2. Un passé qui ressurgit.

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C'était la folie aux urgences à cause d'un incendie dans un immeuble. C'était la première fois qu'il vivait cela. Il était dans la ville depuis peu de temps. Il avait déménagé pour prendre son poste de résident en chirurgie. C'était son tour de garde aux urgences. Il y avait beaucoup de victimes ayant des problèmes respiratoires à cause de la fumée. Certains avaient aussi des brûlures et pour l'instant, pas de morts à déplorer. Il espérait que cela aller continuer ainsi car il détestait perdre un patient. Les ambulances arrivèrent. Le titulaire et le chef des résidents demandèrent aux différentes équipes composés de résidents, internes, infirmières et d'aide-soignant d'être prêt. Le service des urgences s'était préparé à accueillir les victimes ee cette catastrophe. C'était au tour de son équipe, les portes du véhicules s'ouvrirent avec un patient sous assistance respiratoire. Et là, Marco cru voir quelqu'un. Il devait rêver, ce n'était pas possible que cela soit lui. Il se reprit en commençant à donner des ordres à son équipe. Le patient fut installé sur le lit d'un box des urgences et se fut un choc. Il en était sûr, devant lui était allongé dans un état grave une personne qui avait ressurgit de son passé. Une infirmière l'interpella plusieurs fois et il reprit alors ses esprits. Il devait se concentrer en mettant de côté les innombrables questions qui se bousculaient dans sa tête. Il fit tout son possible pour donner une chance au patient de survivre car il était dans un sale état : difficultés respiratoires causées par la fumée, une peau atteinte par les fortes chaleurs, inconscience. La situation était critique. Heureusement qu'il n'était pas touché par le feu mais la fumée restait toujours toxique dans les appartements et pouvait avoir des conséquences néfastes. L'équipe se démena longuement afin de le stabiliser dans un état qui demeurait très fragile. Ils avaient passé beaucoup de temps sur ce cas. Marco prit ensuite la décision de le mettre en réanimation cardio-circulaire en soins intensifs car sa saturation ne remontait pas et il ne s'était pas réveillé.

La vie aux urgences était telle qu'il devait passer à un autre patient rapidement une fois le déplacement en soins intensifs du malade précédent. Ainsi se déroula sa garde qui était encore plus épuisante à cause de cet incendie. Il travaillait encore plus en flux tendu que d'habitude. Il n'eut pas beaucoup à intervenir sur des cas de chirurgie sauf sur un cas de brûlure grave qui l'emmena en salle d'opération pour une incision chirurgicale pour diminuer la pression de l'oedème. Cela lui prit le reste de sa garde et déborda aussi sur la fin.
Le seul côté positif c'était qu'il n'y avait pas de décès. Dès la fin de son opération , il se dirigea vers le service réanimation et soins intensifs afin de prendre des nouvelles de ce fameux patient. Il demanda aussi à le voir.
- Je suis venu voir le patient que j'ai fait transférer ici. C'est une des victimes de cet incendie.
- Je vois bien de qui vous parlez. Il n'est toujours pas réveillé. Cela me fait mal de le voir dans ce service. Il avait déjà assez souffert dans sa vie.
- Vous le connaissez ?
- Il venait souvent au service des urgences après qu'un client l'ait mal traité en général. La dernière fois que je l'ai vu avant de venir dans ce service, j'avais appris qu'il était devenu escort. J'espérais qu'il ait ainsi beaucoup moins de problème. Je pensais que travaillait à la rue était beaucoup plus risqué. Hélas, il n'a pas de chance. La vie s'amuse vraiment à s'acharner sur certains.
- A-t-il des proches ?
- Il était toujours seul. Personne ne venait le chercher d'après mes souvenirs.
- Comment va-t-il ?
- Il est dans un état stable mais qui demeure critique. Je vous laisse le voir.
- Merci beaucoup Lisa. Son médecin est-il présent ?
- Oui, il fait sa tournée.
- J'irai le voir plus tard pour avoir plus de précisions.
- Ne tardait pas trop car il doit se reposer.
- Je le sais bien, merci.

Marco s'avança vers lui. Il était branché de partout. Le médecin consulta son dossier médical. Il y avait accès car il l'avait traité en premier et on était encore dans la même journée. Le patient était dans un mi-coma. Normal, il n'avait pas ouvert les yeux aux urgences et il était arrivé inconscient aux urgences. Il était là, allongé, blessé. Son corps défiguré par ses multiples traces qui témoignaient de ses nombreuses souffrances physiques et psychologiques. Malgré cela, il était toujours aussi beau et magnifique. Le temps l'avait encore plus sublimé à ses yeux. Il avait tant voulu le revoir après ses années et il était là. Qu'était-il devenu après tout ce temps ? Pourquoi les infirmières avaient dit qu'il était était de retour lors de sa prise en charge aux urgences ? Les termes prostitué et escort avait d'ailleurs été prononcés. Il avait vécu des souffrances, beaucoup de souffrances d'après Lisa. Il avait subi des agressions. Il donnait son corps, c'était devenu une pute ? Il espérait se tromper car sinon il s'en voudrait car tout cela était de sa faute ! Quelle allait être sa réaction à son réveil ? Il se promettait de tout faire pour le protéger. Il devait se faire pardonner. Il ne devait plus souffrir !

Marco toucha son bras. Il n'arrêtait pas de fixer son visage. Il ressemblait à un ange et ne méritait pas tout cela. On ne lui avait pas encore mis sa chemise d'hôpital. Il irait le dire aux infirmières plus tard. Il regardait son corps et en étant attentif, il vit quelques cicatrices et des traces d'hématomes. Les stigmates de ses souffrances et agressions étaient bien là. Notre médecin versa des larmes. Il s'assit à côté de lui et lui baisa sa main qu'il caressa avec sa joue.
- Je t'ai retrouvé. J'imaginais te voir dans de meilleures conditions que maintenant. Promet-moi de te battre ! Je vais tout faire afin que tu ne souffres plus, je te le promet. Je t'ai tellement cherché après cette fameuse nuit. Je m'en veux tellement. Pardon pour tout cela. C'est de ma faute. Je t'avais promis de te protéger mais je ne l'ai pas fait. Je m'en veux tellement, je te l'assure. Pardon, pardon, pardon... Je t'ai montré du doigt, je t'ai accusé, je t'ai rejeté. Tout cela alors que tu n'y étais pour rien. Je t'ai fait chuter dans la vie. Toutes tes souffrances sont de ma faute. Je m'en veux terriblement.

Il essuya une nouvelle fois ses larmes avec le dos de la main de ce patient.
- Qu'est-ce qui t'es arrivé depuis cette nuit ? J'ose à peine imaginer les épreuves que tu as enduré. Toutes ces marques sont des indices de tes souffrances. J'ai failli à ma promesse. Tu n'es plus seul maintenant. Je te le promet, je te le jure. Tout va changer. Tu vas aller mieux. Pourvu que tu te réveilles. Je vais t'accompagner et t'épauler. N'aie plus peur, je suis là maintenant. Je vais prier pour toi.
Il lui embrassa son front.
- Comment t'es-tu retrouvé ici, dans cette ville ? Loin de chez toi, de notre ville. Comment as-tu réussi à quitter Savannah en Georgie et pourquoi es-tu venu, ici à New-York ? Pourquoi ce déménagement ? Pourquoi le choix de venir ici ? Fais-tu ces choses depuis cette fameuse nuit ? J'ai trop de questions qui se bousculent dans la tête. Une chose est sûr, je ne vais plus te lâcher et tu va aller mieux. Tu mérites d'être heureux.
Les infirmières lui demandèrent de sortir pour laisser le patient se reposer. Elles le rassurèrent sur le fait qu'elles allaient s'occuper de lui mettre une chemise d'hôpital rapidement. Une toilette était même prévu. Il alla ensuite discuter avec le chef de service. Ce dernier lui déclara que la situation critique du patient était toujours en vigueur. Les 48 prochaines heures étaient cruciales pour la survie du malade.

Avant de quitter ce fantôme du passé, il le regarda une dernière fois. Il demanda au cadres du service, médecins comme infirmières de bien le traiter car c'était un ami d'enfance leur avait-il dit. Il attendait des nouvelles de l'avancée de sa situation médicale et avait demandé d'être mis au courant. Il sortit de l'hôpital et se rendit à son appartement. Il s'affalla sur le fauteuil. Il était épuisé physiquement et psychologiquement. Il respira profondément et prit son téléphone. Il devait l'appeler et le mettre au courant. Il avait retrouvé la trace de...
- Allo.
- ...
- J'ai une grande nouvelle.
- ...
- J'ai retrouvé la trace de Tyler.
- ...
- Tu as bien entendu : Tyler.
- ...
- Le Tyler, ton Tyler, notre Tyler. Il est à l'hôpital, dans le coma. Il a été victime d'un incendie.
- ...
- Je ne sais pas comment il a fait afin d'être là, à New-York et ce n'est pas joli d'après ces cicatrices. C'est horrible ce qu'il a vécu.
- ...
- C'était un habitué des urgences.
- ...
- Il se prostitue et est devenu un escort. Tu te rends compte !
- ...

Marco pleura au téléphone.
-  C'est de ma faute. Il souffre à cause de moi. J'ai peur qu'il meurt. Je m'en veux tellement pour tout cela.
- ...
- Je me doutais bien que tu allait venir. Tu es bien évidemment le bienvenu. Fais attention à toi.
- ...
- Tu viens comment ?
- ...
- Tu me tiens au courant pour ton vol. A bientôt ! Fais attention sur le trajet !
- ...
Marco raccrocha. Il n'allait pas être seul pour traverser cette épreuve. Quelle allait être la réaction de Tyler à son réveil ? Il la redoutait. Il avait besoin d'aide. Cela risquait d'être difficile dans les jours à venir. Tyler Hill, un fantôme du passé qui a ressurgit dans la vie de Marco Di Napoli.

Pardon !  (BxB) matureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant