Correspondances avec la Marquis (anciennement Réputation) -Terminé

Chapitre 23 - Eleanor

— Pourquoi nous dirigeons-nous vers la demeure du Duc et non de celle de Lady Cornélia ? C'est elle à qui nous allons rendre visite, demanda Will à Tante Kate.

Elle leva les yeux au ciel.

— J'ai envoyé un message il y a trois jours pour lui demander si je pouvais lui rendre visite et un de ses domestiques m'a informé qu'elle se trouvait chez Sa Grâce depuis l'annonce de l'attaque d'Alexander. Elle a eu un malaise quand elle a appris la nouvelle et Sa Grâce a décidé qu'elle le rejoindrait le temps que Lord Andrew ramène son fils. C'est également la raison pour laquelle je t'ai demandé de nous accompagner. Lorsque tu auras montré la lettre au Duc, je pense que vous pourriez vous éclipser pour commencer à discuter du contrat de mariage pendant que Lady Cornélia, Eleanor et moi-même nous chercherons une solution pour dissiper les rumeurs.

Je les écoutai parler comme si je n'étais pas présente. Je me tenais les mains pour éviter de montrer les tremblements que je retenais. La nuit, le sommeil me fuyait et mon esprit se remplissait de questions. Malgré les mots qu'Andrew avait écrits, sa promesse de rencontrer mon frère, le témoignage de son amour, notre baiser me paraissait loin, presque un souvenir d'une autre vie. D'autres interrogations me tenaient éveillée. Sa Grâce accepterait-il la confession de son fils ? Lady Cornélia m'aiderait-elle comme le pensait Tante Kate ?

Cette dernière posa sa main sur mon bras.

— Eleanor, est-ce que tout va bien ?

Le regard de mon frère se fit inquiet. Je pris sur moi pour retenir les larmes qui montaient en moi.

— Je suis un peu fatiguée, je ne dors pas très bien en ce moment.

— Ellie, me dit-elle avant de me prendre dans ses bras. Nous trouverons une solution rapidement en attendant le retour de Lord Andrew.

Une larme s'échappa malgré mes efforts et roula sur ma joue. Tante Kate la vit et sortit un mouchoir pour l'essuyer. Will s'assombrit et grommela.

— Si je découvre la personne qui fait courir ses rumeurs, je l'exposerai à la société sans aucune pitié.

Tante Kate foudroya mon frère du regard.

— Cela n'aiderait en rien Eleanor et pire aggravera la situation. Fais confiance à Lady Cornélia, elle leur fera retourner leur veste en un rien de temps.

La voiture s'arrêta devant la demeure du Duc. Nous nous présentâmes devant la porte d'entrée et Will fit cogner le heurtoir pour indiquer notre présence. Higgins le majordome nous fit entrer et nous conduisit dans le salon dans lequel nous attendait la Duchesse douairière. Nous nous inclinâmes rapidement devant elle.

— Lady Catherine, Lady Eleanor et Pembroke, épargnez-moi ce formalisme. J'ai cru comprendre que la raison de votre venue était urgente. Sa grâce, mon beau-fils, est allé régler quelques affaires, il ne devrait pas tarder à nous rejoindre. Installez-vous et dites-moi ce qui vous amène. Je doute que vous, Pembroke, et la présence de Charles soit nécessaire si vous n'étiez venus que pour me demander des nouvelles de mon fils.

— À l'origine, je souhaitais vous voir pour cela. Alexander était un ami de mon mari et la nouvelle de son agression m'a causé du souci pour lui, lui dit Tante Kate. J'espère que la nouvelle que nous venions vous apporter vous mettra du baume au cœur. Nous venons également vous demander de l'aide.

La porte s'ouvrit à ce moment et le Duc entra, il nous fit signe de rester assis et s'installa sur un fauteuil vers Will.

— Veuillez m'excuser du retard, certaines de mes affaires ont pris plus de temps que prévu.

— Vous arrivez à temps, Charles, Lady Catherine allait m'expliquer les raisons de leur visite.

Leurs regards se dirigèrent vers elle, ma tante me fit signe d'ouvrir mon réticule et je sortis la lettre d'Andrew comme on m'avait demandé de le faire. Tante Kate la tendit à Lady Cornélia avant de serrer ma main dans la sienne. Lady Cornélia l'ouvrit et la parcourut du regard, son visage resta fermé puis elle la fit passer au Duc. À la fin de sa lecture, ils échangèrent un regard et sourirent. Je poussai un soupir de soulagement. Lady Cornélia se tourna vers moi.