Chapitre 24 : sauver Dina

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Nous avançons tout doucement dans l'hôtel abandonné qui donne sur la salle de spectacle où se trouve Dina. D'après Joel, c'est là qu'elle est retenue prisonnière des IMRs. Ellie, juste derrière moi, tient son fusil avec fermeté, comme si elle s'attendait à tirer sur quelqu'un à tout moment.
Elle me fait un signe de main pour me dire de monter les escaliers.

À l'étage, une odeur de putréfaction nous embaume. Je me bouche le nez tellement cela me donne la nausée. Elle pointe du doigt les cuisines, où se trouvent deux claqueurs ainsi qu'un cadavre en décomposition.
"Pas de doute, c'est bien la source de l'ôdeur", pensai-je en m'avancant doucement vers la fenêtre.
En regardant l'extérieur, je me rend compte que l'angle de tir est parfait. On a une vue dégagée sur ce qui se passe dans le bâtiment d'en face, et sur la cours.
- Ellie, c'est bon, chuchotai-je en lui montrant du doigt l'extérieur.
Elle regarde furtivement à l'extérieur, et tout d'un coup, elle me tire le bras vers le bas.
- Baisse toi ! Souffle-t-elle.

Je me baisse rapidement en essayant de faire le moins de bruit possible. Nous nous regardons dans un silence pesant, nos deux têtes à quelques centimètres l'une de l'autre.

- Qu'est ce que tu as vu ? Je lui demande.
- La vue est parfaite, mais pour eux aussi. Ils peuvent nous voir même à cette hauteur.

Mon sang ne fait qu'un tour.

- Ils nous ont vus ?
- Non. Mais on doit être prudentes.

Les deux claqueurs dans la cuisine nous rappellent de leur présence avec leur horribles cris.

"Ils va falloir qu'on s'occupe de ces deux là."

Ellie et moi nous regardons, comme si nous avions toutes les deux compris. Je m'avance, couteau à la main, et elle fait de même.

Les deux claqueurs semblent endormis, mais ça ne les arrêtent pas de faire des gargouillis dégoûtants. Leur bruit additionné à l'odeur pestilentielle du corps me donne tout de suite un reflex nauséeux.

Elle me fait signe de me lancer, et nous attrapons toutes les deux les claqueurs en même temps. J'enfonce mon couteau dans sa gorge avec le plus de force possible et laisse le corps sanglant retomber au sol.
Je me retourne, satisfaite de notre efficacité, mais Ellie pousse un cri d'effroi.
Elle tombe sur le sol et le claqueur se jette sur elle. Rapidement, je reprend mon couteau et m'élance sur lui.
Il s'enfonce dans sa tête, puis le claqueur s'arrête de bouger.
Ellie le laisse tomber sur le côté et je me rend compte qu'elle saigne au niveau de la jambe.

- Ellie... !
Elle regarde sa jambe puis son visage se déforme par la douleur.
- C'est rien. Mes points de suture se sont ouverts, dit elle en enlevant son pantalon.

Merde. Je me retourne, pantelante et rouge d'adrénaline, pendant qu'Ellie se déshabille.

- Tu peux te retourner, dit elle.
Elle sourit, comme si elle trouvait la situation amusante. Mais je ne suis pas de cet avis. Je m'accroupis à ses côtés pour vérifier sa blessure.
Qu'est ce qu'on va faire ? On n'a pas le temps de la recoudre maintenant.

- Putain, ça fait mal, grogne-t-elle.
J'attrape mon sac à dos et je sors du bandage.
- On va devoir te faire un pansement de fortune, on n'a pas le temps de te recoudre.
Je commence à placer le bandage sur sa jambe lorsqu'elle attrape mon poignet.
- Je peux le faire, rétorque-t-elle.

En temps normal, je l'aurais sûrement laissé mettre le bandage. Mais les choses ont changés. Je veux qu'elle sache qu'elle peut me faire confiance, et je voudrais qu'elle arrête de jouer les "gros durs" avec moi. Elle met toujours un mur entre elle et les autres, et je veux qu'elle sache qu'elle peut se détendre avec moi.

Je prend sa main et je l'enlève doucement de mon poignet.

- Arrêtes, laisse moi t'aider.
Elle soupire et me laisse placer le bandage, pendant que je souris de satisfaction.

Rapidement, le bandage est fait et malgré la douleur qui se lit sur le visage d'Ellie, nous n'avons pas le choix : nous devons continuer.

Nous nous collons au mur, regardant de temps en temps par la fenêtre pour voir si nous apercevons Joel. Après quelques minutes d'attente qui me parurent interminable, le visage de notre ami apparaît enfin près du bâtiment encore gardé par des hommes de l'IMR.

Ellie, soulagée, lui fait un signe de main qui signifie que nous sommes prêtes à l'assister. Il se cache derrière une vieille voiture, regardant les tours des gardes, apprenant leurs mouvements pour savoir quand avancer.
Les secondes passent, puis après un certains temps d'analyse, il s'élance. Les gardes ne le voient même pas que nous le voyons s'enfoncer dans le bâtiment.
Il arrive au premier étage, puis au deuxième, jetant des coups d'oeils de notre côté pour qu'on puisse lui dire si des gardes se trouvent dans l'escalier qu'il emprunte. Au bout du troisième étage, j'aperçois des gardes descendre en direction de Joel. Je regarde Ellie, attendant qu'elle lui dise de s'arrêter. Mais elle ne les voient pas.

- Stop, stop ! Soufflai-je en regardant Joel, faisant frénétiquement le signe de main qui signifie l'arrêt.
Ellie me regarde, dubitative, puis retourne sa tête vers l'escalier. Son visage se décompose lorsqu'elle voit les deux hommes armés descendre les marches quatre par quatre.

- Merde, dit Ellie. Elle empoigne son fusil de chasse et le pointe vers les deux hommes dans la fissure de la baie vitrée.
- Attends, dis-je en mettant ma main sur son bras.
Son doigt tremble sur la détente, son corps est complètement paralysée.

Elle doit vraiment tenir à lui.

Au loin, je repère Joel qui se cache derrière la porte de la cage d'escalier tandis que les deux IRMs passent sans le voir.

- Ouf...

Les muscles d'Ellie se décontractent, puis elle repose le fusil sur le côté.

C'était moins une. On a encore une chance de passer inaperçus.

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