Chapitre 16 -Eleanor

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J'ai gardé précieusement toutes vos lettres, certaines ont été lues et relues maintes fois. Pourtant votre dernière dans son imperfection est la plus sincère . J'espère que ma réponse vous donnera la même impression ...

Je regardais par la fenêtre de la voiture les étendues de vert qui contrastaient tant avec Londres que nous venions de quitter. Tante Kate et Lucy bavardaient tranquillement, je n'écoutais pas leur conversation. Mon souvenir de la tension entre Andrew et moi dans la loge me hantait encore.

— Ellie ! À quoi rêves-tu ? m'interrogea mon amie.

— À rien de particulier, mentai-je. Je suis heureuse de quitter la ville quelques jours.

— Je suis encore surprise par l'organisation rapide de cette partie de campagne. Olivia ne m'en a parlé qu'il n'y a que quelques jours. Je suis contente que George et Pénélope ait accepté de s'occuper d'Archie. J'espère qu'il pourra répondre aux interrogations de mon fils sur son père. trois années de deuil ne suffisent pas pour cesser de pleurer l'homme que j'aimé profondément. Je suis peut-être égoïste, mais devoir répondre aux questions d'Archie mes fend le coeur chaque jour davantage.

— Ne vous inquiétez pas, Tante Kate, Oncle George saura canaliser Archie et sa curiosité. Vous le dites souvent, chaque été il est heureux d'aller dans le domaine avec Oncle George et John. Comme William, ils l'emmènent à travers la campagne et lui apprennent ce qu'il devra faire quand il sera apte à assumer son titre de Baron.

Lucy ajouta.

— Lady Catherine, ne vous culpabilisez pas. Si des personnes vous le reprochent, c'est qu'elles ne sont pas capables de voir tout ce que vous faites pour lui et pour Eleanor. Je suis heureuse que vous soyez ma chaperonne cette année. J'ai pu voir par cette occasion quelle mère attentive vous êtres. Même si Eleanor ne vous le dit pas, vous avoir à ses côtés pour son retour est un précieux soutien. Lady Pénélope l'avait très bien accompagné, vous avoir près d'elle au quotidien lui fait beaucoup de bien.

Tante Kate nous regarda émue. Elle s'essuya discrètement le coin des yeux et prit nos mains.

— Je suis très heureuse d'être avec vous cette année, même si je vous serais reconnaissante de ne pas avoir à revenir l'an prochian. J'avais oublié à quel point paraître en société est exténuant.

Tante Kate détourna la conversation en demandant à Lucinda des nouvelles de ses parents. Je profitai de l'occasion pour retourner admirer le paysage.

Nous arrivâmes à l'entrée du domaine des Cavendish, il s'agissait de l'une de leurs propriétés secondaires, suffisamment loin de Londres pour échapper au bruit de la ville et respirer de l'air pur, mais suffisamment près pour pouvoir y retourner en quelques heures. Quand les grilles s'ouvrirent, j'observais le manoir qui nous faisait face. À l'entrée, Lady Olivia accueillait ses invités et le mien fut particulièrement chaleureux. Je lançai un regard perplexe avec Lord Damian qu'il choisit d'ignorer. Je me mordis intérieurement la langue, j'espérais qu'elle ne prendrait pas mal le changement d'attention que son fils allait mettre en place le long du séjour. S'il voulait épouser Lucinda, nous allions devoir montrer la Société que nous ne sommes pas aussi compatibles que les apparences le suggéraient. Au fond de moi, j'espérais que cela allait entraîner un rapprochement entre Andrew et moi. Sa présence réveillait chaque parcelle de ma peau. Tout mon corps était en alerte quand il se trouvait dans la même salle que moi. La nuit, je rêvais sans cesse qu'il me prenne dans ses bras, qu'il me touche, qu'il m'embrasse. Mon béguin d'adolescente s'était transformé en une passion ardente qui m'effrayait autant qu'elle me fascinait.

Pour laisser ses invités se reposer pour ceux qui le souhaiteraient, Lady Olivia organisa un diner simple sans les conventions habituelles. Pour ceux qui ne voulaient pas le partager, ils pouvaient le prendre dans leur chambre. Nous étions libres ensuite de nos occupations pour la soirée, la bibliothèque était à notre disposition, les allées des jardins avaient été plongés dans une semi-pénombre et des jeux de cartes étaient organisés dans une pièce annexe à la salle de réception.

Correspondances avec la Marquis (anciennement Réputation) -TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant