Angleterre 1838
— Andrew !
Je reconnus immédiatement la voix d'Eleanor, la sœur de mon meilleur ami, William. Elle remontait l'allée de la propriété familiale en courant. Elle soulevait le devant de sa robe pour ne pas tomber. J'arrêtai mon cheval et mis pied à terre. Elle arriva à mes côtés à bout de souffle et appuya sur sa hanche pour vaincre un point de côté. J'attendis qu'elle récupère sa respiration. Ses joues rougies par l'effort contrastaient avec sa peau diaphane, les boucles folles s'étaient échappées de son chignon. Rétablie, elle se redressa, recoiffa machinalement ses cheveux blonds et me fixa avec ses yeux bleus avant de se mordre la lèvre inférieure.
— Andrew, est-ce vrai ?
Je haussai les sourcils.
— Quoi donc ?
Elle se dandina d'un pied sur l'autre.
— Will m'a dit que vous partiez en France avec votre oncle pendant une année voire davantage ? Est-ce la vérité ?
La proposition de mon oncle m'avait donné un nouvel objectif de vie, depuis la mort de ma mère et l'arrêt de mes études, je cherchai comment occuper mes journées. Je souris à Eleanor avant d'acquiescer, mais son visage se ferma.
— Comptez-vous revenir durant l'année en Angleterre ? À Londres, par exemple ?
Will m'avait prévenu de la fascination de sa sœur à mon sujet. J'étouffai ses espoirs dans l'œuf.
— Ce n'est pas prévu. Nous risquons d'être très occupés à nous installer à Paris et nous en profiterons pour visiter les pays voisins. Mon oncle aimerait développer son réseau afin d'investir sur le continent pour lui.
Elle eut un sourire crispé, ses yeux devinrent humides. Sa déception me fit mal au cœur, mais je préférai lui enlever ses faux espoirs rapidement. Elle me souhaita un bon retour et commença à repartir, le pas rapide. Elle marmonna quelques mots que je parvins à saisir.
— Pourtant il m'avait promis.
Je l'arrêtai en lui attrapant le bras. Elle me foudroya du regard et se dégagea rapidement.
— Que vous ai-je promis, Eleanor ?
Bien qu'elle fit un tête de moins que moi, elle se tint droite et me toisa.
— Je vais faire mon entrée dans le monde lors de l'ouverture de la saison. Vous aviez promis de me faire danser ce jour-là. Si vous partez, votre promesse tombe à l'eau.
Je me souvins de mes paroles dites dans le but de la réconforter deux ans auparavant. Je m'en serai abstenu si j'avais su qu'elle y avait attaché autant d'importance. Je la réconfortai à nouveau.
— Eleanor, vous ne ferez pas tapisserie. Vous serez sûrement l'une des débutantes les plus en vue de la Saison. À mon retour, je vous ferai en sorte à respecter cette promesse, dois-je demander à celui qui deviendra votre époux d'accepter de me laisser danser une danse avec vous.
Une larme coula sur sa joue, je sortis mon mouchoir et le lui tendit. Elle hésita avant de le prendre pour essuyer sa joue.
— Si vous le souhaitez Eleanor, vous pouvez m'écrire pour me raconter le déroulé de votre saison mondaine. J'en informerai William, il ne verra pas d'inconvénient et vous transmettra mon adresse à Paris. Je vous répondrais quoi qu'il arrive et tant que vous le voudriez. Cela vous convient-il ?
Elle m'adressa un sourire plus serein. Elle prit ensuite congé et je repartis après un dernier regard vers la jeune fille qui courrait dans l'allée.
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Correspondances avec la Marquis (anciennement Réputation) -Terminé
RomanceAngleterre 1843 Andrew rentre en Angleterre après cinq années passées en France avec son oncle. Il retrouve sa place parmi les pairs du royaume, ses proches et surtout Eleanor, la soeur de William, son meilleur ami. Pendant ses cinq années, ils ont...