Après une nuit dans une auberge, nous rejoignîmes la demeure du baron qui avait recueilli mon oncle à la suite de son agression. Un majordome nous introduit dans un salon et l'hôtesse de la maison nous retrouva.
— Hector, pouvez-vous faire monter du thé pour nos invités ?
Il s'inclina et nous laissa dans la pièce. Lady Juliet nous raconta l'arrivée de mon oncle chez eux.
— Je suis heureuse qu'il ne vous soit rien arrivé. L'attaque qu'a subi Lord Alexander est une première dans les environs. Je ne dirais pas que nous vivons dans un havre de paix, mais les habitants sont, dans l'ensemble, bienveillants. Sachez que mon époux fait tout son possible pour retrouver les coupables.
Elle s'interrompit pendant l'arrivée du thé puis elle reprit.
— J'ai cru comprendre qu'il se rendait dans sa propriété à quelques jours de trajet d'ici. Une chance que son cocher ait pu se déplacer avec ses blessures pour partir chercher de l'aide sinon Dieu, seul, sait combien de temps aurait-il dû attendre.
Je présentai Piers.
— Lord Piers Cavendish, le deuxième fils du Comte du Devonshire, fait des études de médecine. Il m'accompagne pour voir les blessures de mon oncle et des serviteurs qui l'accompagnaient et m'aider à organiser leur retour à Londres.
Elle se tourna vers lui.
— Vous devez alors rencontrer la fille du médecin, c'est elle qui s'est occupé d'eux depuis leur arrivée. Son père et son frère, également médecin, étaient absents et d'habitude, elle s'occupe principalement des naissances et des soins basiques qui ne nécessitent pas une intervention de son père. Dans l'urgence, nous avons fait appel à elle. Elle doit être actuellement sur le domaine pour changer des bandages, je la préviendrai de votre présence pour que vous puissiez échanger avec elle.
Nous échangeâmes ensuite des banalités sur notre trajet et notre hôtesse nous proposa de nous loger le temps du rétablissement de mon oncle, ce que nous acceptâmes. Son époux nous rejoignit puis ils nous conduisirent vers Alexander.
Je restai un instant sur le seuil à regarder l'inconnu face à moi dans le lit, puis il remonta ses lunettes avec son index. Ce geste si familier me fit comprendre que le visage tuméfié que je regardais était celui de mon oncle. Petit à petit, je reconnaissais ses traits. Ma première pensée avait été de me dire qu'il ne fallait pas partir avant que sa mère puisse le voir dans un meilleur état. Nos hôtes avaient eu raison de ne pas mentionner les blessures d'Alexander, Lady Cornelia aurait sûrement traversé le pays pour retrouver la bande de criminels qui s'étaient attaqués à son fils. Les yeux bleus de mon oncle me fixèrent, je pris la parole.
— Bonjour, je suis venu immédiatement après avoir appris ton agression. Lord Piers Cavendish m' a accompagné pour estimer le temps dont tu auras besoin avant de rentrer et pour m'aider à planifier ton retour afin que tu voyages le plus confortablement possible vu tes blessures.
Il me répondit avec une voix légèrement plus rauque.
— Je suis content que tu sois là Andrew.
Je m'avançais vers lui et lui serrai l'épaule. Je n'osai pas le prendre dans mes bras de peur de lui faire mal. Notre hôtesse brisa le silence qui s'installait en me demandant des nouvelles de la saison à Londres. Ce sujet léger détendit l'atmosphère et me permit de relâcher la tension que l'inquiétude m'avait causée. Quelqu'un frappa à la porte une heure plus tard, une jeune femme entra avec une tasse fumante à la main. Lady Juliet nous la présenta.
— Voici Miss Erin, la fille du médecin. Miss, voici Lord Andrew, le neveu de Lord Alexander et Lord Piers qui fait des études de médecin. Ils sont venus pour ramener Lord Alexander à Londres dès qu'il sera en état de voyager.
Elle nous salua avec une brève révérence et elle posa ensuite la tasse sur la table de chevet. Elle s'adressa à mon oncle.
— Je vous ai apporté la tisane qui vous aide à soulager la douleur. Si j'avais su que vous aviez de la visite, je serais venue plus tard vous l'apporter.
Elle se tourna vers moi et m'expliqua.
— L'infusion rend somnolent la personne qui la boit, mais elle est très efficace et rend le sommeil plus réparateur.
Je fis attention à mon oncle qui buvait la boisson. Je remarquai sa fatigue et je suggérais de le laisser se reposer. Alexander me remercia d'un signe de tête et s'appuya sur son oreiller. Nous sortîmes de la pièce et notre hôtesse nous conduisit vers le salon que nous avions occupé à notre arrivée. Elle insista pour que Miss Erin vienne et elle lui demanda de transmettre à Piers ce qu'elle sait sur les blessures de mon oncle, de son cocher et de son valet. Elle me dit.
— Votre oncle a été le plus blessé des trois. On a tiré dessus le cocher, mais la balle a seulement éraflé son épaule. Il a réussi à s'enfuir quand les bandits sont arrivés et s'est caché à proximité. Ses égratignures sont presque toutes guéries, il a encore du mal à lever suffisamment le bras pour tenir des rênes par exemple. Le valet et votre oncle ont été frappés. Les deux ont eu de nombreuses factures, principalement des côtes et un doigt cassé pour le valet. Ils se sont acharnés sur le visage de votre oncle. Je sais qu'il a des hématomes et quelques coupures sur ses jambes, mais il faudrait que vous vérifiez l'avancée de la guérison, malgré a présence de Lady Juliet et par pudeur, j'ai demandé à un valet de me donner des informations et j'ai préparé le cataplasme qui correspondait suivant les descriptions de ce dernier. Ce même valet effectue les soins, je me contente d'amener ce qui peut les soulager.
Je lui demandai.
— Pourquoi les lunettes de mon oncle sont-elles intactes ?
Lady Juliet sourit et me répondit.
— J'ai posé cette même question à votre oncle et il se trouve qu'avant de dormir, il les avait rangées avec la montre de son père dans une boîte que les criminels ont oublié de voler.
Miss Erin se leva et s'excusa auprès de notre hôtesse.
— Je dois partir, une de vos métayers arrive en fin de grossesse et j'ai promis de passer la voir.
Elle s'inclina rapidement devant nous et avant d'ouvrir la porte, elle se tourna vers Piers et lui demanda.
— Qui est votre mentor pour devenir médecin ?
— Le docteur Ernest Taylor.
Elle acquiesça avant d'ajouter.
— Vous avez l'un des meilleurs d'Angleterre.
Puis elle sortit. Lady Juliet eut un petit rire.
— Le Dr Taylor est son père. J'espère que l'attitude de Miss Erin ne vous a pas froissé, elle n'est pas à l'aise en société. Son père l'a élevé seul peu de temps après sa naissance, sa mère est morte des suites de couches. Elle a un frère plus âgé que vous devez connaître, dit-elle en insistant auprès de Piers. Je vous propose d'aller vous reposer dans vos chambres. On m'a indiqué qu'elles étaient prêtes. Vous avez bien sûr tout le loisir d'explorer notre propriété à votre convenance.
Elle se leva et nous la suivîmes vers les chambres d'invités.**********
Bonjour,
Voici la suite avec un peu de délai. J'ai encore de grosses chutes d'énergie depuis mon burn-out et j'ai appris à les gérer d'où le fait que j'ai préféré prendre mon temps et avancer petit à petit. Pour la suite, je publierais quand elle sera écrite surtout que les vacances sont terminées pour ma zone et que je reprends lundi.
Bonne lecture,
Emilie
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Correspondances avec la Marquis (anciennement Réputation) -Terminé
Roman d'amourAngleterre 1843 Andrew rentre en Angleterre après cinq années passées en France avec son oncle. Il retrouve sa place parmi les pairs du royaume, ses proches et surtout Eleanor, la soeur de William, son meilleur ami. Pendant ses cinq années, ils ont...