Chapitre 21 : contretemps

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- Comment ça elle a disparu ? S'exclame Jesse.
Il sort de la chambre à grands pas et se met à crier son nom dans tout le motel.
Je soupire et me met une main sur le front. J'ai l'impression que rien ne vas comme prévu dans cette expédition.
- Tu es sûre qu'elle n'est pas partie chasser, ou vérifier les bâtiments alentours ?
Ellie a raison. J'ai paniqué beaucoup trop vite, et Jesse aussi. Il nous faut garder la tête froide et chercher les alentours. Elle est peut être seulement sortie chasser... Mais pourquoi partir pendant son tour de garde ?

Nous sortons tous de la chambre, et nous entendons toujours Jesse crier le nom de Dina dans les étages du dessus.
- Je vais aller le chercher, dit Joel en soupirant.

Ellie et moi regardons l'accueil pour voir si Dina a laissé un mot quelque part qui justifierait son absence.

- Y/n ! Vient voir.

Je m'avance vers Ellie. Elle est accroupie à l'entrée du motel, près de la route. Elle tiens quelque chose dans sa main.
- Qu'est ce que c'est ? Lui demandai-je.
- C'est le bracelet de Dina. Il est cassé. C'est son bracelet porte bonheur, elle ne partirait jamais sans.

Elle l'a peut être perdu, mais Ellie me fait savoir que ce bracelet en cuir est très résistant, et qu'elle le portait depuis des années. Elle ne l'aurait pas laissé tomber sans une bonne raison...
C'est une très mauvaise nouvelle. Je commence à m'imaginer le pire, pensant déjà que nous allons la retrouver pendue à un arbre, ou encore en plusieurs morceaux.
Ellie se rend compte que je me met à paniquer et pose une main sur mon épaule.
- Y/n... Je te laisse le bénéfice du doute, parce que tu m'as sauvée il y a deux jours. Mais j'ai besoin de garder un oeil sur toi à présent. Tu comprends, malgré tout, tu restes nouvelle parmi nous et tu étais une chasseuse avant.

Je comprend sa méfiance, mais je suis quand même en colère de cette révélation. J'ai l'impression que même avec tout les efforts du monde, je ne serais jamais assez digne de confiance à cause d'événements qui ont eu lieu malgré moi.
Les larmes montent à mes yeux et je décide de partir faire un tour autour du motel pour chercher des traces de Dina.

Lorsque je suis assez loin des autres, je m'accroupis près d'un mur et je fond en larmes. J'en ai plus que marre de devoir faire deux fois plus d'efforts que tout le monde. J'ai vraiment essayé d'être la personne qu'ils voulaient, mais je n'y arrive pas.

- Par ici...

Je lève la tête. D'où venait cette voix ?
Par réflexe, je me cache derrière le vieux mur délabré sur lequel j'étais adossée.
Je vois alors cinq hommes armés jusqu'aux dents avancer dans ma direction.

Qui sont ces gens ? Et si ils avaient quelque chose à voir avec la disparition de Dina ? Il faut que je prévienne les autres ! Mais ils sont bien trop loin, je me suis beaucoup éloignée... Tout ce que je peux faire, c'est rester ici sans faire de bruit en priant pour que les autres ne se fassent pas remarquer.
Peut être que je pourrais apprendre si ce sont ces gens qui ont enlevés Dina.

- T'es sûr que c'était là ?
- Un peu, oui ! Regarde là bas, c'est le motel où on l'a trouvé cette nuit !
- Putain, t'as une bonne vue mec, je vois rien du tout...

