Eleanor
Eleanor, je me languis de vous.
Je tentai tant bien que mal à écouter la conversation, mais mon esprit s'évadait sans arrêt vers la lettre d'Andrew. Je n'en avais pas reçu d'autre et les semaines passaient sans aucune de ses nouvelles.
Lady Adélaïde nous racontait quel morceau de piano elle était en train d'apprendre. Elle nous avait révélé quelques temps auparavant que la musique lui avait permis de ne pas sombrer après son accident. Alors qu'elle souffrait de multiples blessures, seul le piano l'avait aidé à se distraire. Je la comprenais bien que je n'étais en rien blessée, seul mon coeur était en peine. Le soir je choisissait une lettre d'Andrew au hasard et la relisait avant de dormir.
Mon amie nous proposa de jouer l'air pour notre plus grand plaisir. Elle s'excusa des fausses notes qu'elle pourrait faire. Nous savions qu'elle n'en ferait aucune sinon elle ne nous aurait jamais proposé de jouer le morceau. Ses doigts s'agitèrent sur les touches du piano et elle nous emmena avec elle dans une ballade. Pendant cet instant suspendu, mes pensées s'envolèrent et mon attention fut entièrement tournée vers mon amie. Elle dégageait une aura tantôt de paix et tantôt de puissance surtout quand le rythme s'accélérait. La note finale retentit, nous eûmes besoin de quelques secondes pour nous rendre compte que cet interlude était terminé avant de l'applaudir.
Lady Grace la félicita, cette jeune femme bien qu'elle ait encore des manières enfantines par moment était d'une gentillesse infinie et cela faisait énormément de bien à Lady Adélaïde. L'après-midi prit fin trop rapidement à mon goût.
Dans la voiture, avec Lucy, mon esprit s'échappa encore vers Andrew.
Ellie, j'erre chaque jour en espérant que mon oncle aille suffisamment pour que je puisse vous rejoindre.
Mon amie ne me laissa pas m'égarer très longtemps dans mes pensées.
— Ellie, puis-je te poser une question ?
J'acquiesçai, ne souhaitant qu'une chose, reprendre mes rêveries.
— Je te trouve triste ces temps-ci. Y aurait-il quelque chose qui expliquerait ce sentiment ?
J'éludai la question. Elle fronça les sourcils.
— Ellie, même Damian s'inquiète pour toi. Tu ne danses plus aucune valse, tu répètes à chaque homme qui t'approche qu'elles sont déjà réservées alors que personne ne te rejoint. Tu regardes la piste de danse de manière mélancolique. Dis-moi ce qu'il se passe. Cela a-t-il avoir avec l'absence de Lord Andrew ? Nous n'avons pas trop eu le temps de nous voir avec tous les préparatifs pour mon mariage, mais si tu as besoin de moi, je trouverais toujours un moment pour t'écouter. Tu sais que Piers, le frère de Damian, nous a dit qu'Andrew parlait beaucoup de toi.
J'eus un faible sourire, mes mains se mirent à trembler. Mon amie vit mon émoi et me serra contre elle.
— Je l'aime et lui aussi, murmurai-je. J'aimerais qu'il soit là et personne ne sait quand il reviendra. Je sais que son oncle a été grièvement blessé, mais mon coeur voudra qu'Andrew me prendre dans ses bras. Je ne sais pas quoi faire.
Elle s'écarta pour essuyer mes larmes.
— Piers sera présent ce soir au bal. Nous lui demanderons s'il a une idée de la date de retour de Lord Andrew. Je comprends mieux pourquoi Lady Cornélia t'a prêté plusieurs de ses bijoux.
— Elle trouvait que c'était le meilleur moyen de détourner la haute société des rumeurs qui ont couru à notre sujet.
Lucy me sourit.
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Correspondances avec la Marquis (anciennement Réputation) -Terminé
RomanceAngleterre 1843 Andrew rentre en Angleterre après cinq années passées en France avec son oncle. Il retrouve sa place parmi les pairs du royaume, ses proches et surtout Eleanor, la soeur de William, son meilleur ami. Pendant ses cinq années, ils ont...