The Shadow Writer

Vingt

La nuit est déjà avancée quand je finis de tout lui raconter sur la canapé du salon. Il ne m'a pas interrompu une seule fois. Il s'est juste contenté de m'écouter patiemment. De temps en temps, il prenait une pose de réflexion avant de se re-concentrer sur le récit que je lui faisait. Cela fait quelques secondes que j'ai terminé mes explications mais il ne dit rien. Il est certainement en train d'assimiler toutes les données que je viens de lui fournir. Surtout qu'il y a des choses que je lui ai révéler dont je ne suis pas fière. Cela à dû certainement refroidir ses ardeurs à mon sujet.

— Tu sais... j'ai honte de moi, car si je n'avais pas été aussi faible, si j'avais poursuivi mon chemin et attendu qu'une autre maison d'édition me propose un contrat plus avantageux, peut-être n'aurais-je pas tous ses problèmes aujourd'hui. Ajoutais-je pour me justifier.

Il me prend les deux mains et les caresses doucement.

— Tu n'as rien à te reprocher. Tu as été piégé alors que tu voulais simplement t'en sortir, et cette machination a été fomenté autour de toi sans que tu ne t'en rende compte. Je crois que j'ai une idée... mais on va avoir besoin de Léonard et... de cet Henry aussi, du moins pour commencer.

—Léonard et Henry ? Pour quoi faire ? Demandais-je avec étonnement.

— Parce-que ce sont les seuls qui peuvent le confondre ! Henry a travaillé pour la famille de Roman et il sait comment ils ont réussi à cacher leurs véritables natures pendant de si longues années. Léonard connait lui aussi le fonctionnement de l'entreprise et il semblerait qu'il ait envie de se racheter avec toi, bien plus que ce que tu sembles croire. Je suis réalisateur Bianca, je conçois des histoires qui sont projetés sur grand écran pour que les spectateurs puissent croire à ce qu'ils voient. On doit pouvoir utiliser toutes les armes que nous avons contre lui, car Roman a beau dire qu'il te veux, il n'a malgré tout aucun d'état d'âme en ce qui te concerne.

— À quoi tu penses ?

— On va mettre un point une histoire, un récit... et on va s'y coller. On va lui faire croire qu'il est en position de pouvoir puisqu'il aime ça. Alors qu'en réalité, derrière son dos, on récoltera des preuves pour le faire chuter lui et son entreprise abjecte !

Je l'écoute parler et me demande si ce qu'il est en train de me proposer est véritablement réalisable. Il a l'air sûr de lui, mais je ne sais pas qui je dois l'impliquer autant qu'il semble l'espérer. Je ne veux pas qu'il devienne un dommage collatéral de ma stupidité.

— Ça à l'air brillant comme idée quand tu le décrit comme ça mais, je ne crois pas que j'ai envie d'entraîner toutes ces personnes dans une histoire qui ne concerne que moi. Imagine que ça ne fonctionne pas ? Henry perdra son emploi et il habite l'Île de Jersey depuis toujours! Les Eden possèdent tout là-bas, il n'aura pas d'autre choix que de partir. Quant à Léonard, Roman lui en veut déjà d'avoir démissionné de façon précipité, si en plus il apprenait qu'il nous aidait, il le détruirait. C'est à moi de faire ce qui est juste, pas à eux.

— Tu te trompes ! Dit-il en s'approchant de moi. Tu n'as pas à endosser cela toute seule. Je sais que c'est ton premier réflexe car c'est aussi ainsi que j'aurai agit... mais ce n'est pas parce-que tu as été en proie à la solitude durant toutes ses années, qu'elle est forcément ton amie. Avant de réussir à faire les films que je voulais, j'ai fait face à une multitudes d'obstacles. J'ai croisé une foule de connards prétentieux qui étaient convaincu de savoir ce qui allait marcher ou pas... et j'étais seul à me battre pour leur prouver que je savais ce que je faisais. Dès que j'en ai eu l'occasion, je me suis affranchit de toutes ces absurdités et j'ai créé ma propre structure pour n'avoir personne au-dessus de moi afin qu'il ne puisse pas faire pression sur mon travail. Mais l'indépendance à un prix: la perte de l'innocence et la charge du devoir. Tu es une artiste Bianca. Un esprit libre. Les gens comme Roman... ils ne comprennent pas la beauté qui se cache derrière la création, alors il détruise ce qu'ils ne peuvent percevoir. Si on va au bout de ce plan et que ça marche, il n'y aura pas que toi qui en bénéficiera mais aussi toutes ces femmes qui n'ont pas pu se battre et qui souffrent en silence à cause d'un homme qui ne voit que son profit... Néanmoins, si tu n'es pas prête, je comprendrai. Je ne veux rien t'imposer, tout ce que je veux, c'est t'aider.

Je couvre mes yeux de ma main pour qu'il ne voit pas les larmes qui sont en train de couler sur mes joues. Jamais de ma vie, je ne m'étais senti aussi vulnérable auprès de quelqu'un. Il a lu en moi avec une telle facilité... les défenses que j'avais érigées autour de ma personne ces dernières années, n'ont pas de prises sur lui.

Oui c'est vrai, j'ai été seule pendant longtemps. Je pensais que ça ne me faisait rien, je m'étais en quelques sorte habituée... mais aujourd'hui, je me rends compte que je n'étais si heureuse que ça. J'ai besoin de lui et pas uniquement à cause de ce qui en train de se passer. Je crois que je le sais depuis longtemps, mais que je ne voulais me l'avouer. Pour moi l'amour a toujours été une faiblesse, mais à présent... il faut peut-être que j'apprenne à le voir comme une force ?

Il pousse délicatement mes mains de mon visage et lorsqu'il voit mes larmes, il les essuie avec ses doigts avant de poser ses lèvres contre les miennes.

— Réfléchit, c'est tout ce que je te demande.

— D'accord... Je vais y réfléchir.

— On va se coucher, il est tard ?

J'hoche la tête pour lui signifier mon approbation. Il m'aide à me lever puis nous éteignons les lumières du salon avant de nous diriger vers sa chambre. Une fois à l'intérieur, je me place devant la fenêtre et regarde la nuit prendre ses droits sur la ville de Londres qui arrive à briller malgré tout dans l'obscurité.

Dans le reflet de la fenêtre, je vois Alex en train d'arranger les draps du lit pour qu'il n'ai pas l'air trop défait. Une fois sa tâche accomplit, il croise mon regard et me sourit.

— Tu viens te coucher ? Dit-il d'une voix douce et rassurante.

Je me retourne et le rejoint. Je retire sa chemise que je portais, avant de me glisser sous les draps devenu frais. Il enlève son caleçon et son t-shirt puis éteint la lumière avant de me rejoindre. Je me colle contre lui et malgré la pénombre, j'arrive à voir son regard sur moi.

J'effleure sa joue, frotte mon nez contre le sien pour me délecter de son odeur, de sa présence tout simplement... Je fais glisser ma main sur sa peau jusqu'à son intimité et le caresse. Sa respiration devient plus saccadée et il m'embrasse passionnément, pour m'encourager à continuer. Je le sens durcir autour de mes doigts et le fait basculer sur le dos pour me mettre à califourchon sur lui. Je le guide à l'entrée de mon sexe avant de m'asseoir sur lui. Il s'accroche à mes cuisses quand je le sens ancré jusqu'à la garde. J'ondule des hanches autour de lui, savourant le fait d'être remplie de sa présence. Je vais d'avant en arrière, trouvant mon rythme, désirant lui donner autant de plaisir qu'il m'en donne. Ses mains viennent jouer avec mes seins et je m'y accroche pour prendre plus d'élan. Voulant nous faire décoller vers les cimes du plaisir. Je ne tarde pas à sentir le frisson de la délivrance s'étirer en moi. Il quitte ma poitrine pour coller une main sur mon clitoris, me titillant jusqu'à l'extase. Je ne tarde pas à exulter autour de lui. De long spasmes me traverses et je me retiens à ses avants-bras pour ne pas tomber.

Ne pouvant plus tenir, il prend les devants et accélère la cadence, m'offrant de puissants coups de reins succincts, jusqu'à ce qu'il jouisse à son tour dans un souffle guttural. Je m'effondre contre son torse repu par toutes ses sensations, ressentie au court de cette journée irréelle. Quand il referme ses bras autour de mon dos, j'ai la tête collé contre son torse et me délecte de cette sensation incroyable de plénitude, de ce peau à peau réconfortant...

Encore embrumé par la puissance de mon orgasme, je dois me résoudre à l'évidence, je comprends que je suis en train de tomber amoureuse.

Je suis en train de tomber amoureuse d'Alex Halston.