Correspondances avec la Marquis (anciennement Réputation) -Terminé

Chapitre 12 - Eleanor

Andrew,

Je ne sais pas quel sentiment domine en moi après la lecture de votre lettre. Est-ce la nostalgie de nos échanges ou la colère de ne lire qu'une parodie de confession ? Je pourrais reprendre nos discussions sans vous faire part de mes sentiments, mais cela ne me ressemblerait pas et j'en garderais un goût amer. Expliquez-moi pourquoi avez-vous décidé de rompre la promesse que vous avez faite à mon frère ? ...

— Peux-tu me redire Eleanor, quel est le principe de cette sortie ? me demanda Tante Kate. Je trouve cette idée de labyrinthe incongrue.

Je finissais d'attacher une de mes boucles d'oreilles avant de lui répondre.

— Le labyrinthe a pour thématique le mythe de Thésée. À l'intérieur, il y aura une expositions de statues antiques. Lord Damian a envoyé l'un de ses collaborateurs s'assurer qu'elles respectent la bienséance. Pour ma part je suis heureuse de sa proposition, cela changera des sorties classiques au musée. Lady Adélaïde a été invitée à se joindre à nous et j'ai très envie de faire sa connaissance. Elle est une pianiste hors pair.

Tante Kate soupira et s'assit sur mon lit.

— J'aimerais te demander quelque chose. Acceptes-tu de me répondre en toute franchise ?

— Bien sûr.

— Que penses-tu réellement de Lord Damian ? Je sais que vous vous voyez régulièrement, mais je ne vois aucune étincelle entre vous deux. On dirait de vieux amis.

Cela faisait quelques jours qu'elle essayait de sonder mes sentiments. À chaque fois, j'avais réussi à éluder de peur de la décevoir.

— Je l'apprécie beaucoup et vous avez raison, c'est devenu un ami au même titre que Matthew.

— Mais ? insita-t-elle.

— Mais je ne suis pas amoureuse de lui. Je suis désolée de te décevoir, de ne pas pouvoir remplir vos attentes. Elle se leva et vint me prendre dans ses bras.

— Ma chérie, si je t'ai présenté Lord Damian, ce n'est pas parce que je tenais absolument à te voir l'épouser, mais surtout parce que je savais que c'était un homme bon, que sa mère est une amie et qu'il fallait vous si vous pouviez vous accorder. Je suis déjà heureuse que tu l'apprécies, mais je m'en voudrais si tu te forçais à l'épouser. Olivia et moi ne voulons que votre bonheur que vous soyez ensemble ou non. Puis-je te demander pourquoi alors vous vous voyez aussi régulièrement ?

— Je l'aide. Je l'aide à se rapprocher de la personne qu'il aime. Je ne te donnerais pas de nom.

— Très bien, je te fais confiance. Fais seulement attention à ton coeur et à ta réputation. Les gens n'aiment rien de plus que de descendre une jeune femme que toute la société envie.

Elle m'embrassa dans les cheveux et se dirigea vers la porte de ma chambre. Elle s'arrêta et me dit.

— Je suppose qu'aujourd'hui, je vais devoir être moins stricte comme chaperonne. Je te laisse finir de te préparer et je vais envoyer une voiture chercher Lucinda.

Je souris en essayant de lui cacher à quel point son amour m'avait touché. En ce jour, l'absence de ma mère se faisait encore plus cruelle et la tendresse de ma tante venait me mettre du baume au coeur.

En accrochant la seconde boucle d'oreille, un vieux souvenir en moi refit surface. Lors de mon premier retour dans la société, des personnes malveillantes avaient essayé de me faire surnommé l'Ange de la Mort. Par chance, ma mère était appréciée et sa mort avait touché nombre de ses amis et la tentative pour me blesser avait été étouffée dans l'oeuf.