Dans le train qui me ramène chez moi, je suis soulagée de retrouver les paysages qui me sont familiers. Nous ne sommes plus qu'à quelques kilomètre de Paris et j'ai hâte de retrouver mon chez moi, mon cocon que j'ai créé dans cet appartement que je me suis offert avec les miettes de mon travail certes, mais qui m'appartient malgré tout.
Je regarde mon téléphone est souffle en y voyant les multiples appels en absences de Léonard sur mon écran. Je ne suis pas encore d'attaque pour le confronter et lui dire ces quatre vérités après avoir appris la vérité à son sujet : qu'il m'a en quelque sorte jetée dans la gueule du loup pour cacher son secret, et pour quelle raison ? C'est ce que je lui demanderai une fois que je lui ferai face. Je ne veux pas faire ça au téléphone. Je veux une vrai confrontation, il me doit bien ça !
Une fois à quai, je m'active hors de la gare pour prendre un taxi à la volé. Je suis exténuée par ce voyage très matinale et je n'ai pas la force de prendre le métro pour me retrouver dans la cohue des heures de pointes. Une fois assise à l'arrière de la voiture, j'envoi un message de remerciement à Henry qui a été une sorte de phare dans la nuit embrumée que j'ai traversée ces derniers jours. J'ai bien compris qu'il ne portait pas Roman et encore moins sa famille dans son coeur, mais alors pourquoi travailler pour lui ? La moitié de l'île étant en grande partie en possession des Eden, il n'a très certainement pas eu le choix, mais agissant comme il l'a fait, il a en quelque sorte restauré son honneur. Je remets précieusement sa
carte dans mon sac car mon intuition me dit que j'aurai besoin d'Henry dans le futur, étant donné que j'ai décidé de mener une enquête sur mon ex-logeur. Les mensonges et demi-vérités de Roman m'ont convaincu que quelques chose de plus grand se cache derrière de simples vidéos prises à mon insu. Il avait l'air d'en savoir plus qu'il ne le disait, notamment sur les contrats que nous signons à Cassandre Édition. Lorsque j'ai eu le mien entre les mains, Léonard m'a bien fait comprendre que la discrétion était de mise et que très peu de monde était dans la confidence. Je me rends compte que j'ai fait partie de tout un système qui s'est acharné à voler le travaille de femmes pour l'offrir à des hommes bien moins talentueux. Comment ai-je pu être aussi naïve ? Pourquoi n'ai-je pas attendu pour trouver une meilleure offre ? Je sais que j'ai une part de responsabilité dans tout ça, mais avais-je le choix ?
Je refuse d'être la victime de ce schéma d'exploitation que l'on m'a imposé. Puisque le système s'est ouvertement moquée de moi, je vais détruire le système !
Lorsque je passe la porte de mon appartement, un souffle de contentement s'échappe instantanément entre mes lèvres. Je me précipite dans mon salon et tire les rideaux afin d'y laisser passer la lumière du jour. J'en profite aussi pour aérer un peu. Je m'écroule dans mon canapé d'angle et pour la première fois depuis des jours: je me détends! J'entends le bruit de la circulation parisienne affluente à cette heure de la journée, ainsi que la sonnerie de l'école qui est à quelque mètres, mais je me délecte de cela! Mon quartier m'a beaucoup manqué, même si la quiétude de Jersey avait son charme, mais ça commençait à me peser malgré tout. Je suis une vraie citadine, j'aime la ville et tout ses avantages: les magasins ouvert tard, les restaurants, les concerts, les librairies... Je suis chez moi et plus que jamais, j'ai besoin de ça pour pouvoir y puiser ma détermination car je sens que je vais en avoir besoin ces prochains jours.
Je décide de prendre des forces avant de retourner à la poursuite de l'écriture de mon roman, tout en réfléchissant à l'approche approprié pour démêler le vrai du faux dans l'affaire Roman Eden. Je me commande un plat à emporter dans le restaurant indien que je préfère avant de commencer à défaire mes bagages dans ma chambre. À peine ai-je fini de ranger mon dernier vêtement que l'on sonne à la porte. Je suis surprise par la rapidité du livreur mais m'en félicite car je meurs de faim, cependant, je déchante en ouvrant la porte quand je reconnais celui qui est en face de moi : Léonard !
— Qu'est-ce-que tu fais ici ? Dis-je sur la défensive.
— Pourquoi tu ne réponds pas à mes appels ? Et pourquoi es-tu partie aussi vite, sans même me prévenir ?! Dit-il en pénétrant chez moi sans même attendre que je l'y ai invité. Je t'avais dit de me tenir au courant !
— Tu n'es vraiment pas en position de me demander quoi que ce soit. Répondis-je plein de rage contenu.
— Écoute Bianca, tu ne comprends pas bien ce qu'est en train de se passer là...
— Si je comprends très bien! Je suis au courant de ton petit arrangement avec ce pervers de Roman Eden ! Comment as-tu pu ?! Comment as-tu pu nous envoyer là-bas comme-ci nous étions des prostituées afin de divertir cet homme malsain ! Dis-je enragée.
— Quoi ? Mais, qu'est-ce-que tu racontes ?
— Roman sait qui je suis. Par là je veux dire, qu'il sait que je suis l'auteure de Stone Heart et que ce n'est pas Anton qui l'a écrit ! Et il sait aussi pour les autres, alors que moi je n'étais pas au courant. Tu t'es servie de moi et de ces femmes pour faire vivre ta maison d'édition. Tu me dégoute !
— Ce n'est pas ma maison d'édition ! Tu te trompes Bianca, je n'y suis pour rien... enfin, je... les choses sont plus complexes qu'elles n'y paraissent. Je ne devrais pas être là, je ne peux pas rester mais je te jure Bianca, je ne suis pas un monstre. Il faut que tu me crois.
— Je ne te crois plus ! Je n'ai plus confiance en toi ! Tu m'a menti et ce depuis le début.
— Je n'avais pas d'autre choix, c'est comme ça que les choses fonctionne chez Cassandre. Sache que si tu te sens utilisé et bien moi aussi je ne suis qu'un pion. Viens demain au bureau, à 8h. Je t'expliquerai tout. Sur les autres auteures mais aussi sur Roman. Je te dois bien ça, car même-ci tu m'en veux aujourd'hui, sache que je t'ai toujours considéré comme une amie et une écrivain brillante.
— Je ne sais pas si c'est une bonne idée.
— Plus tôt tu sauras, plus tôt tu comprendras et peut-être, tu pourras échappée à toute cette histoire. Je dois y aller, je suis attendu mais s'il te plait, d'ici là ne dit rien, ne fait rien qui te mettais en danger. Tout ce que tu as à faire c'est te rendre au bureau demain à 8h comme si de rien n'était et je répondrai à toutes tes questions. Dit-il avec affolement.
Je n'ai pas le temps de lui répondre qu'il est déjà parti. Je suis perplexe devant le ton qu'il a employé mais aussi les mots qu'il m'a dit. Il avait l'air terrifié et déterminé, me rappelant la dernière discussion que vous avions eu avant que je ne quitte le manoir Eden.
Il veut tout me dire sur le fonctionnement de la maison d'édition et sur Roman ? Me répétais-je interloquée.
Les deux seraient-ils liés ?
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The Shadow Writer
Mystery / ThrillerBianca Lasso est une écrivaine fantôme. Ce qui consiste à écrire des livres pour d'autres auteurs sans pouvoir les signer de son nom. Fatiguée de ne pas être reconnue à sa juste valeur, elle met son éditeur face à ses responsabilités et lui impose u...