m'intéressait pas. En tout cas, moins qu'Anton Baltik ! Lui qui aurait adoré l'attention que cela aurait suscité! Je crois que l'interview de Lauren sera probablement la seule que je ferai avant un long moment. Je ne compte pas me faire un nom grâce à cette affaire sordide mais plutôt avec mes écrits. Quand je suis sortie du studio, j'étais lessivée, comme-ci on avait aspiré une partie de moi, mais quand j'ai vu Alex venir à ma rencontre... J'ai été soulagée.

— Tu es prête ? Me dit-il d'une voix calme.

Je me retourne et le voit dans l'encadrement de la porte. Il me sourit discrètement.

— Pas vraiment... mais je n'ai pas le choix. Dis-je anxieuse.

— Viens. Dit-il en m'ouvrant les bras.

Je m'y précipite sans réfléchir et l'enlace, me rendant compte qu'il est devenu mon endroit préféré.

— Tu n'as pas à avoir peur, tu as déjà gagnée Bianca. Il ne pourra plus jamais t'obliger à faire ce que tu ne veux pas faire. Tu es libre maintenant et sa vengeance sera dérisoire quoi qu'il en pense.

— Oui. Je suis libre maintenant. Acquiesçai-je.

Le rendez-vous à lieu dans le building d'Eden Inc à Westminster. Nous montons à étage le plus élevé et à ma grande surprise une dizaine de personnes attendent déjà dans le couloir. Je fronces sourcils en constatant qu'il y a une majorité de femmes.

The Shadow WriterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant