Eleanor,
Vous m'avez demandé d'être sincère avec vous. Mon retour en Angleterre est bien différents de mes attentes
J'ai souhaité reprendre notre correspondance car je ne suis pas satisfait de la superficialité des échanges que permet la société
Notre amitié me manque ...
Je faisais tourner le porto dans mon verre sans prêter attention à la conversation entre mon père et mon oncle. Je n'entendis pas la question que me posa Alexander, sa mère le regarda fixement. Quand je revins au temps présent, mon oncle se moqua.
— Andrew, quelle demoiselle te rend songeur ? J'espère que celle-ci n'attend pas le mariage de ta part.
Lady Cornélia le fusilla du regard.
— Si ton frère avait encore sa canne, je m'en servirai pour te corriger, Alexander.
L'emploi du prénom entier de mon oncle était un mauvais présage, il avait irrité sa mère profondément, mais il n'en avait visiblement pas cure et la provoqua.
— Durant toute mon enfance, vous n'avez pas levé la main sur moi et vous avez interdit à quiconque de le faire. Alors pourquoi vouloir commencer maintenant ?
— À l'époque, vous aviez l'excuse de l'âge, aujourd'hui votre bêtise n'a pu lieu d'être. Peut-être que quelques coups pourraient vous remettre les idées en place. Heureusement que le duché n'attend pas sur vous pour avoir un héritié.
Mon oncle s'offusqua.
— Je n'exclus pas de me marier un jour.
Sa mère leva les yeux en l'air.
— J'espère que vous ne choisirez pas une débutante innoncente.
— Jamais je n'épouserai une enfant ! La Société a beau pensé qu'elles sont en âge de se marier, elles restent des enfants à mes yeux !
— Très bien ! Tout n'est pas perdu ! Cela m'évitera de devoir payer la famille pour faire fuir la jeune femme.
Mon père cachait son rire dans son verre, malgré les chamailleries de Lady Cornélia et son fils, l'ambiance était chaleureuse.
Cependant les mots de mon oncle ne cessaient de tourner dans ma tête. Le mariage, c'était bien la première fois que j'envisageai sérieusement la question. Toutes ces dernières années, cela avait été relégué à une pensée future sans vraiment de consistance. Je souhaitais un mariage heureux comme celui de mes parents ou de Lady Cornélia et de mon grand-père. Je savais que le premier mariage de mon grand-père avait été arrangé et que même si mes grands-parents s'entendaient bien, ce dernier n'avait pas été aussi heureux qu'avec sa deuxième et dernière épouse. Je voulais que ma future femme soit la partenaire de ma vie, que chaque décision soit commune et que notre entente perdure le plus longtemps possible. Jusqu'à présent, cette femme n'avait pas de visage, mais ces derniers temps, je me surprenais à penser à Eleanor de plus en plus souvent.
Je raccompagnai Lady Cornélia chez elle avant de rejoindre Sinclair au club. Bien que mon oncle aimait sa mère, il l'évitait souvent pour ne pas se retrouver sous le feu de son regard avisé et de ses remarques touchant à chaque fois sa cible. Contrairement à lui, j'aimais le tranchant de ses jugements, elle était toujours de bons conseils.
Dans la voiture, elle me dit :
— Ne faites pas attention aux paroles de votre oncla. Mon fils est un excelelnt homme d'affaires, mais celle du coeur n'entrent pas dans son domaine de compétences. Je ne vous bassinerai pas une nouvelle fois sur le mariage, ni n'utiliserai votre position dans l'arbre génalogique pour faire pression sur vous. Seulement si une jeune femme vous plaît de manière romantique, ne la laissez pas partir, ouvrez-lui votre coeur. Peut-être n'attend-elle que ça ?
Elle serra mon bras affectueusement. Lady Cornélia n'était pas ma grand-mère par le sang, mais pendant toutes ses années, elle en avait tenu le rôle sans broncher.
— Je vous aime, bien que vous êtes seulement la belle-mère de mon père, je vous considère comme ma grand-mère. Votre humour et votre répartie m'ont manqué plus d'une fois pendant toutes ses années à Paris.
Ses yeux s'embuèrent. Elle essuya une larme qui perlait au coin de l'une de ses paupières.
— Je ne pensais pas à moi en vous demandant d'ouvrir votre coeur, mais je suis heureuse que vous l'ayez fait. Depuis votre retour, même si je ne vois pas suffisamment mon fils, selon mon avis, je n'ai plus cette chape d'inquiétude en pensant à vous deux. Pour moi aussi, vous êtes mon petit-fils quoi que la société en dise. Je suis si heureuse de vous avoir auprès de moi. Lors de mes fiançailles, plusieurs personnes ont cherché à me décourager. On me disait que jamais la famille de mon époux ne m'accepterait, en raison de la différence d'âge, que les gens pensaient que j'étais une arriviste. On m'a critiqué pendant ma grossesse, j'allais donner naisssance à un enfant qui perdrait son père très tôt, que votre grand-père avait déjà un héritié et qu'il n'en avait pas besoin d'un deuxième. Toutes ces personnes n'ont jamais compris que votre grand-père m'avait offert la plus belle chose dans la vie, outre son amour, il m'avait ouvert les portes de sa famille et m'a permis de créer la même. Tous les jours, je lui en suis reconnaissante. Votre père est un ami précieux, votre mère était une personne incroyable, d'une douceur sans pareille, ce qui contrastait avec ma franchise légendaire.
Nous rions à ce souvenir, puis elle reprit.
— Mon fils est et restera ma plus grande joie dans la vie, bien qu'il prend un plaisir à m'agacer à chacune de ses visites. Quant à vous, Andy, vous êtes un homme exemplaire, bon, loyal et honnête. Je vous aime comme le petit-fils que j'ai toujours rêvé d'avoir et que vous êtes. L'une des choses que je souhaite le plus au monde est que vous trouviez la personne qui vous apportera autant de joie que votre grand-père a pu m'offrir dans la mienne. Je veux que vous puissiez connaître ce bonheur chaque jour jusqu'au dernier.
Elle passa sa main ridée sur ma joue et me regarda avec tendresse. Je lui pris les mains dans les miennes et à mon tour, une larme glissa le long de ma joue. J'étais heureux d'être revenu aurpès de ma famille.
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Correspondances avec la Marquis (anciennement Réputation) -Terminé
RomanceAngleterre 1843 Andrew rentre en Angleterre après cinq années passées en France avec son oncle. Il retrouve sa place parmi les pairs du royaume, ses proches et surtout Eleanor, la soeur de William, son meilleur ami. Pendant ses cinq années, ils ont...