Correspondances avec la Marquis (anciennement Réputation) -Terminé

Chapitre 3 - Andrew

J'arrivai à l'hôtel où m'attendait le mystérieux visiteur. Je me dirigeai vers l'accueil où un homme me toisa avant de me conduire jusqu'à la chambre où logeait cet homme. Je frappai à la porte et une silhouette familière m'ouvrit.

— Cavendish ?

L'homme était trop jeune pour être son ancien camarade de collège. Il évita mon regard mais me demanda avec aplomb :

— Vous connaissez mon père ou mon frère ? Il paraît que nous partageons énormément de similitudes dans la famille.

Je restai coi un instant, sa façon de parler était très différente des pairs d'Angleterre.

— Je connais Damian, j'étais à Eton avec lui.

L'inconnu me regarda dans les yeux quelques secondes avant de détourner le regard vers son étagère. Je réprimai un frisson, une partie de son œil gauche était rouge de sang, je compris la raison de son regard fuyant.

— C'est plus logique, les relations de mon père sont en général plus âgées. Entrez, je dois terminer de préparer ma valise. Je pars à Rome demain.

J'avançais dans la pièce et remarqua qu'il y avait un petit salon. Je restai debout vers un fauteuil pendant qu'il disparut dans la pièce du fond. J'entendis des livres tomber puis il revint.

— J'ai oublié de vous demander pourquoi êtes-vous là ?

Je retins mon amusement et lui tendis le papier que m'avait remis notre majordome.

— Vous avez cherché à me voir hier soir.

Il réfléchit un instant et repartit dans la chambre. En revenant, il me tendit une lettre.

— Votre père m'a demandé de vous transmettre ceci quand il a appris mon séjour en Europe.

Je le remercie.

— Comment avez-vous rencontré mon père ?

Il me regarda sans cacher sa surprise puis secoua la tête.

— J'ai oublié de me présenter, n'est-ce pas ?

J'acquiesçai, complètement désarçonnée. C'était la première fois que je rencontrais quelqu'un d'aussi étrange.

— Comme vous m'avez pris pour mon frère, j'ai omis de respecter les convenances. Piers Cavendish, le deuxième fils et pour certains, le raté de la famille.

Il haussa les épaules après sa présentation.

— Je préfère mes études que de traîner parmi les bals et les idiots de la Haute Société londonienne.

Je ne pus retenir un petit rire.

— Ça résume beaucoup de monde parmi les pairs anglais, renchéris-je.

Il ignora ma remarque et continua.

— Je fais des études de médecine. Je quitte Paris demain pour rejoindre Rome où je dois rencontrer l'un des amis de mon responsable de thèse.

Il semblait à nouveau perdu dans ses pensées, mais il me surprit en répondant finalement à ma question.

— Votre père a été très malade, cet hiver.

Je fronçai les sourcils, mon père m'avait seulement parlé d'un méchant rhume, mais rien de grave. Piers continua.

— Une pneumonie. Mon père était venu voir le vôtre pour un investissement qu'ils ont en commun et il a été alerté par sa toux et m'a envoyé le voir. Quand je suis arrivé, il était cloué au lit et avait énormément de mal à respirer. J'ai prévenu mon supérieur et grâce à ses connaissances, nous avons pu lui transmettre le traitement adéquat pour permettre à ses poumons de se débarrasser de la maladie. Je suis retourné le voir avant mon départ pour vérifier que le traitement avait bien fonctionné et c'est ainsi qu'il m'a transmis votre lettre.