Vingt-sept

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Je me suis battu avec le sommeil toute la nuit afin de pouvoir le regarder dormir à mes côtés. Je sais que nous n'avons pas beaucoup de temps, uniquement ces quelques moments volés. Cependant, je veux pouvoir les garder en mémoire quand il sera parti. Le voyage a dû l'épuiser car il est profondément endormi.

J'observe ses traits détendus, sa bouche légèrement ouverte où son souffle s'étire entre ses lèvres charnus et lisses... je ne résiste pas au fait de passer délicatement mes doigts sur le contour de sa joue piquante, habillée d'une barbe de trois jours. Je descends jusqu'à son épaule et me fraye un chemin sur les lignes de son tatouage qu'il a sur le torse et que j'ai appris à aimer. C'est le moment qu'il choisit pour émerger de son repos. Il bouge tout en s'étirant, avant d'ouvrir les yeux. Je le voit rassembler ses idées, reconnaissant petit à petit l'endroit où il se trouve, puis il se tourne vers moi et m'offre un regard affectueux qui finit de me séduire.

— Il quelle heure ? Demande-t-il d'une voix rauque.

— Il est soit trop tôt, soit trop tard. Ça dépend de comment on voit les choses. Dis-je tout en caressant ses cheveux.

— Alors disons qu'il est encore tôt pour que je parte. Dit-il en s'avançant vers moi tel un félin.

Je bascule sur le dos lorsqu'il s'allonge sur moi et pose ses lèvres sur mon front, avant de frotter son nez sur le mien. Je savoure ce doux contact, comme une délicieuse gourmandise interdite.

— Je suis si contente que tu sois venu... Dis-je encore émerveillée. Ces derniers jours ont été une vraie torture.

— Pour moi aussi. Répond-t-il en me regardant droit dans les yeux.

— Je suis contente que ce soit toi qui est brisé notre pacte, étant donné que c'est toi qui a mis en place ce plan, je n'ai donc pas à culpabiliser de quoi que ce soit... Dis-je avant de caresser ses lèvres avec ma langue.

Il se raidit et regarde le mur au-dessus de ma tête, comme pour réfléchir. Ce n'est pas la réaction à laquelle je m'attendais, je m'imaginais profiter encore un peu de son corps dont j'avais été privé trop longtemps, mais il ne semble pas de cet avis.

— Quelque chose ne va pas ? Demandais-je.

Il baisse sa tête vers moi, puis se laisse choir sur le matelas à contre coeur. Je me sur-élève pour le regarder, inquiète de son changement d'humeur soudain.

— Je ne suis pas venu ici uniquement parce-que tu me manquais... j'ai quelque chose à te dire ou du moins... à te demander. Dit-il prudemment.

— Vas-y, je t'écoute.

— C'est à propos de Roman...

— Oh non! Nous n'avons pas beaucoup de temps à passer ensemble et je ne veux pas tout gâcher en parlant de cet abruti!

— C'est à cause de lui que je suis ici. Rétorque-t-il. Il est passé à mon bureau il y a quelques jours. Le traitement médiatique qu'il subit devient oppressant et il m'a demandé de l'aider.

— C'est un blague ?! Dis-je presque hilare. Et tu as dit quoi ?

Il se lève du lit, ramasse son caleçon à terre et le met sur lui. Je comprends que la discussion a remplacé le batifolage et je ne suis pas sûr d'y gagner au change.

— Je l'ai envoyé paitre bien évidemment... mais le fait qu'il se soit senti autant acculé au point de venir me demander de l'aide, alors qu'il connait mon aversion pour lui... je me suis dit que c'était le moment parfait pour lui mettre le coup de grâce et peut-être se retirer de cette histoire plus tôt qu'on ne l'aurait imaginer.

— Comment ça ?

— Il voulait que je fasse une interview pour le dédouaner, pour montrer que je le soutenait et qu'il était incapable de ce pourquoi on l'accusait. À ce moment, j'ai compris que ce qui comptait avant tout c'était l'image qu'il donnait de lui et que si il perdait ça, il avait tout perdu.

The Shadow WriterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant