Pendant que Lisa, ma femme de chambre, finissait ma coiffure, Rose, ma cousine, fit virevolter sa robe blanche de débutante. Le sourire jusqu'aux oreilles, elle s'admira devant son grand miroir. Je ne me souvenais pas d'avoir été aussi enthousiaste juste avant mon premier bal, mais son bonheur faisait plaisir à voir. Tante Kate et tante Pénélope entrèrent. Cette dernière s'approcha de sa fille pour lui donner un magnifique collier de perles avec une paire de boucles d'oreilles assorties. L'excitation de Rose monta d'un cran.
— Merci Mère, elles sont si belles !
Nous échangions un sourire toutes les trois.
— C'est ton cadeau pour ton entrée dans le monde, ma chérie.
Lisa sortit en silence après avoir terminé mon chignon. Tante Kate s'approcha de moi avec un coffret et me le tendit. Une larme coula le long de ma joue en découvrant les armes de notre famille.
— Lors de ta dernière saison, ton père avait envoyé les bijoux de ta mère en réparation pour pouvoir te les donner. Je les ai récupérés peu de temps après son accident. Je sais qu'il tenait à ce que tu les aies. Ils n'appartiennent pas à ceux qui sont rattachés au titre de Pembroke, William a donné son accord pour que tu en hérites conformément au souhait de votre père.
Tante Kate vint derrière moi pour déposer le collier orné de saphirs à mon cou. J'accrochais ensuite les boucles d'oreilles assorties.
— Il y a également une tiare et un bracelet avec la parure, mais j'ai estimé que pour ton retour, ils auraient été de trop.
Je me levai et la serrai contre moi. Les yeux remplies de larmes, elle me caressa la joue. Dans l'émotion, le formalisme imposé par la société fut remplacé par le tutoiement.
— Tu lui ressembles tellement, blonde aux yeux bleus comme elle, ton frère et Georges. Vous tenez ça de ma mère.
Elle respira un grand coup pour contenir son émotion et lança l'habituelle rengaine de la famille.
— Heureusement pour moi que je ressemble à ma grand-mère italienne, sinon avec mes cheveux noirs et mes yeux foncés, mon appartenance à la famille aurait bien suscité des rumeurs.
Pénélope lui sourit.
— Il y en a eu des rumeurs, Kate, mais toutes se sont évanouies lorsque tu as descendu les escaliers à ton premier bal. Surtout que votre grand-mère se tenait juste derrière toi. Vous avez balayé, toutes les deux, la salle avec le même regard. J'étais tout juste fiancée à George et quand je lui en ai fait la remarque, il m'a affirmé que tu étais même la réincarnation de celle-ci, l'accent italien en moins.
Tante Kate leva les yeux au ciel, ce qui nous fit éclater de rire. Combien de fois avions-nous entendu cette version et la remarque d'oncle George, qui prend toujours autant de plaisir à raconter ?
Rose se regarda une dernière fois dans le miroir avant de me demander.
— Au fait, Eleanor, que t'as dit la Reine lors de ma présentation ?
— Elle m'a renouvelé ses condoléances et m'a souhaité de faire un bon mariage cette année. D'ailleurs, j'ai entendu l'une des dames de compagnie de Sa Majesté dire que tu avais fait une présentation parfaite. Tu peux être fière de toi, Rose.
Ma cousine rosit avant de faire virevolter une dernière fois sa robe sous le regard admiratif de sa mère. Je lissai du plat de la main ma robe bleu roi et suivit tante Kate en direction de la salle de bal.
Sur le chemin, je saluai mon cousin John qui venait d'arriver. Il avait fait le déplacement ce soir, je savais qu'il tenait à être présent pour Rose, malgré la proximité de la naissance de son premier enfant. Il me demanda de lui réserver une danse avant de partir rejoindre ses parents et sa sœur pour accueillir les invités.
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Correspondances avec la Marquis (anciennement Réputation) -Terminé
RomanceAngleterre 1843 Andrew rentre en Angleterre après cinq années passées en France avec son oncle. Il retrouve sa place parmi les pairs du royaume, ses proches et surtout Eleanor, la soeur de William, son meilleur ami. Pendant ses cinq années, ils ont...