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Chapitre 14 : Journal de Ling  Mìngyù

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06/02/2021

C’est bête à dire mais je suis heureuse d’avoir énervé ma grand-mère au point qu’elle me chasse de l’appartement réservé au PDG de Ling Industries. Je n’avais pas grand-chose à emmener de toute manière. Quelques fringues et dossiers de mon travail. Tout tenait dans un carton.

Je dois donc remercier mon sarcasme naturel qui est revenu au meilleur moment de la soirée de hier. Le soit disant gratin de Séoul, les plus riches et les plus influents de la haute sphère sociale. D’où la magnifique robe au col et aux fines bretelles, le tissu frôlait tout juste le sol et l’ouverture sur le côté était incroyable. Choisi par les grands soins de moi même, évidement, ce n’était pas une dior ou une chanel comme celle de toutes les autres femmes présentes.

Déjà je faisais tâche au milieu de cette soirée. Mais en plus, il a fallu que ma grand-mère me présente le fils d’un politique, je n’ai même pas retenu son nom. Apparemment, un excellent parti. Alors qu’elle m’avait laissé seule afin que j’en apprenne plus sur mon « futur » époux, il a abordé un sujet très sensible. La place de la femme.

Et putain, que le diable vienne lui faire manger ses propres couilles pleines de testostérones. Parce que sa vision archaïque ferait pleurer même la plus soumise des femmes. Je lui ai donc répondu, avec gentillesse, que s’il avait seulement besoin d’un vide couille, à emmener en soirée pour se pavaner. Il n’avait besoin que de sa main et d’une Rolex à son poignée pour pouvoir habiller sa pute lors de ses sorties. Je parle évidement,  toujours, de sa main.

Scandale, horreur. J’ai choqué. Et j’en suis ravie. Suite à cela, mamie Ling m’a chassé de mon logis.

Soyons sérieux. Je dois avoir l’air pitoyable maintenant puisque je suis avec mon carton comme seul compagnon, dans un café qui ne va pas tarder à fermer. Je sirote depuis 2 heures le même café froid pour tenter de rester à ma table.

D’ailleurs je crois que le serveur me regarde mal depuis tout à l’heure.

Je pense qu’elle se dit que me couper vivre et logement, me feront revenir à la raison. Que je deviendrais ce qu’elle veut que je sois par la contrainte. Mais voilà la différence entre Byeol et moi. Je suis née pour être libre, il est né pour être un pantin. C’est très égoïste de ma part, puis de sa part. Car il m’a laissé avec ses responsabilités. Comment veut-il que je sois comme lui alors que j’ai toujours été son opposé ? Merde. Je suis censée être l’héritière alors que ce rôle ne m’a jamais été destiné. Parfois je détestais Byeol, ou j’étais jalouse. Car il était fait pour briller, pour être parfait. Intelligent, beau, empathique et sympathique. Il avait les qualités d’un chef d’entreprise et il aspirait à ce genre de vie. Après tout, il était formaté pour ça, c’était sa raison d’être. Puisqu’il était un homme et qu’il était l’aînée. Parce que les choses sont encore comme ça ici.

Moi ? J’étais la petite dernière, la fille, que l’on ne remarquait pas vraiment. J’étais fade aux côtés de mon frère. Pas de dons particuliers, ni intelligente, ni bête, ni moche, ni belle, ni sympathique, ni méchante. J’étais juste là. Derrière lui. Mais j’ai commencé à devenir celle qui contestait, celle qui demandait plus … la naïve petite riche, croyant que tout lui est dû.

C’est faux.

Je me suis pliée aux règles, j’ai accepté d’être seulement une valeur marchande puisque Byeol était le successeur. Je ne disais rien. J’obéissais et malgré ça, la nourrice qui s’occupait de moi, enfin, seulement pour ne pas que je crève, ne me donnait rien du budget « alloué » à mon éducation. Je me demandais si mamie le savait ?

J’estimais beaucoup Byeol. Mais je suis triste pour lui. Avec le recul, je me dis qu’il devait avoir une pression monstrueuse à gérer. Pour être à la hauteur des attentes de tout le monde. Je le plains car il n’était pas lui même et on ne lui avait jamais la chance d’explorer qu’il était et ce qu’il pouvait devenir pour lui même.

Je préfère même pas parler de sa petite amie. Une vraie connasse. Elle, pour le coup est un cliché de fille pété de tune dans les dramas. Elle n’était là que pour notre nom et ce qu’on pouvait lui apporter, enfin mon frère. Même si elle a essayait de se rapprocher de moi aussi.

Je viens de me rappeler d’une chose. Je vais dormir où ce soir ?

07/02/2021

Que le destin soit loué, j’ai pu dormir au sein des locaux de B&H, enfin j’ai pu accéder au bâtiment grâce à mon badge. J’ai rangé mon carton dans mon casier et j’ai pu dormir dans la salle de repos de l’agence. J’avoue que je suis pas très fière de faire ce genre de choses. C’est juste le temps de trouver un bail.

Après l’organisation des rendez-vous, des plannings et la vérification de quelques contrats, je suis allée chez les BTS.

Tournage, prises sur prises.

J’espère vraiment qu’ils s’amusent sincèrement, c’est important qu’ils le fassent par passion. Je laisse faire les équipes et me contente de vérifier que tout se déroule sans accroc, comme à chaque fois. Ça résume un peu mes journées.

Les derniers membres du staff sont partis tardivement et je me suis retrouvée à tout ranger à minuit. J’avoue que ça m’a un peu gonflé mais vu le désordre, je ne pouvais pas partir comme ça. Les maknaes s’étaient déjà couchés, épuisés tout comme Namjoon. J’ai l’impression que ce dernier est vraiment débordé en ce moment.

Heureusement Seokjin et Hoseok sont venus m’aider. J’ai vraiment la sensation que l’homme connu en tant que le plus beau visage de Corée, rien que ça, cherche à rester très loin de moi. Comme si j’étais la peste.

Finalement, j’ai fini à 3H00 du matin dans le canapé des garçons, avec une bière, entre deux sacs contenant tous les déchets de ce tournage. Plus jamais ça a été épuisant. Hoseok s’est installé à côté de moi et je crois que ça a été choc, je ne voulais pas qu’il se force à sourire pour les autres mais ce n’est pas pour autant que je voulais voir une telle mine abattue.

Il m’a confié qu’il se sentait vide, horriblement vide. En fait, la réalité, c’est que Hoseok était pris dans un cercle vicieux. Il se forçait à être souriant, à être ce sunshine mais sa personnalité extravertie le fatiguait. Sauf qu’il n’aimait pas se sentir ainsi, alors il puisait encore plus dans ses réserves d’énergies pour ne pas faire face au fait, qu’il n’a pas à être constamment « heureux ». Ainsi de suite.

Je pense que la fatigue et l’alcool qu’il avait ingéré le faisait plus parler que d’habitude. Il m’a dit : « J’ai peur d’aimer, mais je veux être aimé ».

Je crois que je lui ai répondu qu’à l’inverse : « Je sais aimer mais j’ai peur d’être aimée ».

Parce que l’amour est surfait, nos coeurs en est le cendrier ;
Nos rêves sont atrophiés par le désir de briller ;
On parle de chimie, mais on veut de l’alchimie ;
Nos désirs en pagailles, faudra faire le tri.

Treacherous Influence [J-HOPE] - TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant