Chapitre 44 : Sous couverture

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- Maeve. Appelle-moi Maeve.

Elle avait presque chuchoté sa réponse tant la question lui avait paru brutale. L'entendre prononcer ça à voix haute était étrange, ça donnait un côté bien trop réel à la situation. En tout cas bien plus réel qu'elle n'était prête à l'admettre pour le moment.

Le paisible océan qui reposait d'ordinaire dans les yeux de Bucky s'était transformé en une mer agitée par la tempête sous son crâne. Il la fixa intensément, lui faisant regretter le simple fait d'exister.

- Bien, Maeve. Habille-toi. Il ne nous reste plus beaucoup de temps.

Il la congédia et ne sachant quoi répondre (ce qui était assez rare chez elle), elle attrapa le sac qu'il lui tendait et s'enfuit vers la salle de bains.

Comment pouvait-il la traiter ainsi ? Et pourquoi ne pouvait-elle pas lui tenir tête ? C'était comme si elle ne se sentait plus légitime à le faire alors que pourtant elle bouillonnait à l'intérieur. 

Le sac renfermait une magnifique robe noire qu'elle déballa avec soin. Elle la plaça devant elle et observa son reflet dans le miroir en se demandant comment elle allait bien pouvoir rentrer son corps dedans.
Après qu'elle eut difficilement passé ses fesses à travers les couches de tissus délicats, elle tira sur le bas de la robe pour l'ajuster. Le décolleté était immense et une fente sur le côté remontait jusqu'en haut de sa cuisse. Jamais de la vie elle n'aurait choisi cette robe.
Pourtant, il lui fallut bien admettre qu'elle était incroyablement sexy et contrairement à ce qu'elle aurait pensé, ses rondeurs épousaient parfaitement la ligne du vêtement. Ça n'empêchait pas qu'elle ne se sente pas franchement à l'aise ceci dit.

Bucky frappa trois coups à la porte avant d'entrer et de lui tendre un autre sac, plus petit cette fois.

- J'ai dit à la vendeuse de mettre tout ce qu'elle pensait indispensable pour une soirée. Ces machins sont foutument chers, ajouta-t-il, tu as intérêt à être éblouissante.

Il lui jeta un coup d'œil et constata qu'elle l'était déjà, c'était indéniable. La robe était parfaite et elle se fondrai dans la masse sans problème. Pourtant il ne pouvait pas s'empêcher d'agir comme un con de première, il en avait conscience, le seul fait de s'entendre lui parler comme ça lui donnait envie de se mettre des claques, mais il ne pouvait pas s'en empêcher.
Il était profondément blessé, pour une centaine de raisons différentes, et il ne pouvait se résoudre à lui pardonner.
Comment pardonnait-on ce genre de mensonge ? Plus y pensait, plus il trouvait de raisons de s'auto-flageller pour tout ce qui c'était passé entre eux. Rien n'aurait du arriver et c'était autant sa faute que la sienne.

Lorsqu'il claqua la porte derrière lui, Maeve ouvrit le petit sac noir et en vida le contenu sur le bord du lavabo. En temps normal ça l'aurait beaucoup amusé de devoir se maquiller, cette fois elle avait juste envie de tout envoyer balader pour retourner se coucher. Le visage de Billie fit une incursion dans son esprit et elle s'en voulu d'avoir ce genre de pensées. Peu importe ce qu'il se passait entre elle et Bucky, elle devait assurer sa mission.

Après avoir revêtu un smoking noir et dissimulé son arme autour de sa ceinture, Bucky recula d'un pas pour se regarder dans le miroir. Il avait l'impression d'être un étranger dans son propre corps et ce n'était définitivement pas une sensation qu'il appréciait. Depuis qu'il avait quitté l'appartement le matin même, il se sentait complètement extérieur à ce qui se passait autour de lui. Comme si un instinct primitif avait prit le dessus sur sa conscience pour l'empêcher de sombrer. Il avait erré dans Manhattan, occultant totalement le risque que cela pouvait représenter si on le reconnaissait et il avait finit par s'assoir sur un banc sur les bords de l'East River.
Il avait besoin d'extérioriser sa colère, son envie de frapper quelqu'un ou quelque chose était décuplée. Comme Raynor le lui avait si souvent expliqué, il n'avait pas réellement envie de blesser qui que ce soit. C'était simplement le premier mécanisme de défense de son subconscient lorsqu'il se sentait vulnérable et envahit par un trop plein d'émotion.
Il avait alors prit une profonde inspiration en contemplant l'eau calme devant lui et avait essayé d'imaginer ce que la thérapeute lui aurait conseillé dans pareille situation. Il en vain presque à regretter de ne pas l'avoir sous la main. A moins que... 

After The EndOù les histoires vivent. Découvrez maintenant