Roman
Il est à peu près 20h quand je regarde sur l'écran de mon téléphone. Je viens de raccrocher avec des investisseurs potentiels et si tout se passe comme prévu, Cassandre Édition aura une petite soeur aux États-Unis. Je ne sais pas encore où, parce-que j'hésite encore. New York c'est le lieu conventionnel pour tout ceux qui veulent s'élever dans le monde de l'édition à l'international mais Washington serait parfait pour les réductions d'impôts. Je réfléchirais à ça plus tard, pour le moment je suis juste ravie d'avoir pu finir ce que j'avais commencé. Je décide donc de m'octroyer un moment de détente et ouvre mon ordinateur pour y chercher dans mes dossiers. Je recherche quelque chose de bien précis qui se cache dans mes fichiers personnels. Je tombe sur la vidéo que je cherchais et que j'ai déjà tant de fois regardé, mais alors que je m'apprête à la visionner à nouveau, Keith pénètre dans mon bureau.
— Vous ne pouvez pas frapper ?! Lui dis-je avec agacement.
— J'ai frappé monsieur mais vous n'avez pas répondu. Répond-t-il calmement.
— Peut-être étais-je occupé! J'aimerais rester seul!
— J'étais juste venu vous demander si vous n'aviez besoin de rien... avant que je ne finisse mon service.
— Non, je n'ai besoin de rien... Dis-je voulant me débarrasser de lui rapidement.
— Bien monsieur. Au revoir monsieur. Dit-il avant de fermer la porte derrière lui.
Enfin seul! Me dis-je avec soulagement. Je me re-concentre sur mon document mis en attente puis appuie sur le bouton play du lecteur de mon ordinateur. Quand les images commencent à défiler, je me détends instantanément, je les ai déjà vu des centaines de fois, mais à chaque fois je suis surpris par l'intensité de mon désir.
Elle est là.
Découvrant la chambre de la maison d'ami pour la première fois. Je souris quand elle pousse la porte de la salle de bain et qu'elle retire ses vêtements avec rapidité, tout en se déhanchant sur cette musique horrible mais rendu terriblement sexy par ses mouvements à elle. Bianca ! C'était le premier jour de son arrivée à Jersey, je l'avais observé en directe de mon bureau. Je m'étais tout de suite imaginé ce que nos ébats donneraient. Bien évidemment, la réalité a dépassé de loin mes pensées...
Depuis son premier livre, j'avais demandé à Léonard de me l'emmener, mais il trouvait tout les prétextes du monde pour reculer notre rencontre... « Laissez-la écrire les trois tomes... » disait-il,
« Elle n'est pas encore prête... »
Il m'aura fallu cinq ans pour l'amener dans mon lit, mais quelle expérience ce fut! Avec les autres, il n'y avait pas eu cette attente, ce désir lancinant qui m'avait rendu avide... et puis, je voulais juste qu'elles soient sous mon charme afin qu'elles me mangent dans la main le moment venu.
Bianca croit que je les ai contraintes à travailler pour moi, alors qu'en réalité après leur passage au manoir, elles ne n'arrivaient plus à se passer de moi. Elles me voulaient pour elles seules et ne souhaitaient plus repartir... je devais les mettre à la porte à chaque fois !
C'est ainsi que le plan prenait forme. Je les rendaient assez amoureuses pour qu'elles me regrettent et que surtout, elles fassent tout pour retrouver mes faveurs. Elles se pensent uniques, mais aucunes de ces auteures ne connaissent l'existence des autres... et elles ne le sauront jamais. C'est ainsi que fonction cette entreprise et grâce à cela, elle perdurera !
La seule qui m'ait résisté et que j'aurai voulu qu'elle succombe: c'est Bianca. Léonard m'avait prévenu qu'elle était intelligente, mais il le dit à chaque fois ! Alors je ne me suis pas méfié, mais c'était vrai... Cette fille est d'une incroyable perspicacité! Je me suis oublié une fois, juste une seule fois, mais c'est comme si j'avais commis l'erreur fatale... et elle a tout de suite lu en mon jeu. Elle aurait fait une superbe joueuse de poker si elle l'avait voulu ! Elle m'a percé à jour et à refusé toutes mes tentatives de rapprochements pour me rattraper après cela.
Plus elle me résistait, plus ça m'excitais... et elle m'excite encore. De plus en plus, à mesure des jours qui passent. Je sais qu'à un moment, elle me cédera car elle n'aura pas d'autre choix. J'ai senti son hésitation lorsqu'elle est venue ici. Elle s'est refusée à moi parce-qu'elle s'est entiché de cet Alex Halston, mais il ne pourra jamais la combler comme moi je l'ai fait à Jersey. C'est un rustre, dénué de tout raffinement... Sa musculature lui a peut-être fait tourné la tête mais si elle est aussi intelligente qu'elle le prétend, l'illusion ne tiendra pas longtemps. De toute façon, elle est à moi et je ne compte pas abandonner ! Quand elle comprendra que je la veut vraiment et pas uniquement pour agrandir mon tableau de chasse, elle consentira à me revenir. Il ne peut en être autrement.
Bianca ferait une compagne idéale... Belle, futée et dotée d'un corps à se damner ! Je n'aurai aucune honte à parader à son bras, j'en éprouverais même une certaine fierté ! Si elle était moins butée, peut-être verrait-elle aussi son avantage à être avec quelqu'un tel que moi. C'est en cela que réside tout le paradoxe de la situation: son obstination lui fait refuser une éventuelle relation avec moi, ce qui me contrarie au plus haut point, mais en même temps, c'est cette opiniâtreté que je trouve irrésistible !
On pourrait jouer à ce jeu là indéfiniment...
Néanmoins, je n'ai pas la patience d'attendre qu'elle me cède enfin. Cela a assez duré, je vais devoir prendre ce qui me revient de droit et Bianca Lasso est à moi !
Je referme mon ordinateur et rallume mon téléphone que j'avais éteint pour ne pas être déranger. Lorsque l'écran apparait, il est plein de message. La plupart proviennent du cabinet d'avocat qui me représente. Intrigué par leur acharnement à vouloir me parler, je les appelle malgré l'heure tardive. Ils répondent presque immédiatement.
— Monsieur Eden ! Dit John paniqué. On a essayé de vous joindre mais vous ne répondiez pas !
— Qu'il y-a-t-il ? Dis-je surpris qu'il s'adresse à moi avec aussi peu de déférence.
— Vous n'avez pas vu ?!
— Quoi donc ?
— C'est partout sur les sites d'informations en ligne et de ce qu'on a pu apprendre, demain la plus part des tabloïds en feront leur Une.
— Mais de quoi parlez-vous ? Je ne comprends rien! Répondis-je agacé par tout ces mystères.
— Et bien... on vous accuse d'être à la tête d'une gigantesque entreprise basé sur le harcèlement moral et sexuel, mais aussi d'extorsions de droits d'auteurs. C'est très mauvais pour les affaires monsieur Eden. Les investisseurs n'arrêtent pas de nous appeler, depuis que les articles ont commencés a être partagés sur les réseaux sociaux et on ne sait pas quoi répondre car nous n'avons pas pu discuter de la ligne à adopter avec vous.
— Vous plaisantez ? Mais qui a écrit ça ?! D'où ça sort ? Demandais-je avec rage.
— On ne le sait pas, c'est bien ça le problème ! Les articles étant sorties en même temps, on ne sait pas qui est à l'origine de ces annonces, cependant les choses sont en train de nous échapper et vu le climat actuel, il faut absolument faire un démenti dans les heures qui suivent pour espérer contenir l'hémorragie. Dit-il paniqué.
— Faite rédiger un communiqué disant que tout cela n'est qu'un tissu de mensonges et que je me réserve le droit d'attaquer en justice tout ceux qui me calomnierai !
— On l'a déjà écrit, mais je doute que cela ne fasse quoi que ce soit...
— Publiez-le quand même ! Ça me donnera le temps de réfléchir à quelque chose de plus efficace.
— Bien monsieur, nous faisons ça tout de suite. Nous vous tiendrons au courant dès que le communiqué sera prêt. Dit-il avant de raccrocher.
Elle n'a pas osée ? Me dis-je essayant de savoir si Bianca a bien mis ses menaces à exécution. Quand bien même qu'elle irait crier partout ce qu'elle a appris sur moi, personne ne la croirait, car personne ne la connait! Et elle n'a aucune preuve qui pourrait justifier ses dires ? Je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur elle, je dois rattraper les dommages qui sont en train de se faire et après... seulement après, je pourrais démêler le vrai du faux.
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The Shadow Writer
Mystery / ThrillerBianca Lasso est une écrivaine fantôme. Ce qui consiste à écrire des livres pour d'autres auteurs sans pouvoir les signer de son nom. Fatiguée de ne pas être reconnue à sa juste valeur, elle met son éditeur face à ses responsabilités et lui impose u...