Mon sang ne fait qu'un tour.
J'avais raison. Ces gens ont kidnappés Dina cette nuit à l'entrée du motel.
Pourquoi ils ont fait ça ? Ça me paraît complètement insensé. À Pittsburgh, on tuait les gens qu'on voyait pour prendre ce qu'ils possédaient. S'ils ne l'ont pas tué, alors ils doivent avoir un autre but que celui des chasseurs. Mes parents m'ont souvent parlé de gens de l'extérieur qui utilisaient les vagabonds comme une ressource. Ils pensaient que ces gens en kidnappaient d'autres soit pour les manger en temps de grand froid, soit en tant qu'infectés pour se protéger des autres groupes. Ils m'avaient également parlé de certains groupes au Canada qui utilisaient les vagabonds comme des esclaves pour récolter, planter, nettoyer les infectés et toutes autres tâches ingrates. Je ne peux pas laisser faire ça.

Tout d'un coup, Pittsburgh me parut être un endroit plutôt sain comparé à ce que font d'autres personnes dans le monde pour survivre.

Je me faufilai derrière eux pour essayer de les contourner et arriver au motel avant eux. Malheureusement, la route est trop dégagée et je me ferais voir très rapidement.
Je n'ai plus qu'à espérer qu'Ellie et les autres entendent leur voix et comprennent ce qu'il se passe.
Soudain, je sens une main se poser sur mon épaule.
Rapidement, j'attrape le couteau dans ma poche et je me retourne tellement vite que la personne se retrouve collée au mur, le couteau sous la gorge.

- Calme toi, c'est moi, me souffle Ellie.
Je me détend et remet le couteau dans ma poche en soupirant.
- Qu'est ce que tu fais là ? Lui demandai-je en essayant de faire le moins de bruit possible.
- Je t'ai suivi, bien sûr... Je t'avais dit que je garderais un oeil sur toi...

Nous nous retournons pour faire toutes les deux face aux étrangers qui avancent toujours dangereusement du motel.

- Il faut qu'on fasse quelque chose, je dis à Ellie.
- Je sais.

Nous réfléchissons un instant. Chaque action que nous ferons à présent déterminera peut être la vie de nos amis.
- J'ai une idée, soufflai-je.

Ce n'est sûrement pas la meilleure idée, mais c'est la seule qui me vienne à l'esprit actuellement.
- Qu'est ce que tu vas faire ?
Je ne lui répond pas car je sais qu'elle va essayer de m'en empêcher.

Avant qu'elle ne comprenne quoi que ce soit, je me jette sur la route en essayant de faire le plus de bruit possible.
- Fais chier ! Criai-je.

Les hommes se retournent vers moi avec des airs hébétés. L'un d'eux pointe son pistolet sur moi et hurle "putain c'est quoi ce bordel !!" Mais il n'a pas le temps de faire quoi que ce soit car je suis déjà derrière un autre bâtiment.
Je regarde brièvement et me rend compte que les hommes me suivent toujours. Parfait. Si Ellie a bien compris mon plan, elle doit déjà courir vers le motel.

À bout de souffle, je perçois une entrée vers la forêt à cinquante mètres devant moi. Malheureusement, il n'y a plus de bâtiment où se cacher avant d'y arriver. Ça veut dire que je vais devoir courir vite. Malgré mon souffle coupé et mon coeur qui bat ma poitrine, je me lance en avant. Derrière moi, j'entends des hurlements, puis des coups de feu. Le deuxième s'écrase dans l'herbe juste à côté de moi, ce qui me fait sursauter ; mais je me remet vite en route. Plus que vingt mètres...
Dans un dernier élan, je rentre dans la forêt et je me cache dans les fourrées, essayant de reprendre mon souffle. Je ne sens plus mes jambes et mes poumons me font souffrir, mais il faut que je continue de suivre mon plan à la lettre.
J'essaye de calmer ma respiration et je me cache derrière un arbre assez loin de l'entrée. Si j'avais eu un arc, j'aurais pu me cacher dans un arbre et tuer ces idiots un par un...

Soudain, j'entend des bruits de pas sur les branches sèches à l'entrée du bois.
J'essuie mes mains moites dans mon jean et j'attrape le couteau dans ma poche.

Je vais pouvoir attaquer la deuxième partie de mon plan.

Le Dernier EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant