Chapitre 28 : étranges bruits dans les arbres

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Nous continuons notre périple pendant encore deux heures. Malgré les plaintes incessantes de chacun, Joel refuse catégoriquement de nous laisser faire une pause. Tandis que le soleil est presque couché, je profite de la dernière lumière du soir pour inspecter mes environs.

On ne voit presque plus rien. De temps en temps, j'entends un buisson bouger dans la pénombre de la forêt, et des bruits d'animaux qui me font sursauter. Après ce que nous a fait comprendre Joel, je ne me sens plus du tout sereine, surtout depuis que le soleil se couche.

- Joel... Je ne me sens vraiment pas bien, j'ai besoin qu'on s'arrête, ne serait-ce qu'une minute... Peine à dire Dina.
Je la regarde du coin de l'oeil, et je me rends compte qu'elle aussi est en piteux état. C'est sûrement elle qui est la moins ravie de la décision de Joel : ses yeux sont fatigués, sa peau est blanche, son visage malade ; elle a besoin de repos très rapidement. De plus, on ne sait pas du tout ce qui lui est arrivé chez les IRMs : le plus rusé serait de faire une pause courte, au moins pour qu'elle puisse boire quelque chose.

- Joel, il faut qu'on s'arrête. Dina est en piteux état, Jesse tombe presque de son cheval, et y/n commence à avoir des courbatures dans tout le corps. Si on continue comme ça, on ne sera pas préparé si quelque chose d'inattendu nous tombe dessus. Il serait peut être plus judicieux de s'arrêter juste un bref instant.

Joel s'arrête sur son cheval. On ne voit pas son visage, mais je comprends qu'il réfléchi depuis quelques minutes à céder à nos plaintes. Il a l'air inquiet, et cela ne me plaît pas ; mais voir mes amis dans cet état ne me plaît pas non plus.

- C'est d'accord. Mais cinq minutes, pas plus. On est presque arrivés. J'imagine qu'on risque moins de tomber sur des pillards à la frontière de l'état...

Dina soupir tellement qu'elle viderait presque ses poumons en entier. Je la vois peiner à descendre de son cheval, tandis qu'Ellie s'approche du miens pour m'aider à descendre.

- Ça va, je n'ai pas besoin d'aide, lui dis-je.
- Arrêtes, je te regardais il y a cinq minutes, tu es complètement courbaturée à cause de ta position sur le cheval.

Alors qu'elle dit ça, je manque de tomber à cause de la douleur dans ma cuisse. Mon pied glisse et j'atterris sur Ellie, qui essaye tant bien que mal de me rattraper.

- Ça va ? Me demande-t-elle.
- Ou... Oui...
Elle m'aide à me mettre debout, et je me rends compte qu'elle a raison : la douleur ne me permet même pas de me mettre debout correctement.
Il ne me reste plus qu'à m'asseoir par terre en attendant de reprendre le contrôle sur mes jambes...

Je touche le sol avec mes doigts en essayant de retrouver le toucher, malgré l'anesthésie de mon manque de mouvements.
Mais je sens sous mes doigts quelque chose de pâteux, comme de la boue. Je frotte mes doigts contre mon pantalon, essayant d'enlever la matière désagréable de mes mains.
Soudain, une odeur de fer arrive à mes narines. Puissante et hostile, elle me donne rapidement la nausée. Je me rend compte que ce que je touchais n'étais pas de la boue, mais une quantité importante de sang. L'adrénaline m'aide soudain à me remettre debout, et j'analyse l'endroit où je me suis assise.
Sous l'herbe verte, presque invisible, on peut presque distinguer le mélange dégoûtant du sang et de la terre.

Je laisse échapper un cri de stupeur. Ellie se retourne brusquement, mettant une main dans mon dos.
- Ça va ? Me demande-t-elle.

Elle regarde là où mes yeux se sont posés, et réalise d'où vient l'horreur de mon regard.

- Regardes toi... Tes habits sont couverts de sang... Me dit elle.

Elle prend son sac dans ses mains et fouille rapidement dedans, me passant un t-shirt de rechange.

Le Dernier EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant