Chapitre 5 - Andrew (1/2)

224 34 0
                                    


La voiture s'arrêta devant Bridgwater House, la saison mondaine s'apprêtait à démarrer. Je savais que mon père avait déjà rejoint notre résidence londonienne. Alexander, mon oncle, observa longuement la bâtisse avant de soupirer.

— Cela fait longtemps que je n'ai pas logé sous le même toit que mon frère. J'ai l'impression d'avoir à nouveau une dizaine d'années.

Je le taquinai.

— Au moins, mon père ne peut plus te gronder. Ma mère aimait beaucoup me raconter la fureur de Père quand tu as eu l'audace de faire rentrer une poule pendant leur bal de fiançailles.

Il me jeta un regard noir.

— Si ton père ne peut plus me gronder comme l'enfant de dix ans en colère que j'étais, ma mère, elle, sait très bien comment me faire culpabiliser alors je te conseille de garder ce souvenir pour toi.

Il jeta un nouveau regard par la fenêtre.

— Je crois qu'il est temps d'y aller. Higgins commence à se poser des questions sur les intrus dans la cour.

En effet, je crus voir les rideaux de l'entrée bouger légèrement. Alexander ouvrit la portière et descendit avant même qu'un valet vienne déplier les marches. J'aperçus le regard horrifié du serviteur à côté, j'eus pitié de lui et attendis qu'il mette le marchepied pour rejoindre mon oncle.

Higgins, le majordome, nous ouvrit avant même que nous frappions à la porte, il resta impassible, mais ces yeux brillaient de joie.

— Milord Andrew, Milord Alexander, bienvenue chez vous. Puis-je vous conduire à la bibliothèque, le temps d'informer Sa Grâce de votre arrivée ?

Je secouai la tête.

— Nous trouverons le chemin ? Allons donc quérir Père, nous l'attendrons là-bas.

Higgins s'inclina avant de partir tout en se retenant de hâter le pas. J'échangeai un sourire avec mon oncle, qui me dit :

— Je suis prêt à parier qu'Higgins a déjà donné des ordres pour que nos chambres soient prêtes avant que nous ayons fini de parler avec ton père.

— Tu ne gagnerais pas grand-chose, je suis persuadé que nos chambres ont été prêtes chaque année en espérant notre retour.

Sur le chemin, j'inspectai les lieux. Rien n'avait changé ou presque, quelques domestiques avaient été remplacés, un vase avait été changé de place et un autre avait disparu, sûrement fracturé à cause d'une maladresse. Mon retour me procurait une sensation de bien-être d'être chez moi et à la fois une perplexité de voir que mon absence n'avait pas eu d'impact sur les lieux.

Dans la bibliothèque, Alexander se plaça immédiatement devant les fenêtres, comme s'il souhaitait déjà partir, je choisis de déchiffrer les livres oubliés sur une table. Je reconnus un traité d'agriculture, je n'avais jamais compris pourquoi mon père n'avait jamais emmené cet exemplaire dans notre résidence principale sur nos terres.

Un bruit de canne frappant le sol à chaque pas de son propriétaire nous avertit de l'arrivée de mon père. Il s'avança vers moi et me serra contre lui.

— Je suis heureux de te revoir Andy.

Je lui rendis un instant son étreinte avant que nous nous écartions l'un de l'autre. Mon oncle nous rejoint et les deux se dévisagèrent quand mon père prit son frère dans ses bras.

— Bon retour Alex.

Cette marque d'affectation surprit mon oncle avant de l'aider à se détendre. Les vingt ans qui les séparaient en âge, les avaient empêchés d'être proches, mais je savais que l'un comme l'autre, ils se tenaient en haute estime. Alexander, encore un peu gêné par ce geste, demanda négligemment à mon père :

Correspondances avec la Marquis (anciennement Réputation) -TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant