Piers et le docteur Taylor discutaient avec le baron des dispositions à prendre pour assurer le rapatriement de mon oncle. Toutes ses plaies et ses ecchymoses étaient en cours de guérison, le travail de Miss Erin avait empêché l'infection de se propager. Seul le temps et le repos permettraient à mon oncle de guérir complétement. D'après leurs estimations, nous allions devoir attendre encore deux semaines au minimum avant que l'on puisse faire le trajet retour qui nous prendrait sûrement le double du temps que nous avons mis pour arriver.
Alexander me regardait m'agiter, je n'avais pas mon mot à dire, peut-être à l'exception des auberges qui nous accueilleraient au retour. J'avais fait venir un homme du domaine de mon oncle pour en visiter plusieurs afin d'avoir une liste de celles qui pourraient nous accueillir.
— Andy, as-tu une raison qui t'oblige à revenir à Londres avant la fin du mois ? me demanda Alexander.
J'interrompis dans mes cent pas.
— Officiellement rien.
Il repoussa ses lunettes avec son index comme sa mère.
— Peut-être devrait être plus clair, y a-t-il une personne que tu souhaites revoir ?
Je ne pus m'empêcher de chuchoter son nom.
— Eleanor.
Face au regard inquisiteur de mon oncle, je poursuivis.
— Je n'ai pas eu le temps de faire correctement ma demande en mariage. Je devais voir son frère à son retour en ville et j'avais prévu de lui demander sa main avec la bague de fiançailles de ma mère. Je sais qu'Eleanor m'attendra surtout qu'elle doit avoir connaissance de votre situation. J'ai seulement l'impression d'être inutile ici à attendre que les jours passent. Je suis heureux que vous alliez mieux, mais je ne peux pas partir trop loin.
— Vous pouvez aller sur mon domaine, si j'écris à l'intendant, il vous transmettra les livres de compte, vous pourriez faire un tour voir si mes métayers n'ont pas de soucis. Si je n'ai pas d'enfant un jour, ce sera l'un des vôtres qui héritera de la propriété. En attendant de pouvoir revoir Lady Eleanor, vous pouvez lui écrire. Vous en aviez l'habitude en France, alors qu'une mer vous séparait. Depuis ici, il n'y a que cinq jours de voyage. Allez donc lui écrire une lettre, elle saurait que vous pensez à elle.
Je remerciai pourun signe de tête mon oncle et saluai Piers et le docteur Taylor avant de partir en direction de ma chambre.
Sur le chemin, je passais devant la bibliothèque, où Lady Juliet échangeait avec Miss Erin. J'eus de la compassion pour cette jeune femme. Elle s'occupait de mon oncle quand Piers et le docteur étaient arrivés dans la pièce. Piers m'avait semblé être content de la voir alors que le père de la demoiselle fronçait les sourcils. Il avait attendu qu'elle ait terminé de changer les bandages avant de lui demander de partir d'un ton sec, ne laissant la place à aucune contestation. Je ralentis avec l'envie de la remercier pour le travail qu'elle avait fait auprès de mon oncle, mais je m'arrêtais quand j'entendis le sujet de leur conversation.
— Erin, vous serez toujours la bienvenue ici. Si vous ne souhaitez pas écouter votre père et ne pas participer à la prochaine saison à Londres, je peux vous assurer que nous vous inviterons à loger avec nous.
— Merci Lady Juliet. Ce qui dérange ne vient pas du fait de participer à la saison, je réponds souvent à vos invitations et participe souvent aux bals des environs. Ce qui m'indigne, c'est qu'il a refusé les trois propositions de mes grands-parents maternels et si la toute jeune femme de mon frère ne me méprisait pas autant, je serais toujours à ma place ici.
— Je suis certaine que Polly ne vous méprise pas.
— Alors comment expliquez-vous les regards condescendants qu'elle me lance quand je rentre après mes visites. Hier soir, elle a dit ouvertement qu'elle ne souhaitait pas que je l'assiste lorsqu'elle accoucherait, qu'elle trouvait cela indigne. Je vous avoue que ma réponse n'a pas été d'une politesse à toute épreuve.
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Correspondances avec la Marquis (anciennement Réputation) -Terminé
RomanceAngleterre 1843 Andrew rentre en Angleterre après cinq années passées en France avec son oncle. Il retrouve sa place parmi les pairs du royaume, ses proches et surtout Eleanor, la soeur de William, son meilleur ami. Pendant ses cinq années, ils ont...