Chapitre 17 : quelque chose de monstrueux

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Je n'arrive pas à dormir.
Je regarde Dina et Jesse, qui dorment comme des bébés. Ça ne m'étonnent pas qu'ils soient si fatigués. Le voyage a été dur. Mais je n'arrive pas à trouver le sommeil à cause de ce que je me suis dit tout à l'heure. "Peut être que si je fourni trois fois plus de travail, je serais enfin acceptée".
D'autant plus que si je reste éveillée, je pourrais faire le guet et éviter une mauvaise rencontre.

Ellie et Joel sont toujours dehors, et ça va maintenant faire deux heures. J'entends encore leur voix lointaine derrière les barricades du restaurant.
Soudain, la porte s'ouvre et Ellie rentre.
- Ellie ? Chuchotai-je. Est ce que ça va ?
- Ça va. Pourquoi tu ne dors pas ?
- Je n'y arrive pas. Où est Joel ?
- Pourquoi tu me poses autant de questions ?

Je ne répond rien. Ça ne sert à rien que je rentre dans son jeu, et j'avoue que ses manières commencent vraiment à m'énerver.

Elle prend alors son sac et sa lampe torche et sors du restaurant.
Je décide de la suivre sans qu'elle s'en rende compte. Caché derrière un arbre, je la vois s'approcher de l'hôtel où Joel nous a interdit d'aller.

-Attends ! Lui dis-je en me précipitant vers elle. Mais qu'est ce que tu fais, à la fin ? Et où est Joel ?
- Putain... Elle soupire bruyamment. Joel a décidé de faire des tours de garde dans le quartier pour vérifier qu'il n'y a rien de dangereux dans les environs. Il m'a interdit de rentrer dans l'hôtel, mais ce qu'il y a à l'intérieur me paraît beaucoup trop dangereux pour être laissé de côté. Je dois savoir ce qu'il s'y trouve. Maintenant retourne te coucher, c'est compris ?
- Il est hors de question que je te laisse y aller.
- Heureusement que je n'ai pas besoin de ton avis, dans ce cas, dit-elle en se retournant.

Instinctivement, je lui attrape le bras de toute mes forces.
Je ne la laisserais pas partir seule cette nuit dans un hôtel infecté. C'est une mission suicide.

- Je peux savoir ce que tu fais ? Me demande-t-elle en dégageant ma main.
- Je viens avec toi.
- Tu n'as même pas de masque.
- Peu m'importe. Tu n'iras pas toute seule.
- Tu rentrerais dans cet hôtel sans masque à gaz seulement pour protéger une inconnue ?
- Ellie... Tu n'es plus une inconnue, pour moi. Je sais que tu ne m'aimes pas, mais moi, je vous apprécie tous, et je voudrais enfin vous montrer que vous pouvez avoir confiance en moi. S'il te plaît.

Elle me fixe pendant quelques secondes, puis soupire de nouveau.
- Allons te chercher un masque.

Nous arrivons devant l'hôtel. Sans surprise, nous voyons des spores en sortir.
"C'est du suicide", pensai-je.
Si j'écoutais mon cerveau, je serais déjà en train de courir à toutes jambes dans le sens opposé. Il y a quelques semaines, j'aurais sûrement fais ça. Mais je suis différente, à présent. J'ai des choses pour lesquelles je me battrais. Des amis, si je peux les appeler comme ça. Une maison. Une communauté.

Alors que nous cherchons une entrée, j'entends un bruit à quelques mètres de nous.

C'est Joel, qui s'approche dangereusement de nous.

Précipitamment, je plaque Ellie contre le mur en lui faisant signe de ne pas faire de bruit. Elle regarde furtivement derrière le mur et aperçois Joel.
Je la vois dire "merde", sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche.

Nous ne bougeons plus pendant de longues minutes.
Le visage d'Ellie est à quelques centimètres du mien. Elle se concentre sur tout les bruits autour de nous, essayant de couper sa respiration.
Je ne peux m'empêcher de regarder les traits de son visage. Malgré la situation tendue, ses yeux verts m'hypnotisent.
Je regarde sa cicatrice vers son sourcil droit, celle sur sa lèvre... Ses tâches de rousseur... Je ne devrais pas faire ça. Si jamais elle se rend compte que je l'observe, elle s'énervera sûrement.

Après quelques minutes, nous n'entendons plus rien. Ellie pose ses yeux sur moi.
Je deviens rouge et pousse mon visage.
- Allons y, dit-elle.

Nous entrons dans le bâtiment, nos masques sur le visage. Nous allumons nos torches et nous enfonçons dans le vieil hôtel.

Il y règne une odeur horrible de moisi ; une odeur habituelle près des endroits infectés par le cordyceps.
Étrangement, nous n'entendons rien.
Ellie ouvre une porte, puis une autre... Mais toutes les salles sont vides.
J'ai du mal à croire qu'aucun infectés ne soient présent dans cet hôtel. D'habitude, ce sont les premiers endroits à être un vrai nid à infectés. Les spores ne nous disent pas le contraire. Mais après avoir visités le premier étage, nous nous rendons compte qu'il est vide.
- Ils sont sûrement au deuxième étage, chuchote Ellie.
- J'ai un mauvais pressentiment, lui répondis-je.

Quelques secondes après avoir dit cela, le plafond grince fortement au dessus de notre tête.
Je ressent des sueurs froides dans mon dos alors qu'Ellie me fait signe de la suivre dans les escaliers.
- Faisons demi tour, essayai-je de la raisonner.
- Y/n, fait moi confiance...
Étonnant d'entendre ces paroles sortir de sa bouche. Mais comparé à elle, je décide de faire confiance. Même si ça peut me mener à la mort, dans le cas actuel.

Au bout de l'escalier, j'approche de l'entrée, et je bouscule Ellie qui s'est arrêté d'avancer. Elle pointe son silencieux au bout de l'énorme couloir sombre.

- Qu'est ce qu'il y a ? Dis-je alors
-Re... Regarde... Me dit elle.

Mon sang ne fais qu'un tour lorsque je lève les yeux pour distinguer la forme au bout du couloir.

Je n'ai jamais vu une chose pareil.

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