Le soir venu, j'étais le premier à arriver dans le salon où nous allions recevoir nos invités. La porte d'entrée s'ouvrit et j'entendis Higgins saluer la première arrivée.
— Votre Grâce. Puis-je vous accompagner jusqu'au salon bleu où se trouve Lord Andrew ?
J'entendis la mère de mon oncle rabrouer fermement le majordome.
— Prenez donc mes affaires, Higgins, je saurais trouver le chemin, seule.
J'entendis quelques pas résonner avant que le silence ne revienne.
— Andrew ? Le Marquis de Brackley ? Le jeune Andy est revenu du continent ?
— Oui Votre Grâce.
— Mon fils est-il là ?
— En effet, Votre Grâce, Lord Andrew et Lord Alexander sont arrivés en début d'après-midi et ils seront tous les deux présents au dîner de ce soir.
— Merci Higgins, je vais de ce pas le retrouver.
Malgré ses soixante-douze ans, Lady Cornélia, deuxième et dernière épouse de mon grand-père, n'avait pas perdu de sa vivacité d'esprit. Elle me toisa un instant quand elle entra dans la salle et me demande derechef :
— Êtes-vous toujours célibataire ou avez-vous ramené une française dans vos bagages ?
— Je suis toujours célibataire, lui précisai-je avec un grand sourire.
Elle remit ses lunettes sur son nez, comme son fils avait l'habitude de le faire quand il était perplexe puis elle me sourit et s'approcha de moi pour me saluer.
— Bien, ça m'aurait attristé que du sang français vienne souiller votre titre. Maintenant pouvez-vous me dire pourquoi je n'ai pas été informée de votre retour en France ?
— Grande-tante Cornélia, je peux vous assurer que j'ai vu votre fils, mon oncle, vous écrire un courrier pour vous annoncer votre retour. Peut-être la recevrez-vous dans quelques jours.
Elle fit la moue puis un sourire en coin vint contredire son apparente irritabilité. Elle s'approcha de moi et me prit brièvement dans ses bras.
— Je suis heureuse de vous revoir parmi nous, Andy. J'ai beau être seulement la belle-mère de ton père, je vous considère comme mon petit-fils. J'ai fini par me résigner à l'idée qu'Alexander ne se marierait pas.
La voix de mon oncle s'éleva derrière elle.
— Je me demande pourquoi je suis rentré en Angleterre, si c'est pour vous entendre vous plaindre de mon célibat, Mère.
Un grand sourire éclaira le visage de Lady Cornélia. Lorsque mon oncle fut à sa hauteur, elle lui donna un léger coup d'éventail avant de le serrer très fort contre elle. Les yeux légèrement humides, elle lui répondit :
— Vous êtes mon unique enfant, vous êtes donc le seul à devoir supporter mes angoisses de mère. La seule chose dont je souhaite, c'est que vous soyez heureux, marié ou non, et ce n'est pas en étant sur le Continent que j'allais pouvoir les apaiser.
Alexander leva les yeux au ciel avant d'embrasser la joue de sa mère. Mon père arriva au même moment.
— Cornélia, vous êtes déjà là ! Comment allez-vous ? Avez-vous fait bonne route depuis Bath ?
Il dévia ainsi la conversation jusqu'à l'arrivée des invités. Sir Templeton, sa femme et sa fille furent les premiers. Lady Cornélia s'exaspéra.
— Higgins ! Veuillez aider Madame Templeton à venir s'installer sur le fauteuil !
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Correspondances avec la Marquis (anciennement Réputation) -Terminé
RomanceAngleterre 1843 Andrew rentre en Angleterre après cinq années passées en France avec son oncle. Il retrouve sa place parmi les pairs du royaume, ses proches et surtout Eleanor, la soeur de William, son meilleur ami. Pendant ses cinq années, ils ont...