Chapitre 18 : nuit difficile

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Je n'ai jamais vu une chose pareil.

Pas étonnant qu'il n'y ai pas d'infectés dans les autres chambres.
Ils sont tous devant nous.
Ces infectés ne sont plus comme ils étaient autrefois. Leur jambes, leur bras, leur têtes, sont tous agglomérés pour former un seul et même monstre ignoble, qui se dresse en face de nous, endormis.
Ils ne sont pas tous au même stade d'infection. On peut voir au milieu les plus vieux ; transformés en colosse depuis bien longtemps, certaines têtes dépassant de la masse ressemblent à des claqueurs. D'autres partis ne ressemblent même pas à des stades d'infection que je connaisse.

Ellie vise toujours la chose avec son silencieux. Ses mains tremblent de peur, et je la comprend.
- Allons nous en, je chuchote.
Elle acquiesce et se retourne, mais au moment de reprendre les escaliers, la première marche cède son son pied et elle se retrouve prise au piège dans le bois.
La planche de l'escalier tombe au rez-de-chaussée dans un vacarme assourdissant, brisant quelques vases en verre au passage.
Je comprend tout de suite que nous n'avons plus beaucoup de temps avant que l'énorme monstre derrière nous se réveille.

Un gargouillement retentie derrière nous, puis la forme étrange commence à mouvoir.

- Aide moi ! Crie Ellie.
Je tire sur son bras de toute mes forces, mais elle gémit de douleur. On dirait qu'un morceau de bois est rentré dans sa jambe.

Derrière nous, la créature commence à s'énerver. Elle bouge et essaye d'attraper les poutres du couloir pour passer, sans succès.

Je regarde sa jambe. Une écharde assez épaisse de quelques centimètres rentre dans sa cuisse. Sans réfléchir, je casse le morceau de bois, et Ellie hurle de douleur. Malgré cela, sa jambe fini enfin par sortir du trou ; mais quand je regarde la créature, je me rend compte qu'elle n'a en faite pas bougée de sa place initiale.

-Attends, dis-je. Je crois qu'elle ne peux pas se déplacer.
- Elle est trop grosse pour avancer vers nous... Ça nous laisse assez de temps pour revenir au restaurant avant qu'elle trouve un moyen de venir jusqu'à nous.

Je met son bras sur mes épaules et nous repartons aussi vite que nous pouvons.
Ellie boîte, mais elle arrive à se déplacer grâce à l'adrénaline.
Lorsque nous arrivons au rez-de-chaussée, nous entendons un dernier hurlement monstrueux, puis j'ouvre la porte et nous sortons pour de bon.

"Elle aurait dû m'écouter", pensai-je.
Maintenant, le voyage va être encore plus difficile qu'avant.
Ellie se laisse tomber sur le sol en gémissant, puis regarde sa cuisse meurtri.

- Merde...
- Je vais t'aider, lui dis-je.

Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, elle prend l'écharde à pleine main et l'arrache.
Mes connaissances rudimentaires en médecine savent que c'était une très mauvaise idée. Heureusement pour elle, le morceau n'avait pas touché une artère, et la blessure saigne correctement.

Je prend la manche de ma chemise et la déchiré avec mes dents pour lui faire un garrot.
- En rentrant au restaurant, on va trouver du matériel pour désinfecter la blessure, dis-je en mettant le morceau de tissu sur la coupure.

Je l'aide à se relever et nous marchons jusqu'au restaurant. Nous faisons le moins de bruit possible en passant devant Dina et Jesse, qui dorment encore, puis j'emmène Ellie jusqu'à l'arrière boutique en prenant soin de refermer la porte. Comme je l'avais prévu, il y a bien un kit de premiers secours.

- Merci, souffle Ellie. De m'avoir sauvé. Je ne l'oublierais pas.
- C'était dangereux, ce qu'on a fait à l'hôtel. Pourquoi tu voulais autant voir cette chose ?
- J'avais besoin d'être sûr de ce que c'était. J'ai confiance en Joel, mais des fois, j'ai envie de voir les choses par moi même. Je ne sais pas pourquoi, mais des fois j'ai l'impression qu'il n'est pas tout à fait honnête avec moi.
- Je comprend ce sentiment. Quand j'étais à Pittsburgh, on ne me disait jamais rien. J'étais obligé de voir moi même les choses pour être au courant. Au moins, j'ai appris à me débrouiller toute seule. Mais des fois... On a besoin des autres.

Ellie me regarde.

- J'ai envie d'essayer de te faire confiance. J'ai envie de croire que tu es de notre côté. Comprend moi, ce n'est pas facile d'accepter les gens dans notre monde. Mais après ce que tu as fait pour moi dans cet hôtel... Je ne peux pas oublier ça.

Je lui souris.
Est ce que j'aurais enfin réussi à me faire accepter d'Ellie ? Je ressent de la joie rien qu'à cette pensée. J'ai vraiment envie d'être amie avec elle.

Une fois que j'ai fini de désinfecter et penser sa plaie, nous finissons par nous endormir très facilement. Mais le matin viens beaucoup trop tôt pour nous : j'ai l'impression de n'avoir dormi que deux heures, et Ellie somnole également.
Bien sûr, la blessure d'Ellie ne passe pas inaperçu ; et elle sait très bien que nous ne pouvons pas cacher notre petite escapade bien longtemps.

- Hier soir, nous sommes allées dans l'hôtel, commence Ellie. Nous avions besoin d'être sûr que rien de dangereux s'y trouvait.
- Ellie... Répond Joel. Comment tu as pu faire ça ?! C'est très dangereux, tu n'es pas consciente du risque que tu as pris !
- Je sais mais...
- Regarde toi, maintenant... Comment tu vas faire si on est pourchassé par des infectés ? Tu vas ramper derrière nous ?
Dina se met soudainement entre elle et Joel.
- Stop. Je comprend que vous soyez énervé, mais il ne faut pas qu'on perde notre temps en leçon de morale. Je suis sûre qu'Ellie pensait bien faire.

Joel se calme.
Je me sens responsable de ce qui est arrivé à Ellie. Ce n'est pas elle qui devrait prendre toute la responsabilité de cet acte.
J'aurais dû lui parler, l'inciter à rester auprès des autres.
Au moins, je suis restée à ses côtés. La laisser seule aurait été une très mauvaise idée...

Nous repartons à cheval après avoir pris le plus de nourriture encore comestible dans le restaurant. Joel nous a dit qu'en continuant jusqu'à dix huit heure, nous pourrions arriver jusqu'à la frontière de l'Iowa, à Davenport. Cela nous ferait environ dix heures de route si tout va bien... Mais avec le retard que l'on a pris, nous arriverons peut être plus tard.

Traverser deux états en une journée n'est pas chose aisée. Nos mentales sont mis à rude épreuve, mais en nous accrochant, on pourrait sûrement dépasser l'Illinois.
"C'est partis", dis-je en regardant la route qu'il nous reste encore à faire.

Le Dernier EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant